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À La Une - Révolte

La Syrie promise à l'enfer sans négociations, avertit Brahimi

Assaut rebelle contre un camp militaire du nord ; la compagnie syrienne annule un vol Le Caire-Alep.

Un rebelle syrien lors d'un raid de l'armée syrienne contre la ville d'Aazaz, dans le nord. Ahmed Jadallah/

L'émissaire international Lakhdar Brahimi a entamé samedi à Moscou des discussions avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, qui accentue la pression sur le président syrien Bachar el-Assad pour qu'il négocie avec les rebelles.

 

"La Russie estime qu'une solution politique pour régler le conflit en Syrie est encore possible", a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse commune à Moscou. Et d'ajouter : "Nous sommes unanimes pour dire que les chances d'atteindre une solution politique existent toujours."

Cependant, le chef de la diplomatie russe a estimé que le départ du président syrien était impossible. "M. Assad a dit à maintes reprises qu'il n'avait l'intention d'aller nulle part, qu'il resterait à son poste jusqu'au bout (...). Il n'est pas possible de changer cette position".
De son côté, l'émissaire international a prévenu que la Syrie est actuellement confrontée au choix "entre l'enfer et une solution politique".
"S'il faut choisir entre l'enfer et une solution politique, nous devons tous travailler sans relâche en vue d'une solution politique", a-t-il dit.

 

Vendredi, M. Lavrov avait déclaré que la rencontre avec M. Brahimi doit permettre à la Russie d'avoir "une vue d'ensemble, avec les points de vue des deux parties" dans le conflit en Syrie.

M. Brahimi, qui avait souhaité lui-même ces consultations, arrive en Russie directement après ses négociations à Damas avec le président Bachar el-Assad et l'opposition syrienne.

(Lire aussi l'article de Khalil Fleyhane: La crise en Syrie, l’initiative iranienne et l’absolu mutisme de Beyrouth...)

Seule grande puissance aux relations étroites avec le régime syrien, la Russie a appelé cette semaine à "des initiatives énergiques et déterminées pour faire cesser le bain de sang" en Syrie et a multiplié les contacts ces derniers jours.

Le pays a accueilli cette semaine un vice-ministre des Affaires étrangères syrien, Fayçal Mokdad, puis vendredi le chef de la diplomatie égyptienne, Mohamed Amr.

M. Lavrov avait appelé vendredi le président Bachar el-Assad à faire le "maximum" pour concrétiser ses intentions de dialoguer avec l'opposition.

La diplomatie russe a elle même invité le chef de la Coalition de l'opposition syrienne, Moaz El-Khatib, pour des négociations en vue d'un règlement du conflit. Mais M. Khatib a fermement rejeté cette initiative, en réclamant des excuses de la Russie pour sa position par rapport au conflit.

"Nous avons dit clairement que nous n'irions pas à Moscou (...)", a-t-il déclaré à la chaîne satellitaire Al-Jazeera basée au Qatar. M. Khatib a toutefois ajouté qu'il pourrait réexaminer sa décision si la Russie publiait un communiqué clair demandant le départ du président Bachar el-Assad et si elle condamnait les "massacres" commis par le régime.

M. Khatib a également posé comme condition que les négociations avec les Russes se déroulent "seulement dans un pays arabe" et avec un "ordre du jour clair".

Moscou a cependant proposé que la rencontre ait lieu hors de Russie, par exemple à Genève ou au Caire.

 

(Lire aussi : « Le Front al-Nosra a toujours été clair sur ses intentions : il veut un califat »)

 

Sur le terrain, les combats se poursuivent sans relâche: l'armée syrienne s'est emparée samedi d'un quartier de Homs, grande ville du centre du pays frappée par une grave crise humanitaire en raison du siège imposé à plusieurs quartiers, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

A l'ouest de la ville, surnommée par les militants antirégime la "capitale de révolution", des bombardements et des combats entre soldats et rebelles se déroulaient au Crac des Chevaliers, dont l'armée tente de reprendre le contrôle, selon l'Observatoire.

 

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), les rebelles ont lancé un assaut contre le camp militaire de Hamidiyeh, a indiqué cette ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins. Des combats ont éclaté entre l'armée et les insurgés, pour la plupart des membres du groupe jihadiste Front al-Nosra, dans ce camp où des fortes explosions ont été entendues.

"Plusieurs soldats de ce camp ont fait défection ces derniers jours et aujourd'hui, un groupe de militaires a rejoint la rébellion", a déclaré à l'AFP le président de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. "Les rebelles pourraient prendre ce camp très bientôt. Après ça, il leur sera plus facile de s'emparer de la base de Wadi Deif", a-t-il ajouté.

Hamidiyeh est situé à deux km au sud de Wadi Deif, l'une des dernières bases militaires encore aux mains de l'armée régulière dans le nord du pays.

 

Près d'Alep, qui était survolée par des chasseurs bombardiers, les combats continuent aux abords de l'aéroport militaire de Menagh, dans lequel les rebelles sont parvenus à pénétrer jeudi après des mois de siège.

 

La compagnie nationale SyriaAir a annulé samedi un vol entre Le Caire et Alep en raison de l'insécurité régnant aux abords de l'aéroport de la grande métropole du nord de la Syrie, ont annoncé les autorités aéroportuaires dans la capitale égyptienne.

Ce vol devait rallier Alep avant de continuer sur Damas, la capitale. Il a finalement desservi directement la capitale syrienne en évitant Alep après avoir attendu cinq heures.

 

(Lire aussi: « Notre mission ? Tuer par la parole »)

 

D'autres affrontements ont été observés près d'une raffinerie de pétrole de la province de Raqa (nord), où deux rebelles ont trouvé la mort, a ajouté la même source.

Dans la province de Deraa (sud), des dizaines de véhicules militaires assiégeaient Basr al-Harir, dont les rebelles viennent de prendre le contrôle après 48 heures de combats qui ont fait, selon l'OSDH, au moins dix morts parmi les rebelles et 12 dans les rangs de l'armée.

 

Le conflit en Syrie a fait plus de 45.000 morts en 21 mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).


Rétrospective : Syrie : Une année de larmes et de sang

Reportage:

Quand les rebelles déminent pour protéger les réfugiés

 

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