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Moyen Orient et Monde - Japon

Abe redevient Premier ministre, mais sans carte blanche

Le dirigeant conservateur japonais Shinzo Abe a été élu hier Premier ministre, suite à la victoire de son Parti libéral-démocrate (PLD) aux législatives il y a dix jours, prenant la tête d’un pays en récession auquel il entend redonner le moral. « Je veux produire des résultats dès que possible », a-t-il d’emblée déclaré lors d’une conférence de presse. Et d’assurer que l’ensemble du gouvernement allait travailler de toutes ses forces pour « le redressement économique et la reconstruction » du Nord-Est dévasté par le séisme et le tsunami de mars 2011. « C’est un gouvernement constitué pour surmonter la crise », a-t-il martelé.
M. Abe, qui occupa déjà le poste de chef du gouvernement une petite année (2006-2007), succède à Yoshihiko Noda, du Parti démocrate du Japon (PDJ, centre gauche), un retour qui met fin pour le PLD à une période d’opposition d’une durée inédite de trois ans. Mais, que ce soit en matière économique ou de diplomatie, les marges de manœuvre du septième Premier ministre du Japon en sept ans risquent d’être bien étroites. Shinzo Abe a certes gagné, mais son camp est conscient de la fragilité de cette victoire : l’abstention a atteint quelque 40 %, un record depuis la dernière guerre, et les Japonais ont plus sanctionné le pouvoir de centre gauche sortant qu’accordé une adhésion franche et massive au PLD.
Avouant ressentir la sévérité du regard des citoyens, M. Abe affirme cependant qu’il a gagné de nouvelles capacités depuis sa première expérience de Premier ministre.
Bien que durant sa campagne M. Abe ait surtout mis en avant son profil d’homme de droite et d’inflexible nationaliste, notamment en matière de politique étrangère, il arrive avec une autre priorité : l’économie. « Sans une économie forte, pas d’assainissement des finances possible ni d’avenir pour le Japon », a-t-il insisté, en indiquant qu’un important budget serait mis en œuvre rapidement pour aider le pays à lutter contre la déflation et la cherté du yen. Pour enrayer la lente descente de la troisième puissance économique du monde, Abe compte reprendre les recettes classiques de la droite nippone : grands travaux, planche à billets et emprunts à tout va. Une première rallonge budgétaire de quelque 100 milliards d’euros est prévue rapidement, afin notamment d’accélérer la reconstruction du Nord-Est dévasté par le tsunami de mars 2011 et de restaurer des infrastructures publiques vieillissantes.
M. Abe compte aussi prendre d’assaut la citadelle de la Banque centrale du Japon afin de la forcer à ouvrir ses coffres pour favoriser la relance et mettre fin à la mortelle déflation.
Pour redresser l’économie, le faucon Abe sait qu’il ne pourra pas se passer de ses voisins et clients, à commencer par la Chine avec laquelle les échanges commerciaux ont dépassé 340 milliards de dollars en 2011. Mais les relations ont tourné à l’aigre depuis quatre mois à cause d’un conflit territorial en mer de Chine orientale. Pékin clame vigoureusement sa souveraineté sur les îles Diaoyu, tandis que Tokyo, qui les administre sous le nom de Senkaku, n’entend pas en céder un pouce. Encore moins avec Shinzo Abe aux manettes.
Au nom de la realpolitik, Abe a décidé d’envoyer des émissaires à Pékin ainsi qu’en Corée du Sud, pays avec lequel Tokyo a également un conflit territorial.
M. Abe entend aussi renouer les liens distendus par le PDJ avec l’allié américain, car « l’alliance Japon-USA est le fondement de la diplomatie japonaise ».
Dernier paradoxe que Shinzo Abe devra habilement gérer : il prend la direction d’un pays majoritairement hostile au nucléaire depuis l’accident de Fukushima, alors qu’il serait plutôt enclin à oublier l’option zéro nucléaire de ses prédécesseurs et à redémarrer certains réacteurs à l’arrêt.
(Source : AFP)
Le dirigeant conservateur japonais Shinzo Abe a été élu hier Premier ministre, suite à la victoire de son Parti libéral-démocrate (PLD) aux législatives il y a dix jours, prenant la tête d’un pays en récession auquel il entend redonner le moral. « Je veux produire des résultats dès que possible », a-t-il d’emblée déclaré lors d’une conférence de presse. Et...
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