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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Nouveau suicide et amère désillusion chez les détenus de Guantanamo

Le suicide controversé d’un détenu de Guantanamo illustre l’amère désillusion de ces hommes enfermés depuis près de onze ans, sans inculpation ni procès, alors que débute le deuxième mandat du président Barack Obama qui avait promis de fermer leurs geôles.
Adnan Farhan Abdoul Latif, un Yéménite de 32 ans, a été retrouvé sans vie en septembre dans sa cellule de Guantanamo. Trois mois après sa mort, l’armée vient de conclure à un suicide, le septième de la prison, mais le NCIS, le service d’investigation criminelle de la marine, a ouvert une enquête, comme l’annonce le colonel Gregory Julian, porte-parole du commandement sud qui supervise Guantanamo. Car « trop de questions demeurent sans réponse », explique l’avocat du prisonnier décédé, David Remes. Comment le détenu, « mort d’une overdose de médicaments qu’il s’est auto-infligée » selon le résultat de l’autopsie, pouvait-il avoir autant de comprimés à sa disposition ? Et pourquoi un homme souffrant « d’une pneumonie aiguë, facteur ayant contribué à sa mort », était-il enfermé au quartier disciplinaire sans soins médicaux ? « Si c’était un suicide, c’était un suicide assisté », accuse l’avocat, « l’armée lui a donné les moyens de se tuer ». Selon lui, Latif avait « prédit que l’armée chercherait à le tuer sans laisser ses empreintes digitales » et d’autres détenus de Guantanamo ont rapporté avoir retrouvé des « ciseaux et des objets coupants dans leur cellule ».
Connu pour créer des difficultés aux autorités de la prison, il était au quartier disciplinaire pour avoir jeté de l’urine sur ses geôliers, Latif n’avait cependant jamais caché ses intentions suicidaires. « Qu’y a-t-il de pire que d’être en captivité depuis onze ans, sans que jamais on ne vous demande si vous êtes coupable ou non ? » interroge David Remes, parlant de « grande détresse » parmi les détenus, notamment chez les quinze Yéménites qu’il représente.
Un état d’esprit aggravé par la profonde désillusion née de la réélection du démocrate Barack Obama, qui n’a pas respecté sa promesse de candidat de fermer Guantanamo. « C’est terrible », s’exclame le lieutenant colonel Barry Wingard, avocat de trois détenus incarcérés sans charge, dont le Koweïtien Fayiz al-Kandari, qui a vu ses charges pour crime de guerre récemment abandonnées. « Je vois l’œil du diable chaque fois que je vais là-bas, confie-t-il, il n’y a rien de plus obscène dans un système judiciaire que de garder des innocents en prison. » « Que ferions-nous si la situation était inversée ? Si des Américains étaient enfermés depuis onze ans dans des cages comme des animaux, sans perspective de procès ? » Or, sur les 166 détenus encore incarcérés à Guantanamo, 55 ont reçu une « approbation pour transfert » de l’autorité militaire, tout comme Latif l’avait obtenue, mais ils ne sont pas libérés faute d’un endroit pour les accueillir.
Une quarantaine d’autres sont en « détention illimitée », sans inculpation ni procès, tant que l’armée considérera qu’ils représentent une menace. « Les hommes sont abasourdis d’être encore à Guantanamo une décennie plus tard. Ils sont très déprimés », observe David Remes. « Le président Obama doit absolument opposer son veto à la loi » autorisant la détention illimitée et « entravant gravement la perspective de fermer Guantanamo », exhorte Amnesty International.
Mais « il ne s’agit pas juste de changer de code postal » et de transférer les détenus de Guantanamo dans d’autres prisons, selon David Remes. « La question est de savoir si on va continuer à détenir des hommes sans les inculper. » « Être frappé en pleine face avec un gant de cuir revient au même que d’être frappé avec un gant de velours », renchérit Barry Wingard, rapportant les propos de son client : « (Le président républicain George W.) Bush au moins ne cachait pas ses intentions. »
(Source : AFP)
Le suicide controversé d’un détenu de Guantanamo illustre l’amère désillusion de ces hommes enfermés depuis près de onze ans, sans inculpation ni procès, alors que débute le deuxième mandat du président Barack Obama qui avait promis de fermer leurs geôles.Adnan Farhan Abdoul Latif, un Yéménite de 32 ans, a été retrouvé sans vie en septembre dans sa cellule de Guantanamo. Trois...
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