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À La Une - Liban

Tripoli : déploiement simultané de l'armée libanaise à Tebbaneh et Jabal Mohsen

Le Conseil national de sécurité viendra-t-il à bout des combats qui ont fait 19 morts depuis mardi dernier ?

Baroud d’honneur à l’arrivée du corps de Moustapha Alameddine, l’un des suppliciés de Tell Kalakh, hier, à Tripoli. La haine confessionnelle pourra-t-elle être jugulée ? Omar Ibrahim/Reuters

Comment freiner l’afflux d’armes et de munitions à Tripoli ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre hier le Conseil supérieur de défense réuni à Baabda sous la présidence du chef de l’État, en présence du Premier ministre, du commandant de l’armée, du chef des services de renseignements de l’armée au Nord et des ministres et chefs de services de sécurité concernés.


Les résolutions prises au cours de la réunion sont restées secrètes. Selon certaines indiscrétions, l’État a décidé de faire de Tripoli une « zone de sécurité » (et non une zone militaire) et de placer toutes les forces de sécurité sous le commandement de l’armée.


En soirée, M. Mikati affirmait qu’« un nouveau plan de sécurité » entrerait incessamment en vigueur dans la capitale du Liban-Nord. De fait, des renforts militaires substantiels sont arrivés dans la nuit à Tripoli et la troupe entamait un déploiement concomitant dans les deux zones de combat, ce qu’elle n’avait jamais fait complètement jusqu’à présent. Selon des sources de sécurité, les commandos de l’armée se sont déployés à Bab el-Tebbaneh tandis qu’une compagnie se déployait à Jabal Mohsen.


Parallèlement, le président Sleiman a informé le Conseil supérieur de défense qu’il va entamer des contacts avec toutes les parties présentes à Tripoli, dont les députés de la ville, qui ont l’oreille des groupes présents, pour tenter de réduire la tension. M. Sleiman a gardé ouvert les réunions du Conseil supérieur, dans l’espoir que les efforts intensifs déployés pour calmer le jeu portent leurs fruits.

Inquiétudes
En dépit de ces décisions, les responsables ne cachent pas, en privé, leurs inquiétudes. D’abord, les échanges armés entre le quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh et le quartier alaouite de Jabal Mohsen commençaient hier à déborder sur des rues plus centrales et commerçantes, comme les rues Azmi, Nadim el-Jisr et des églises. Ensuite, l’usage intensif des armes laissait croire que les combattants n’ont aucun souci pour leur approvisionnement en munitions.
Dans le même temps, l’inanité des combats éclatait aux yeux de tous. Les pertes en vies humaines et les dégâts de ces derniers jours sont catastrophiques pour Tripoli. Les écoles et branches universitaires de certains quartiers de Tripoli sont fermées depuis une semaine, ainsi que certaines zones commerçantes, en attendant la fin d’un combat fratricide qui n’a d’autre profondeur que la solidarité des uns et des autres avec les parties luttant pour le pouvoir en Syrie.

Combats nocturnes
De leur côté, les combattants des deux camps continuaient de s’épier, hier, dans les quartiers chauds de la ville, tandis qu’obus, mitrailleuses semi-lourdes et francs-tireurs fauchaient leur lot quotidien de victimes. Après une nuit meurtrière qui a fait au moins six morts et une quarantaine de blessés, selon les agences, les échanges de tirs sont retombés dans la journée. Selon l’AFP, chaque quartier a perdu trois hommes dans ces combats. À ce jour, ces combats, déclenchés mardi après le massacre de combattants sunnites libanais à Tell Kalakh, en Syrie, ont fait 19 morts dont deux enfants.
Dès la nuit tombée, des explosions étaient entendues, laissant présager d’un nouveau round de combats. En début de soirée, la tension y était de nouveau très vive. À 22h, un obus qui s’abattait quartier des Américains blessait cinq militaires.

Contacts
Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, s’est rendu samedi à Tripoli, pour tenter de faire entendre raison aux combattants. À partir du Sérail, M. Charbel devait affirmer que les pertes auraient pu être beaucoup plus lourdes, à Tripoli, sans l’armée et les FSI.
M. Charbel a également invité le mufti de Tripoli, Malek Chaar, réfugié en France sur foi de renseignements indiquant que sa vie serait en danger au Liban, à rentrer quand même à Tripoli, où sa présence et ses appels à la modération sont précieux.


Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur s’est rendu au domicile du député Samir el-Jisr, où une réunion élargie de tous les députés du courant du Futur s’était tenue. Dans un communiqué, les parlementaires ont fait assumer à l’État la responsabilité de la persistance des combats dans la ville, affirmant que « la sécurité à l’amiable » est « pure chimère » et qu’au contraire, elle pave la voie à un surcroît de combats.
« Nous sommes disposés à ne plus couvrir politiquement les combattants de Bab el-Tebbaneh, à condition que le plan de ramassage des armes soit appliqué à tous », a dit M. Khaled Zahraman. Sous-entendu à Jabal Mohsen.
Pour sa part, M. Saad Hariri a lancé un appel à l’apaisement et au sang froid, à l’adresse des groupes sunnites qui se battent à Bab el-Tebbaneh.


Parallèlement, le chef de la communauté alaouite, cheikh Assad Assi, a réaffirmé son allégeance absolue au chef du parti arabe démocratique, Ali Eid, et jugé impensable que certains réclament son départ de Jabal Mohsen.

 

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