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Culture - Livres

L’aigle perché en haut du cèdre

Marzena Zielinska-Schemaly présente son premier ouvrage sur un sujet captivant et inattendu : la présence polonaise au Liban.

Aux éditions Dar an-Nahar, l’auteure polonaise installée au Liban depuis bientôt dix ans propose un ouvrage novateur intitulé Le Cèdre et l’Aigle, les Polonais au Liban, une coexistence singulière. D’emblée, l’intérêt du sujet est donc dévoilé : la singularité de cette présence
polonaise.
En effet, l’habitant lambda du Liban, comme nous le sommes tous, peut s’étonner de la nécessité d’écrire sur ce sujet. Il y a des Polonais au Liban, tout comme d’autres nationalités peuplent cette terre d’accueil aux forts accents cosmopolites. Cependant, les échanges nés de cette arrivée, «l’interculturalité» issue de cet exil, comme le nomme Antoine Messarra dans la préface du livre, sont tels qu’il en est devenu un sujet particulièrement attirant.
À travers ce travail à l’aspect universitaire, fruit d’importantes recherches et de nombreux témoignages, Marzena Zielinska-Schemaly retrouve tous les aspects de cette «interculturalité» forte de plusieurs siècles. L’ouvrage retrace les relations entre ces deux peuples depuis le XVIe siècle, depuis les premiers missionnaires qui précédèrent les voyages romantiques vers ce fascinant Orient. Mais avant tout, l’auteure s’appesantit particulièrement sur les interactions des années 1940 et 1950, celles qui laissèrent cette empreinte contemporaine prégnante et ces générations à la double identité. Dans le tumulte de la guerre, qui a fait tant de tort à la Pologne, le Liban a joué un rôle très important de refuge, d’ami, d’accueil, pour lequel les Polonais restent très reconnaissants.
Cette présentation s’appuie sur de nombreuses figures, des personnages importants qui symbolisent l’idée de l’auteur et permettent de rendre un bel hommage à ces grands hommes. Émaillé de documents, lithographies, photographies, dessins, ce livre aéré permet une réelle contextualisation des événements.
La structure rigide, efficace de l’ouvrage permet une rigueur nécessaire pour aborder autant l’histoire, la sociologie que l’aspect juridique ou artistique des interactions entre les deux peuples. Et, de la même façon, la segmentation du récit permet une lecture par petites tranches, plus légère. Ces deux faces de l’ouvrage offrent une certaine pénétration qui en fait un condensé d’informations, une œuvre instructive, mais qui peut aussi être lue comme un roman dans la mesure où il narre, chronologiquement, l’histoire d’un peuple comme celle d’un personnage principal et fait passer le lecteur par de nombreuses émotions.
Émotions souvent confuses entre les atrocités de la guerre, qui ont amené pourtant de nombreux Polonais à connaître d’heureuses années au Liban. Cette alternance de sensations fortes fait prendre conscience du refuge salvateur que le Liban a été et qui est à la source de la singularité de cette coexistence. Singularité redoublée par la population venue au Liban, constituée en majeure partie de personnes cultivées qui ont laissé derrière elles autant de pensées et de poèmes que de réalisations. L’auteure trace le portrait d’un exilé comme étant «fier de ses origines, honnête, cultivé, actif, ouvert au pays d’accueil», cependant elle cite le Pr Koscialkowski pour rajouter: «Car bien que les Polonais aient des défauts variés, cela n’empêche pas qu’ils aient des vertus: la reconnaissance n’en est pas la moindre.»
Bien sûr la coexistence ne fut pas sans embûches, sans xénophobie. Mais les désagréments ne sont pas comparables aux atouts de cet accueil, toujours relevé avec compliment par l’auteure et les témoins. On perçoit d’ailleurs facilement une certaine sensibilité à son sujet, mais toujours bien maîtrisée pour ne pas biaiser l’étude. L’écriture tente donc de se faire neutre, ou reste en tout cas sans prétention, d’un dépouillement parfois excessif, mais relevée toujours par des citations opportunes et souvent très belles de discours, de témoignages ou de journaux de l’époque.
L’ouvrage constitue donc une référence en la matière, un point de départ très solide dans l’étude historique et mémorielle de cette période particulière, en ce qu’il trouve un bel équilibre entre l’étude scientifique et l’ouvrage à grand public. Il propose de nombreuses références pour approfondir le sujet et suffisamment de renseignements pour s’intéresser un moment à cette page d’histoire oubliée et pourtant ô combien importante, pour la Pologne, bien sûr, mais aussi pour le Liban qui s’est nettement enrichi de cette présence par bien des aspects, politiques, artistiques, ou simplement humains.
Aux éditions Dar an-Nahar, l’auteure polonaise installée au Liban depuis bientôt dix ans propose un ouvrage novateur intitulé Le Cèdre et l’Aigle, les Polonais au Liban, une coexistence singulière. D’emblée, l’intérêt du sujet est donc dévoilé : la singularité de cette présence polonaise.En effet, l’habitant lambda du Liban, comme nous le sommes tous, peut s’étonner de...

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