Une fois n'est pas coutume, un film libanais n'est pas dans le collimateur de la censure. "My Last Valentine in Beirut", de Sélim el-Turk, est toutefois dans celui de la justice. Le censeur, cette fois-ci, est l'Ordre des infirmiers qui a porté plainte contre le film pour "offense au métier".
Ce premier film libanais et arabe tourné en 3D, actuellement en salles, est interdit aux mineurs. Il raconte l'histoire de Juliette, une jeune femme dévergondée qui devient une prostituée mal traitée par ses clients. Juliette, qui vit avec sa mère handicapée, rencontre un réalisateur qui lui propose de filmer sa vie en mettant des caméras dans sa maison.
Une scène du film montre un barbier-chauffeur de taxi, épris de Juliette, qui se lance dans une longue tirade devant un de ses clients, chantant les louanges de la femme qu'il prend pour une infirmière...
L'Ordre des infirmiers a vu dans cette scène en particulier une offense au métier, et dans le film en général une atteinte aux bonnes mœurs, exigeant dans leur plainte son retrait des salles ainsi que la somme de 100.000 dollars au titre de dommages et intérêts, a-t-on appris de bonne source.
Sélim el-Turk, lui, n'en revient pas. "Ce film bénéficiait de l'autorisation de la Sûreté générale, j'étais supposé +être en règle+", dénonce le réalisateur contacté par lorientlejour.com. Assurant avoir été interrogé pendant plusieurs heures mercredi dans un commissariat de Beyrouth, il explique que le juge décidera s'il donnera suite ou non à la plainte. "C'est comme si le tribunal allait trancher entre l'Ordre et la Sûreté générale", se moque le réalisateur. "Tout ceci n'est pas de l'art. C'est dommage que cela arrive au cinéma libanais", déclare-t-il, se disant désolé que le film soit un sujet d'actualité dans les médias non pour les techniques avancées utilisées lors de son tournage, mais pour des "ragots".
En guise de soutien au film, une nouvelle page Facebook "My Last Valentine in Beirut does not offend any profession" a été créée. Sur Twitter, les internautes, eux, ne cachent pas leur colère.
Ce n'est pas la première fois que des œuvres cinématographiques libanaises font face à des problème de censure.
En mai dernier, le film "Tannoura Maxi" du réalisateur libanais Joe Bou Eid a été brièvement interdit après le refus des producteurs de couper deux scènes du film "portant atteinte à des lieux saints chrétiens", selon une demande déposée par le Centre catholique d’information (CCI) auprès de la Sûreté générale. Quelques jours plus tard, le film a été de retour dans les salles après modifications des deux scènes "controversées".
Le dernier film en date à avoir été censuré est "Beirut Hotel", le 3e long métrage de la réalisatrice franco-libanaise Danielle Arbid. Le film avait été interdit de diffusion en salles en janvier 2012 par le bureau de censure de la Sûreté générale en raison des références dans le film à l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, en 2005.
En avril dernier, Sabine Sidawi, responsable d’Orjouan Productions, et Danielle Arbid ont intenté un procès contre l’État libanais. Une "première" en soi pour toutes les affaires classées de la censure.
Pour mémoire:
Église vs film turc : au Liban, la censure, encore une fois
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commentaires (3)
Même les INFIRMIÈRES deviennent conservatrices au Liban !!!!!!!!!!!!!!!
ANATOLE VASILIS
11 h 39, le 30 novembre 2012