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À La Une - egypte

Morsi souligne que ses pouvoirs élargis sont temporaires

Manifestations de soutien au président islamiste à travers le pays.

Les manifestations contre le président islamiste Mohamed Morsi se poursuivent au Caire. AFP PHOTO/MAHMOUD KHALED

Le président égyptien Mohamed Morsi a souligné dans un communiqué dimanche soir que les pouvoirs élargis qu'il s'est attribué par décret étaient "temporaires", appelant à un "dialogue démocratique".

 

Ce décret présidentiel a déclenché la première crise majeure en Egypte depuis l'élection en juin de M. Morsi, devenu le premier président islamiste et civil du pays seize mois après la chute en février 2011 du président Hosni Moubarak, chassé par une révolte populaire.

Les détracteurs du président l'accusent de se comporter, comme son prédécesseur, en "pharaon" et de mettre en péril les acquis de la révolution et l'indépendance du pouvoir judiciaire.

 

"La présidence réaffirme la nature temporaire de ces mesures, qui ne sont pas destinées à concentrer tous les pouvoirs mais au contraire à les remettre à un Parlement démocratiquement élu", selon le communiqué.

Par ce communiqué, la présidence justifie la "déclaration constitutionnelle" du 22 novembre par laquelle M. Morsi s'est doté de larges pouvoirs, rendant notamment ses décisions inattaquables devant la justice.

 

Face à l'insistance des responsables islamistes, au cours des dernières 48 heures, sur la nature "temporaire" des pouvoirs élargis du chef de l’État, les partis et mouvements d'opposition ont affirmé à plusieurs reprises qu'"il n'y pas de dictature temporaire".

 

Dans son communiqué, la présidence a souligné que l'élargissement de ses pouvoirs était nécessaire pour "éviter toute tentative de mettre en cause ou de faire disparaître deux institutions élues démocratiquement, la Haute chambre du Parlement et l'Assemblée constituante".

Dans son décret, M. Morsi a notamment décidé qu'aucune instance judiciaire ne pouvait dissoudre la commission chargée de rédiger la future Constitution, critiquée en raison de la prédominance des islamistes. Sa composition fait l'objet d'un recours devant la Haute cour constitutionnelle.

 

La présidence a également souligné "son engagement ferme à inviter toutes les forces politiques au dialogue démocratique ouvert à tous afin (...) d'obtenir un consensus national sur la Constitution, qui sera la pierre angulaire des institutions égyptiennes modernes".

La présidence, qui avait évoqué dans son décret la possibilité d'ouvrir de nouvelles enquêtes et procès sur les meurtres de manifestants durant la révolution qui a entraîné la chute de Moubarak, a de nouveau évoqué la nécessité de "protéger le droit des martyrs et des victimes";

"Cette déclaration est nécessaire pour s'assurer que ceux qui se sont rendus coupables de corruption et d'autres crimes sous le régime précédent et pendant la période transitoire rendent des comptes", écrit-elle encore.

 

M. Morsi, engagé dans une épreuve de force avec le pouvoir judiciaire, doit rencontrer lundi les membres du Haut conseil de la magistrature, avec lequel le ministre de la Justice Ahmed Mekki a eu une première réunion dimanche, selon le porte-parole du président, Yasser Ali.

 

Prenant la tête du mouvement de contestation, le Club des juges a dénoncé une "attaque sans précédent contre les jugements du pouvoir judiciaire" et appelé à une grève des tribunaux du pays, qui a déjà débuté à Alexandrie.

Selon le juge Issam al-Tobgi, les "assemblées générales" des tribunaux dans chacune des 27 provinces, à l'exception de celles d'Alexandrie et Beheira (nord) qui ont déjà annoncé un arrêt de travail, ont entamé des réunions pour décider de suivre ou non l'appel à la grève.
Le juge a expliqué à l'AFP que le résultat dépendrait "de l'allégeance ou non des membres de ces assemblées au ministre de la Justice" nommé par M. Morsi, qui cumule déjà pouvoir exécutif et législatif, l'Assemblée ayant été dissoute avant son élection.

 

A Alexandrie, deuxième ville du pays, et dans la province voisine de Beheira, les juges ont exigé "l'annulation" de la "déclaration constitutionnelle" avant de reprendre le travail.

 

Répondant à l'appel des Frères musulmans, dont est issu le président, des centaines de partisans du président Morsi ont manifesté dimanche devant les mosquées au Caire et dans différentes provinces du pays.

Les islamistes ont aussi appelé à une manifestation massive dans le centre du Caire mardi, le lieu de rassemblement initialement prévu a été modifié, dans une apparente tentative de rester éloigné de la place Tahrir où les opposants au président prévoient un grand rassemblement le même jour.

Pour justifier l'action de M. Morsi, son camp argue que le pouvoir judiciaire - au sein duquel nombre des juges ont été nommés sous Moubarak - a cherché à bloquer la rédaction d'une Constitution par des procédures contre la composition de la commission constituante.
Le président a alors décidé de prendre les choses en main pour permettre à cette assemblée dominée par les islamistes de faire son travail afin qu'une nouvelle Constitution puisse être rapidement soumise à référendum avant la tenue de nouvelles élections législatives, expliquent ses partisans.
Ils rappellent que les nouvelles prérogatives prendront fin dès que la nouvelle Constitution aura été adoptée. Le président a donné à la commission constituante un nouveau délai de deux mois, jusqu'en février, pour finir ses travaux.


Sur le terrain, un jeune islamiste a été tué dimanche dans des heurts devant le siège des Frères musulmans dans la ville Damanhour, au sud d'Alexandrie, a annoncé à l'AFP un dirigeant islamiste, Jamal Hichmat. Des témoins ont affirmé que ces heurts avaient opposé partisans et opposants du président islamiste Mohamed Morsi, qui manifestaient après les mesures qu'il a prises pour renforcer ses pouvoirs.

Il s'agit du premier mort depuis que le président égyptien s'est doté le 22 novembre de pouvoirs élargis.

 

Au Caire, le sit-in entamé vendredi soir par des militants laïcs et libéraux se poursuivait sur la place Tahrir, où une trentaine de tentes ont été érigées, pour protester contre le président.
La circulation était toujours interdite sur cet important axe routier aux abords duquel se trouvait un petit nombre de manifestants.
Dans la grande rue Qasr al-Eini, adjacente de la place, les forces de sécurité ont commencé à construire un "mur" pour empêcher les protestataires de s'approcher des bâtiments officiels et éviter les affrontements, selon des témoins.


Ebranlée par cette crise qui divise le pays, la Bourse du Caire a chuté de de 9,59%, le principal indice, l'EGX-30, clôturant à 4.917,73 points.


Les États-Unis et l'Europe ont exprimé vendredi leur inquiétude quant aux décisions de M. Morsi et l'ambassade des États-Unis a demandé à ses employés d'éviter le métro du Caire et à ses ressortissants de s'abstenir de se rendre dans les lieux de rassemblements, susceptibles de dégénérer.

Le président égyptien Mohamed Morsi a souligné dans un communiqué dimanche soir que les pouvoirs élargis qu'il s'est attribué par décret étaient "temporaires", appelant à un "dialogue démocratique".
 
Ce décret présidentiel a déclenché la première crise majeure en Egypte depuis l'élection en juin de M. Morsi, devenu le premier président islamiste et civil du pays...

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