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Économie - France

Jusqu’au bout, Paris a espéré échapper à la sanction de Moody’s

Gouvernement et opposition se renvoient la balle sur la baisse du triple A.
Jusqu’au bout, le gouvernement a espéré échapper à la sanction de Moody’s, grâce à son budget de rigueur et son « pacte de compétitivité », mais l’agence de notation a fini par priver malgré tout la France de son « triple A ».
« Je prends acte de cette décision, même si je la déplore », a déclaré hier le ministre des Finances Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse très matinale à Bercy. La veille au soir, l’agence d’évaluation financière a rétrogradé la dette publique française d’un cran, lui retirant la distinction d’excellence AAA pour lui attribuer la note AA1. Assortie, qui plus est, d’une perspective négative, ce qui signifie qu’elle pourrait encore être abaissée à moyen terme.
Après la dégradation de Standard and Poor’s, le 13 janvier, et celle de Moody’s, la France ne bénéficie plus d’un « triple A » qu’auprès d’une grande agence de notation internationale, à savoir Fitch. Moody’s a justifié sa décision par les « défis » structurels auxquels est confrontée l’économie française, jugeant les réformes annoncées pour restaurer sa compétitivité encore insuffisantes et doutant de la capacité du gouvernement à les mettre en œuvre. L’agence redoute aussi un dérapage budgétaire dû à une croissance en panne. « Certaines critiques sont trop fortes ou arrivent à contretemps », a regretté Pierre Moscovici. « J’aurais préféré qu’on salue davantage les décisions qui sont prises, courageuses et sans précédent », a-t-il expliqué.
Le ministre assure avoir eu la « sensation », lors d’échanges qu’il avait eus mi-octobre, que les agences de notation laisseraient plus de temps au gouvernement socialiste pour mettre en place sa politique. De fait, le Trésor, toute-puissante direction de Bercy, pensait que la France ne serait pas dégradée pour l’instant, reconnaît une source proche du dossier. « Ce n’est pas une bonne nouvelle », dit-elle.
« Avec les agences de notation, c’est toujours un peu le loto », peste un autre responsable. Selon lui, la perte du « triple A » n’est pas totalement une « surprise », mais n’était pas non plus « une évidence », car Moody’s « aurait pu attendre de voir ce que notre politique donnait ». Certains économistes pensent aussi que l’agence n’a pas forcément pris en compte les négociations en cours. « Le gouvernement français semble être fin prêt à avancer », notent les analystes de la banque Barclays, se référant notamment aux pourparlers sur le marché du travail entre syndicat et patronat. « Malheureusement pour les plus impatients d’entre nous, les négociations, cela prend du temps » mais elles peuvent déboucher sur de meilleurs résultats que des réformes unilatérales, ajoutent-ils.
Le gouvernement et l’opposition français se sont renvoyé hier la responsabilité de la perte du « triple A ». Fraîchement élu à la présidence de l’UMP, Jean-François Copé a refusé de porter seul le chapeau. « La vérité, c’est que la gauche porte clairement une part importante de responsabilité dans cette dégradation », a-t-il déclaré, parlant d’« une mauvaise nouvelle pour notre pays ». L’ancien ministre UMP de l’Économie, François Baroin, a pour sa part estimé que la France ne pouvait « pas faire l’économie de réformes structurelles ». Regrettant que Moody’s n’ait pas été sensible à l’annonce du pacte de compétitivité le 6 novembre par le gouvernement, le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, a de son côté insisté sur le fait que « si cette agence ne l’a pas vu, il semble que les investisseurs, eux, l’ont vu, puisqu’on constate que les conditions auxquelles on prête à la France, non seulement ne se dégradent pas mais s’améliorent ».
Pour sa part, la présidente du FN, Marine Le Pen, a renvoyé dos à dos la gauche et la droite. « La perte du triple A est la démonstration que la politique qui est menée par le PS ne diffère en rien, en réalité, de celle qui était menée par Nicolas Sarkozy », a-t-elle affirmé. Au Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon y a vu une « agression sans fondement contre notre pays ».

(Source : AFP)
Jusqu’au bout, le gouvernement a espéré échapper à la sanction de Moody’s, grâce à son budget de rigueur et son « pacte de compétitivité », mais l’agence de notation a fini par priver malgré tout la France de son « triple A ».« Je prends acte de cette décision, même si je la déplore », a déclaré hier le ministre des Finances Pierre Moscovici, lors...

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