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Culture - Exposition

L’âge de raison d’un peintre

La galerie Pièce unique (Saifi Village) a clos l’exposition de Raffi Yedalian, introspection aboutie d’un artiste prometteur.

Raffi Yedalian et sa toile « Coexistence ».

Quelle difficulté de vouloir donner un aperçu de la vie, ou plutôt Glimpse of Life, un coup d’œil sur la vie, la prise, l’immortalisation de moments, de mémoires d’une vie. Pourtant l’artiste libano-arménien Raffi Yedalian semble l’avoir fait avec un certain talent dans cette exposition.
À travers des visages, de très nombreux visages disséminés dans la galerie, le peintre de 39 ans veut peindre ce qu’il voit et ceux qui voient, des regards, des yeux partout. Des regards noirs, presque accusateurs, alternent avec des regards vides « ceux qui ne voient pas, ou ne veulent pas voir », explique l’artiste, et se ponctuent du regard plus familier des femmes ou des enfants. C’est la vie, les sentiments se relayent, changent, tout comme l’entourage, l’homme est seul sur ce tableau, en couple sur la toile suivante, avec une autre femme encore, puis finalement avec un enfant, une famille. Puis il y aura la fameuse Diversity, ou encore la Coexistence, qui montre la foule, les semblables, dans leurs différences et leur vivre-ensemble.
Le peintre affiche ses environnements, ses mémoires, ses « milieux », comme il dit, pour présenter une vie, au hasard, une ville, parmi d’autres. Dans cet anonymat contrastant avec l’intimité de sa peinture, Raffi Yedalian garde toujours sa ligne « du sol au ciel », cette verticalité présente dans toutes ses toiles, sa part de mysticisme, sa volonté d’élévation qui fait l’empreinte très appréciable de l’exposition.
Cette verticalité fait couler les œuvres, fait croire à un dessin spontané né d’une simple coulure. Les compositions sont donc aérées, essentielles et parfois semblables dans le but réussi de donner une cohérence à l’ensemble. À l’image des peintures, les sculptures gardent cette finesse, cette légèreté, tout en intégrant un grand nombre de détails, une texture travaillée par des éraflures sur le bronze. La grâce particulière de la Libération, jouant sur des structures géométriques, obstacles et buts de l’homme, rappelle l’importance des lignes de l’ensemble des œuvres de Raffi Yedalian.
Les toiles varient aussi avec des symboles, une Ève et sa pomme, une femme et son violoncelle. La musique et les femmes rythment cette vie d’homme, la pimentent, lui donnent ce mouvement que l’on retrouve dans la peinture très agitée et pleine de détails de l’artiste, qui gratte systématiquement sa peinture, trace ses petites formes caractéristiques. Il avoue sa peinture « agressive » dans ce que le terme accepte de plus vivant, de plus remuant.
L’utilisation de couleurs froides pour la plupart des toiles phares de l’exposition, tout comme l’intimité des mémoires représentées, montre la maturité du peintre. Abandonnant les couleurs chaudes il y a trois ans, l’artiste est passé à une représentation plus sereine d’une réalité tranquillisée, d’un caractère déterminé, d’une binationalité assumée. Raffi Yedalian a l’humble fierté d’un aboutissement, d’une véritable rencontre artistique. Il est pour autant plus au sommet de son être que de son art, avec pour perspective d’autres compositions encore
bien inspirées.

 C. Ko.
Quelle difficulté de vouloir donner un aperçu de la vie, ou plutôt Glimpse of Life, un coup d’œil sur la vie, la prise, l’immortalisation de moments, de mémoires d’une vie. Pourtant l’artiste libano-arménien Raffi Yedalian semble l’avoir fait avec un certain talent dans cette exposition.À travers des visages, de très nombreux visages disséminés dans la galerie, le...

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