Le gouvernement israélien a autorisé vendredi soir la mobilisation de 75.000 réservistes de l'armée dans le cadre de son opération contre les groupes armés palestiniens de Gaza, a annoncé la télévision israélienne.
Cette décision a été prise à l'issue d'une réunion à Tel Aviv du cabinet de sécurité du gouvernement Netanyahu, constitué des neuf principaux ministres, a précisé la deuxième chaîne de télévision. Le secrétaire du gouvernement israélien, Zvi Hauser, avait auparavant indiqué avoir mené des consultations téléphoniques avec les principaux ministres pour obtenir ce feu vert.
L'armée israélienne a poursuivi ses raids aériens sur l'enclave palestinienne mais a aussi bloqué toutes les routes principales autour de Gaza près de laquelle se massaient des transports de troupes blindés et des bulldozers, en prévision d'une éventuelle offensive terrestre contre l'enclave palestinienne.
Dans une nouvelle escalade, le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a lancé une roquette qui est tombée, sans faire de victime, dans une zone inhabitée à cinq kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, selon la police israélienne.
C'est la première fois dans l'histoire du conflit israélo-palestinien qu'une roquette tirée de Gaza tombe près de la Ville Sainte, coeur politique d'Israël à environ 65 km de l'enclave palestinienne.
A Gaza, la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a revendiqué le tir sur Jérusalem. "Nous avons bombardé Jérusalem occupée avec une roquette M75 mise au point par al-Qassam", a-t-elle écrit dans un communiqué.
Depuis jeudi, trois roquettes ont été tirées contre Tel-Aviv, la ville économique du pays plus au nord, dont deux sont tombées en mer.
Dans la bande de Gaza, un territoire exigu de 362 km2 pauvre et surpeuplé où Israël a lancé mercredi son offensive avec l'assassinat du chef militaire du Hamas Ahmed Jaabari, les frappes ont tué neuf Palestiniens vendredi, selon des sources médicales.
Au total, 29 Palestiniens ont péri dans quelque 500 raids israéliens, alors que trois Israéliens ont été tués par une roquette palestinienne dans le sud d'Israël, près de la bande de Gaza.
Depuis mercredi, 357 roquettes ont été tirées de Gaza sur Israël, dont 197 ont été interceptées par le système anti-missile "Iron Dome", selon un nouveau bilan de l'armée.
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Mobilisation israélienne
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en pleine campagne électorale, avait dit jeudi que son pays prendrait "toute action nécessaire" face aux roquettes de Gaza."L'aviation a mené l'essentiel des missions et nous avons enregistré des succès significatifs. L'armée est désormais prête à élargir l'opération", a déclaré pour sa part le ministre des Affaires stratégiques Moshé Yaalon.
Au début d'une réunion d'urgence de la direction palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie, le président palestinien Mahmoud Abbas a assuré que l'offensive israélienne n'arrêterait pas la demande d'élévation de la Palestine au statut d'Etat non membre de l'ONU, prévue le 29 novembre malgré l'opposition d'Israël.
Une antenne du ministère de l'Intérieur, à Gaza, après un raid israélien,
le 16 novembre 2012. AFP/MARCO LONGARI
Morsi dénonce l'offensive israélienne
Dans le même temps, le président égyptien Mohamed Morsi, dont le pays jouait un rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien sous l'ère de Hosni Moubarak, a dénoncé l'offensive israélienne comme "une agression flagrante contre l'humanité", en promettant que son pays "ne laisserait pas Gaza seule".
"Je leur dis au nom de tout le peuple égyptien que l'Egypte d'aujourd'hui est différente de l'Egypte d'hier, et que les Arabes d'aujourd'hui sont différents des Arabes d'hier", a-t-il dit dans une brève déclaration après avoir prié dans une mosquée du Caire.
Sorti des rangs des Frères musulmans, dont le Hamas au pouvoir à Gaza est issu, M. Morsi est le premier président islamiste d'Egypte. Dès le début de l'offensive israélienne, il a rappelé l'ambassadeur d'Egypte en Israël en signe de protestation et envoyé son Premier ministre Hicham Qandil dans le territoire palestinien pour une visite "de solidarité".
(Reportage : Gaza, jeudi : le fracas des bombardements, le hurlement des ambulances)
"L’Égypte va intensifier ses efforts pour mettre fin à cette agression et parvenir à une trêve durable", a déclaré M. Qandil lors d'une visite, ce matin, dans un hôpital de Gaza en compagnie du chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, où il a vu des victimes des raids israéliens, dont un enfant tué quelques heures plus tôt.
"Je ne peux pas rester silencieux sur ce que j'ai vu aujourd'hui à Gaza, à l'hôpital, les martyrs, l'enfant martyr Mohammad Yasser, vidé de son sang", a ajouté M. Qandil.
Hicham Qandi et Ismaïl Haniyeh à l'hôpital de Gaza, vendredi. REUTERS/Mahmud Hams/Pool
Les efforts diplomatiques se multiplient
Alors que le Premier ministre égyptien était toujours à Gaza, la Tunisie a annoncé que son ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem se rendrait samedi dans l'enclave palestinienne. Parallèlement, le président de la République Moncef Marzouki s'est entretenu avec le chef du gouvernement de Gaza Ismaïl Haniyeh et a dénoncé "une agression barbare de l'aviation israélienne" et "le silence international qui encourage cette injustice". Le parti islamiste Ennahda, qui dirige la coalition au pouvoir en Tunisie, a pour sa part appelé à une manifestation de soutien à Gaza vendredi à Tunis.
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon se rendra aussi en Israël et en Égypte la semaine prochaine pour aider à l'établissement d'une trêve, ont par ailleurs indiqué des diplomates onusiens sans plus de précisions.
La haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a par ailleurs appelé à éviter une escalade, alors que l'Union européenne a affirmé que "les attaques à la roquette de la part du Hamas et d'autres groupes depuis Gaza ont provoqué la crise actuelle", tout en appelant Israël à une réponse "proportionnée".
Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a, de son côté, appelé à faire prévaloir "la sagesse et la raison" lors d'un entretien téléphonique avec le président égyptien. Le président russe Vladimir Poutine a assuré son soutien aux efforts du Caire pour faire cesser la violence.
Par ailleurs, des manifestations de soutien au Hamas ont eu lieu en Cisjordanie, en Iran, au Caire et dans les camps palestiniens au Liban. A Beyrouth, le mouvement chiite Hezbollah, qu'une guerre dévastatrice a opposé en 2006 à Israël, s'est félicité des frappes sur Tel-Aviv, parlant d'un développement "significatif" dans le conflit avec l'Etat hébreu.
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commentaires (15)
Un "COUP de MAIN MOLLE" !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
08 h 55, le 17 novembre 2012