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À La Une - Société

Islamophobie en France : L’inquiétude des musulmans partagée par des évêques

La mosquée de Poitiers. Alain Jocard/AFP/Files

Les musulmans ont demandé au président François Hollande de dénoncer la montée de « l’islamophobie » en France. Le Conseil français du culte musulman (CFCM), l’instance constituée il y a neuf ans par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, pour représenter les fidèles musulmans, a été reçu jeudi par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et a souhaité de François Hollande une « déclaration solennelle » contre la montée de l’islamophobie, à l’instar de sa condamnation de l’antisémitisme.


Selon Abdellah Zekri, président de l’Observatoire de l’islamophobie au sein du CFCM, les actes islamophobes ont augmenté de 34 % en 2011 et de 14 % au premier semestre de cette année. Il a estimé que le débat sur l’identité nationale lancé par l’ancienne majorité de droite, la polémique sur le port de la burqa par certaines femmes musulmanes et la période électorale en France cette année ont contribué à alimenter une « surenchère » sur l’islam. M. Zekri a aussi évoqué deux déclarations polémiques d’un ténor de la droite, Jean-François Copé, candidat à la présidence de l’UMP. M. Copé avait dénoncé un « racisme anti-Blancs » dans les banlieues et raconté une anecdote selon laquelle un enfant s’était fait voler un pain au chocolat par des « voyous » pendant le jeûne du ramadan. « Il faudrait que les choses cessent, on demande le respect au même titre que les autres religions », a conclu M. Zekri.
Ces propos ont trouvé un écho inattendu chez certains évêques catholiques. Le libéral évêque d’Angoulême, Claude Dagens, s’est dit ainsi « préoccupé face à l’émergence d’un anti-islamisme catholique, qui fait peur aux musulmans de France. Nous vivons dans une société qui a peur, où la peur se distille de tous les côtés. C’est vrai du côté des musulmans, mais aussi des catholiques », a-t-il observé. Selon l’évêque français, la peur d’une domination musulmane est revenue de manière lancinante tout au long d’un synode des évêques du monde entier qui s’est achevé le 30 octobre au Vatican et à laquelle il a participé.


« Il y a sans aucun doute une tendance au durcissement d’un certain nombre de mouvements islamistes dans des pays arabes, des situations terribles au Moyen-Orient et le fait qu’un certain nombre de chrétiens sont pris dans un engrenage très difficile. Mais on transpose ces rapports politiques chez nous, alors que cela ne se passe pas de la même manière », a-t-il souligné.
Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille, évoque de son côté « des durcissements survenus dans la communauté musulmane », mais constate aussi que « ceux qui tiennent le langage de la peur sont ceux qui rencontrent le moins de musulmans ».

Merah et l’antisémitisme
Sur un autre plan, les sept assassinats commis en mars par le jihadiste franco-algérien Mohammad Merah ont réveillé les inquiétudes sur une montée de l’islam radical en France. Dans un livre intitulé Mon frère ce terroriste, Abdelghani Merah dénonce « une atmosphère détestable qui s’accommode de l’antisémitisme » dans laquelle a grandi Mohammad Merah. Originaires de la région de Médéa, une zone pauvre au sud d’Alger sous contrôle islamiste dans les années 90, les époux Merah ont élevé leurs enfants dans le mensonge et dans une ambiance chaotique faite d’abandons, de déménagements, raconte Abdelghani Merah, dans ce livre à paraître le 14 novembre en France aux éditions Calman Levy. Il y a aussi les coups portés par un père qui multiplie les épouses et sème des enfants, en vivant de contrebande entre la France et l’Algérie et de trafic de drogue, affirme-t-il.


En Algérie, où les enfants se rendaient tous les étés pour des vacances, « l’écrasante majorité de la famille paternelle était acquise aux thèses du FIS (Front islamique du salut) et était par ailleurs sympathisante des GIA (Groupes islamiques armés) » qui avaient revendiqué les attentats commis en France en 1995 et 1996.
Dès lors, l’antisémitisme va devenir « culturel » et « la détestation des juifs » s’exprimera sans fard. « Mohammad Merah était tout simplement devenu, après plusieurs années de délinquance, un islamiste fanatisé qui voulait lancer sa “guerre” contre l’État et contre ceux qu’il appelait les “mécréants”. Toute autre explication serait fantaisiste et relève du fantasme », écrit Abdelghani, « hanté » depuis le 21 mars par le visage des victimes de son frère.

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