De l’avis de certains ministres, la crise politique libanaise pourrait bien s’atténuer progressivement avec l’entrée en jeu de divers acteurs régionaux et internationaux soucieux d’œuvrer pour une détente au Liban, du moins provisoire, en attendant qu’émerge un projet de solution pour la Syrie, sur lequel l’émissaire international, Lakhdar Brahimi, planche actuellement.
Ce forcing internationalo-arabe, qui explique la visite à Beyrouth du président français, François Hollande, et celles d’un grand nombre d’émissaires européens et arabes, notamment le vice-ministre italien des Affaires étrangères, Staffan De Mistura, et le chef de la diplomatie égyptienne, Mohammad Kamel Amro, pourrait aider les parties locales à mettre une sourdine à leurs conflits. Des signes positifs allant dans ce sens se sont manifestés au cours des derniers jours et pourraient se concrétiser par des rencontres jugées importantes à Baabda. Celles-ci s’inscrivent dans le cadre des efforts que le président Michel Sleiman fournit afin de régler la crise qui s’est accentuée avec l’odieux assassinat du chef des services de renseignements des FSI, le général Wissam el-Hassan.
La fête de l’Indépendance pourrait ainsi constituer une étape importante sur ce parcours, surtout que la cérémonie de Baabda ne sera pas boycottée par le 14 Mars qui avait, comme on le sait, solennellement annoncé qu’il boycottait toutes les activités dans lesquelles le gouvernement, dont il exige la démission, est impliqué.
Certains observateurs n’ont pas manqué de relever une certaine souplesse dans la position de l’opposition consécutivement à la visite éclair du président français au Liban. Une souplesse qui, il faut cependant le préciser, touche seulement à la forme et non pas au fond du discours du 14 Mars, plus que jamais déterminé à obtenir le départ de l’équipe Mikati et la formation d’un nouveau gouvernement qui adoptera la déclaration de Baabda comme programme d’action, sachant que le Hezbollah rejette en vrac ces deux conditions.
(Lire aussi : Le secrétariat du 14 Mars : La seule issue à la crise est la formation d’un gouvernement d’indépendants)
Attaché au maintien de l’équipe Mikati jusqu’aux prochaines élections, le 8 Mars voit d’un mauvais œil le ballet diplomatique qui s’intensifie à Beyrouth, pour répercuter le soutien des capitales arabes et internationales aux efforts du président visant à trouver un règlement à la crise politique et surtout à dégager, à travers les concertations et le dialogue, une entente autour de l’avènement d’une nouvelle équipe ministérielle.
Le président français, qui s’est contenté d’un tête-à-tête avec son homologue libanais durant sa visite de trois heures à Beyrouth, a adressé un message fort en ce sens à toutes les parties libanaises, surtout lorsqu’il les a invitées à suivre la ligne politique du chef de l’État. Un message qui a d’ailleurs fortement déplu au 8 Mars.
Les dirigeants de la majorité n’ont pas caché leur mécontentement parce que les présidents de la Chambre, Nabih Berry, et du Conseil, Najib Mikati, n’ont pas été invités à prendre part aux discussions Sleiman-Hollande. Le chef de la diplomatie, Adnane Mansour, a exprimé le souhait d’assister à l’entretien, mais les services du palais lui ont poliment expliqué que M. Hollande souhaitait voir son homologue libanais seulement.
En effet, selon des sources politiques, c’est le président français qui a exprimé le souhait de limiter ses entretiens à Beyrouth à Baabda, pour montrer ainsi que son pays appuie à fond la politique du général Sleiman et sa vision d’un règlement de la crise locale.
Il n’en demeure pas moins que certains pôles du 8 Mars se sont employés à filtrer à la presse leur contrariété en rejetant l’explication selon laquelle M. Sleiman a répondu aux vœux de son hôte. Prié de dire si le fait que M. Hollande ait souhaité s’entretenir seulement avec le général Sleiman nuit à l’image du pouvoir en tant qu’une même entité, le président du Parlement a répondu en ces termes : « C’est la partie libanaise et non pas française qui en assume la responsabilité. »
Un ancien député qui avait pris part aux réunions de Taëf fait cependant remarquer que les critiques adressées au chef de l’État sont déplacées. Il précise que M. Sleiman a agi sur base de ses prérogatives, conformément à l’article premier de la Constitution.
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commentaires (7)
"Césarienne" plutôt qu'un FORCING.....
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
07 h 23, le 09 novembre 2012