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À La Une - La situation

Au Liban, l’idée d’un gouvernement d’entente commence à faire son chemin

Poursuivant ses efforts d’apaisement, le chef de l’État a reçu hier les membres de la famille du général assassiné Wissam el-Hassan, en visite de remerciements. Photo Dalati et Nohra

Annoncée à la dernière minute vendredi, la visite de trois heures  –  et le petit déjeuner de travail– du président français François Hollande à Baabda sera surtout symbolique de l’appui de la France à la stabilité au Liban.
Selon une source gouvernementale française, il s’agit de la part de M. Hollande « d’un geste politique fort, de soutien et d’appui à la souveraineté du Liban, la préservation de son intégrité et de son unité face aux risques de déstabilisation » dus à la crise en Syrie.


Traduit en termes de politique interne, le terme « stabilité » signifie d’abord « stabilité gouvernementale », entente nationale. La sous-secrétaire d’État aux Affaires du Proche-Orient, Elizabeth Jones, qui vient de quitter le Liban, l’a dit franchement. Les États-Unis sont hostiles à une démission précipitée du chef du gouvernement, Nagib Mikati, qui couvrirait la voie à une crise gouvernementale qui s’éterniserait. La position de la France et celle de la Communauté européenne sur cette question sont très proches.


Même s’il y a là une évolution par rapport à une première réaction qui rejetait clairement l’appel du 14 Mars à la démission du gouvernement, après l’attentat contre le général Wissam el-Hassan, il reste que la France et l’Europe sont pour un changement « concerté », c’est-à-dire pour que l’entente sur un nouveau gouvernement précède la démission de M. Mikati, faute de quoi, elles sont opposées à cette démission.


Sur ce plan, la position de la France rejoint exactement celle du président Michel Sleiman et de la voie centriste qu’il incarne, avec le Premier ministre et le chef du PSP : pas de démission sans dialogue et sa corollaire immédiate, pas de démission avant le dialogue.


Certes, cette position contredit les exigences du 14 Mars, mais il n’y peut strictement rien, sinon retarder l’adoption d’une nouvelle loi électorale, alors que l’échéance se rapproche, aggraver le pourrissement politique et économique et... piétiner inutilement la belle pelouse et les plates-bandes fleuries entourant la statue de Riad el-Solh.

 

(Lire aussi : Après le Buddha Bar, à qui le tour ?)


On assure, en effet, dans les milieux centristes sur le mode mathématique consistant à supposer le problème résolu, qu’une démission du gouvernement, dans l’état actuel du rapport de force, ne conduirait à rien d’autre qu’à une reconduction du même chef de gouvernement à la tête d’une équipe qui ressemblerait comme deux gouttes d’eau à la présente. Et en attendant que cela se fasse, ce serait Nagib Mikati qui serait chargé par le même président Sleiman d’expédier les affaires courantes de l’actuel gouvernement !

Signes d’assouplissement au 14 Mars
Mais le blocage politique semble moins total qu’au lendemain de l’attentat d’Achrafieh. Des signes d’assouplissement sont en effet signalés dans les positions du 14 Mars, où l’on s’ouvre un peu plus pragmatiquement à l’idée d’un gouvernement d’entente, après avoir constaté qu’un gouvernement neutre est du domaine de l’utopie, dans l’état actuel des choses, et que continuer à le réclamer conduirait à une impasse totale.


En ce qui concerne les signes d’assouplissement, on assure de sources concordantes que la « rupture » télévisée entre le chef du PSP et le chef du courant du Futur, où M. Joumblatt a été voué aux gémonies par un Saad Hariri saturé d’amertume, est moins définitive qu’on ne le croyait. Discrètement encouragée, dit-on, par le chef de l’État, la convergence d’intérêts politiques entre les deux hommes a fini par prévaloir, et le chef du courant du Futur a eu dans la nuit de jeudi à vendredi un long entretien téléphonique avec le seigneur de Moukhtara. La conversation a permis d’atténuer la tension des derniers jours entre les deux hommes.


Hier, par ailleurs, a circulé la nouvelle d’un gouvernement d’entente de 30 qui comprendrait dix ministres de chacun des trois camps en présence, à savoir le 8, le 14 Mars et les centristes. La formule, qui a commencé à être examinée par les différents blocs en présence, aurait aussi l’aval du président de la Chambre, sachant que chaque camp s’emploie à contourner le piège du tiers de blocage que pourrait lui tendre l’autre camp. La planification de la transition d’un gouvernement à l’autre prendra quelques semaines, sachant que le gouvernement d’union nationale pourrait être présidé non par M. Nagib Mikati, dont la figure cristallise trop fortement les antagonismes politiques actuels, mais par des personnalités moins « offensives » pour ainsi dire, à l’exemple d’Adnan Kassar, président des organismes économiques, ou même de Tammam Salam.

 

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