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Culture - Salon du livre - Rencontre

Didier Decoin, côté cour et côté jardin...

« Dès qu’on prononce le nom du Liban, je pense à Maroun Bagdadi », affirme Didier Decoin. L’écrivain et scénariste, qui avait à plusieurs reprises accompagné le cinéaste libanais lors de ses tournages à Beyrouth, y est revenu cette fois en tant que membre de l’Académie Goncourt.

« Les jardins racontent toujours des histoires. Celles de leurs créateurs », affirme Didier Decoin. Photo Michel Sayegh

Le soir de son arrivée, à peine ses bagages déposés dans sa chambre, Didier Decoin sort faire le tour du parc de la Résidence des Pins – où, avec ses collègues de l’Académie Goncourt, il est l’hôte de l’ambassadeur de France durant son séjour à Beyrouth. C’est dire si l’auteur de Je vois des jardins partout (éditions JC Lattès) est un véritable féru de plantes, de fleurs, d’arbres et de verdure! 
Une passion jubilatoire qu’il transmet à ses lecteurs en les entraînant, à sa suite, dans une promenade à travers les jardins de sa vie. Jardins divers racontés en mots fleuris, arrosés de souvenirs d’enfance, de voyages, d’anecdotes et de poésie. Jardins botaniques agrémentés d’allègres confidences, de judicieux conseils – pas uniquement – horticoles ainsi que de savoureuses recettes de confitures, de salades, mais surtout de vie! Sans oublier les correspondances entre écriture et jardinage dont est truffé ce texte. 
Un livre en forme de conversation qui s’adresse évidemment à tous les amateurs de jardins, mais aussi à tous les amoureux d’un certain art du langage et de la belle formule. 
Art que cet auteur maîtrise à merveille. Et dont il nous révèle, entre les lignes, la secrète formule: «Le jardinier et l’écrivain ont cette même obsession: couper ce qui dépasse, éclaircir le fouillis, dégager l’essentiel des structures et des coloris.»


Autant de «travaux» que Didier Decoin ne s’autorise qu’en écriture, lui qui se définit plutôt comme un «jardinier usager», en référence au fait que c’est sa femme qui plante, ensemence et entretient leurs deux jardins alors que, pour sa part, il ne fait qu’en jouir! 
«Rien n’est plus inspirant que de se balader dans un jardin» affirme cet auteur d’ouvrages aussi divers que John L’enfer (qui évoque le mythe déchu de l’Amérique, récompensé du Prix Goncourt en 1977), Il fait Dieu (dans lequel il raconte sa conversion) ou C’est ainsi que les femmes meurent? (thriller inspiré d’un fait divers), et qui reste considéré comme «le plus romantique» des académiciens du Goncourt. 

Maroun Bagdadi, l’ami... 
Un auteur fécond qui avoue «butiner, par-ci par-là, des idées, des impressions, des atmosphères, des chocs» pour initier ses romans. Dont il alterne l’écriture avec celle de scénarios pour «sortir de l’exercice solitaire et prendre une formidable récréation en compagnie de toute une équipe concernée par le même projet», confie-t-il.


Scénariste, entre autres, de Marcel Carné, Robert Enrico, Henri Verneuil et Maroun Bagdadi, il parle avec émotion et chaleur de ce dernier pour qui il a écrit les scripts de Hors la vie, qui avait eu le prix spécial du jury au Festival de Cannes, de L’homme voilé avec Michel Piccoli et de Pays de miel et d’encens pour la télé. «Maroun était aussi un grand ami», souligne-t-il. Et d’évoquer ses nombreux souvenirs du cinéaste disparu «qui tournent beaucoup autour de la table. C’était un gros gourmand et comme j’appréciais beaucoup la cuisine libanaise, il venait souvent à la maison, les mains pleines de plats libanais que sa femme Soraya et lui avaient préparés. Il me répétait sans cesse: “ Tu ne comprendras Beyrouth que le jour où tu auras mangé du foie cru enveloppé dans une coupure de papier journal, sur le capot d’une voiture, dans un quartier malfamé, la nuit”.» Tout un programme! Que les deux compères mettront, néanmoins, à réalisation intégralement au cours d’une soirée dont se souvient encore avec délectation Decoin. 
«On rêvait de faire tous les deux un film très ambitieux sur le Liban. Un film qui aurait expliqué ce qu’était véritablement le pays du Cèdre. Malheureusement, la mort en a décidé autrement», signale encore le scénariste français, avant de conclure par ces mots d’une belle sincérité: «Maroun avait un talent, une exigence et une précision incroyables. Il était passionné par son pays, il aimait le faire aimer. Et il savait y faire...»


La preuve: la présence de Didier Decoin à Beyrouth, des années plus tard. Car si elle est avant tout «un acte collectif de foi et un témoignage de solidarité avec le Liban (parce qu’“un écrivain n’est pas nécessairement un monsieur en pantoufles, confortablement installé sous une lampe, en train d’écrire en buvant du thé”, s’insurge Decoin), elle reste mue, sur un plan plus personnel, par un attachement à ce pays que lui a fait découvrir son ami Maroun Bagdadi.

 

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