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Économie - Analyse

Les banques françaises n’en ont pas fini avec la crise

Les établissements éprouvent plus de difficultés à placer des produits d’épargne vendus généralement en complément de services classiques, moins rémunérateurs.
Les banques tricolores enregistrent une diminution de leur rentabilité dans leurs activités de détail en France, une tendance qui va les obliger à poursuivre l’adaptation de leurs réseaux et la réduction de leurs effectifs à l’heure où la récession s’installe en Europe.
Les résultats du deuxième trimestre de BNP Paribas, Société générale ou Crédit agricole, ainsi que ceux d’autres établissements bancaires non cotés, révèlent une stagnation, voire une diminution dans certains cas, des volumes et des marges de l’activité « retail » en France qui représente une large part de leurs revenus. « Les clients vous projettent une vision qui est plus dégradée qu’il y a un an », a déclaré à Reuters le dirigeant d’une banque française qui a souhaité garder l’anonymat. « Ça ne se ressent pas aujourd’hui dans le coût du risque. Mais en termes d’activité pour 2013, nous voyons déjà une vraie contraction de la demande de crédits, de l’ordre de 50 %. Je ne vois pas comment les produits nets bancaires vont augmenter. »
La tendance est jugée d’autant plus préoccupante que les banques françaises ont engagé en 2011 de grands programmes de réduction d’actifs en vue de se recentrer sur leur cœur de métier et de s’adapter au cadre prudentiel de Bâle III qui les conduit à stopper les activités les plus risquées. Citant la menace d’une récession prolongée au sein de la zone euro, l’agence Standard & Poor’s a abaissé le 25 octobre la note long terme de BNP Paribas de AA- à A+ ainsi que la perspective des notes de 10 autres établissements financiers français. « Les commissions baissent sans arrêt, chaque fois qu’on croit avoir touché le fond, ça baisse, les gens ont peur de tout. On a atteint le maximum en termes de “cross-selling” (ventes croisées), il faudra baisser les coûts », souligne une autre source bancaire.
Au moment où les banques se livrent une concurrence féroce pour attirer les dépôts en vue de renforcer leurs bilans, elles éprouvent plus de difficultés à placer des produits d’épargne vendus généralement en complément de services classiques (crédit immobilier ou automobile, carte bancaire, etc.), moins rémunérateurs.
La production de crédits immobiliers, moteur de la croissance pour la banque de détail en France ces dernières années, est en outre toujours nettement inférieure à ses niveaux de janvier (8,7 milliards d’euros en août pour l’ensemble des émetteurs contre plus de 12 milliards en janvier, selon la Banque de France). S&P s’attend à une contraction de l’ordre de 20 % à 30 % du flux de nouveaux crédits immobiliers en France en 2012. L’agence anticipe parallèlement un repli de 15 % des prix dans l’ancien sur la période 2012-2013.
Georges Pauget, ancien directeur général du Crédit agricole entre 2005 et 2010 et aujourd’hui président du cabinet Économie, Finance et Stratégie, estime que la rentabilité des activités de banque de détail en France des grands acteurs du secteur pourrait sensiblement diminuer d’ici à 2016. « Les revenus de la banque de détail sont étroitement corrélés au produit intérieur brut nominal (...). Au-delà de deux années de très faible croissance économique, la trajectoire des résultats marque une rupture », prévient-il dans une tribune cosignée sur son blog avec Jean-Baptiste Bellon, analyste chez Trapéza Conseil.
Vingt-neuf économistes interrogés anticipent en moyenne une croissance de 0,1 % en France cette année et de 0,3 % en 2013, des prévisions inférieures à celles du gouvernement (0,3 % et 0,8 %). Ce ralentissement devrait logiquement peser sur les résultats futurs. Les banques françaises, qui publient leurs comptes du troisième trimestre à partir du 7 novembre, ne devraient pas communiquer de perspectives.
Plusieurs banquiers rappellent néanmoins que la démographie française, positive depuis plusieurs années, constitue un relais de croissance important pour la banque de détail alors que la natalité recule dans d’autres pays européens, notamment en Allemagne, première économie de la zone euro, et en Italie. Le départ à la retraite de plusieurs milliers de collaborateurs du secteur bancaire chaque année conduit naturellement les banques à annoncer régulièrement de grands programmes de recrutement, mais la conjoncture actuelle et l’intensification des usages numériques, notamment avec le déploiement d’applications bancaires pour les « smartphones », appelleront logiquement à des réductions d’effectifs.
« Bien sûr c’est difficile à expliquer au personnel. Quand on explique qu’une agence tournera, et très bien, avec trois personnes au lieu de quatre, on ne comprend pas forcément », souligne une source du secteur.
L’augmentation de la population en ville oblige également les banques à repenser la structure de leurs réseaux d’agences, en augmentant leur présence dans certaines agglomérations ou dans les régions les plus touristiques qui voient affluer un nombre toujours plus important de retraités. Les analystes de Credit suisse estiment qu’une diminution de 10 % de la taille du réseau de BNP Paribas, de Société générale et de Crédit agricole, soit la fermeture de 1 700 agences, serait susceptible de doper le résultat avant impôt de ces divisions de 9 %.
D’autres experts estiment que les banques françaises devront aller encore plus loin dans les réductions de coûts. Selon le cabinet Roland Berger, le secteur bancaire européen, qui emploie près de trois millions de salariés, pourrait supprimer 180 000 postes d’ici à 2016.
©Reuters
Les banques tricolores enregistrent une diminution de leur rentabilité dans leurs activités de détail en France, une tendance qui va les obliger à poursuivre l’adaptation de leurs réseaux et la réduction de leurs effectifs à l’heure où la récession s’installe en Europe.Les résultats du deuxième trimestre de BNP Paribas, Société générale ou Crédit agricole, ainsi...
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