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Culture

Des Libanais parmi les 1 100 lecteurs de Véronique Aubouy

Cinéaste et artiste, Véronique Aubouy a de la suite dans les idées et une volonté de les mettre en œuvre. Elle a consacré vingt ans de sa vie à filmer des gens de tous horizons lisant « À la recherche du temps perdu ».

Une vue de la projection à l’entrée du Musée d’art moderne de la ville de Paris.

Ces personnes ont été filmées, l’une après l’autre, à raison de six minutes chacune. Le résultat de cette longue et patiente quête proustienne, quasi obsessionnelle, est un film intitulé Proust lu de 105 heures et près de 1 100 lecteurs, que le Musée d’art moderne de la ville de Paris projette intégralement dans ses collections permanentes jusqu’au 24 octobre, après en avoir présenté les 12 dernières heures lors de la Nuit Blanche parisienne du 6 octobre. Dans la salle consacrée à ce projet défilent hommes et femmes, jeunes et vieux, personnages célèbres ou anonymes, penchés sur le texte, dans un cadre et une mise en scène qu’ils ont choisi. Six longues minutes pour s’approprier le passage qui leur est échu dans un ordre linéaire. L’écran, grandeur humaine, est légèrement convexe, comme s’il s’agissait de les rendre proches des spectateurs, voire de les propulser dans la salle. Un concept de projection démontable et transportable, imaginé et réalisé par le jeune architecte Martial Marquet.
Parmi ces lecteurs qui se sont prêtés au jeu de la diversité des perceptions du temps et de l’œuvre maîtresse de Marcel Proust, une trentaine de Libanais(es), dont les noms s’affichent sur le mur de la salle avec les horaires de projection et sur le site personnel de la cinéaste. Véronique Aubouy garde une image enchantée de son séjour au Liban, au cours duquel elle a tourné dans diverses régions libanaises, avec trois personnes par jour, de Baalbeck et Zahlé à Byblos et Tyr, et de Beyrouth au Barouk, dans le Chouf. «Les Libanais, ça a été un vrai choc pour moi. Le premier tournage a été réalisé dans le Barouk, dans le brouillard, j’en garde un souvenir émerveillé, la lectrice s’étant entièrement appropriée le texte et l’ayant rendu vivant. Mais je retiens du Liban sa lumière surtout», confie-t-elle à L’Orient-Le Jour, autour d’un café sur l’esplanade du Musée d’art moderne, en compagnie d’une des participantes libanaises à cette aventure cinématographique littéraire, Sabine de Bustros. «Avec Sabine, ajoute Aubouy, nous avons tourné dans la bibliothèque d’Artcurial sur les Champs-Élysées. Nous étions dans une vraie bulle de Proust.»
La réalisatrice précise qu’en adoptant le «je» du narrateur, les lecteurs de tous âges s’identifient à ce dernier. Son superlong-métrage a déjà créé une généalogie de lecteurs, dont certains sont aujourd’hui disparus, tandis que de nouveaux volontaires s’inscrivent sur son site. Jusqu’à quand se poursuivra le tournage? «Jusqu’à la fin des tomes d’À la recherche du temps perdu », répond Aubouy, souriante. À ses yeux, le chef-d’œuvre de Proust demeure, cent ans plus tard, un portrait de notre époque «et traduit» l’universalité des émotions, comme le lien avec la mère, la volonté de se tailler une place dans la société, la jalousie, le rapport à la mort... Proust lu a encore de beaux jours devant lui.

C.D.
Paris
Ces personnes ont été filmées, l’une après l’autre, à raison de six minutes chacune. Le résultat de cette longue et patiente quête proustienne, quasi obsessionnelle, est un film intitulé Proust lu de 105 heures et près de 1 100 lecteurs, que le Musée d’art moderne de la ville de Paris projette intégralement dans ses collections permanentes jusqu’au 24 octobre,...

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