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À La Une - Révolte

Peu d’espoir de faire taire les armes en Syrie pour l’Adha

Au moins 150 morts hier ; Téhéran veut un « dialogue national » ; tension entre alaouites.

À Alep, malgré les combats, des enfants jouent. Zain Karam/Reuters

L’armée syrienne a mené hier un raid aérien sur Alep, laissant peu d’espoir sur la possibilité de faire taire les armes pour l’Adha dans trois jours. Les violences d’hier ont fait au moins 150 morts, selon la chaîne satellitaire al-Jazira.
L’aviation a ainsi bombardé un quartier rebelle de la capitale économique syrienne, tuant au moins 10 civils, dont un enfant, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Un habitant a affirmé qu’ils étaient en train de faire la queue devant une boulangerie. À Damas, les forces de sécurité ont mené des perquisitions dans le quartier périphérique d’al-Zahira. Et dans l’est de la Syrie, des combats et des bombardements ont eu lieu à Deir ez-Zor et à la frontière avec l’Irak.


Ces violences sont intervenues au moment où les autorités ont jugé « réussie » la mission à Damas de l’émissaire international Lakhdar Brahimi, qui en cinq jours n’a pourtant obtenu aucune garantie sur une trêve temporaire. Interrogé si les deux parties étaient parvenues à un quelconque accord, Faisal Moqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères, a répondu à la presse : « Il faut y parvenir de manière rapide. » M. Brahimi appelle « très fermement » à mettre en place un cessez-le-feu dans le pays et rendra compte de ses efforts au Conseil de sécurité aujourd’hui, a déclaré Martin Nesirky, le porte-parole de l’ONU.
Avec la poursuite des violences, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir envoyé une aide alimentaire à environ 1,5 million de personnes, contre 850 000 le mois précédent, estimant que « la situation s’aggrave ».


Alors que le médiateur international a mis en garde contre un débordement du conflit syrien, un nouvel obus syrien s’est abattu dans un dispensaire du sud de la Turquie, sans faire de victime, selon la chaîne CNN-Türk.
Par ailleurs, des réfugiés syriens en colère ont de nouveau mis le feu à des tentes de leur camp de Zaatari en Jordanie, pour protester contre leurs conditions de vie.

Amnistie
Dans une apparente tentative d’apaisement, le président Bachar el-Assad a décrété une amnistie, mais en a exclu les « terroristes », mot par lequel le régime désigne les rebelles. Selon l’OSDH, des dizaines de milliers de civils ont été emprisonnés et des milliers d’autres ont disparu dans les geôles du régime depuis le début de la révolte.
« À trois jours de l’Adha, rien ne laisse penser que les armes vont se taire », a affirmé pour sa part le président de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, estimant que « ni les rebelles ni le régime ne semblent vouloir d’un cessez-le-feu » et faisant valoir que « le bilan quotidien continue de dépasser les 100 morts ». Une visite d’archevêques en Syrie est d’ailleurs « retardée » en raison de « la gravité de la situation », a indiqué le cardinal secrétaire d’État du Vatican Tarcisio Bertone, précisant qu’elle ne pourrait avoir lieu avant la semaine prochaine.
Parallèlement, allié de Damas, l’Iran a annoncé qu’un « dialogue national » regroupant toutes les parties syriennes pourrait s’ouvrir « bientôt » à Téhéran ou dans un autre pays de la région, tout en reconnaissant « toujours essayer de convaincre » des mouvements d’opposition qui ont refusé d’y participer.

À Kardaha
Sur un autre plan, la tension monte au sein de la communauté alaouite, comme le montre cette altercation dans le village de Kardaha, fief de la dynastie Assad. Un homme pénètre dans un café où deux clients se querellent. Il brandit une arme. Des coups de feu partent. Le nouvel arrivant est blessé et l’un des deux hommes impliqués dans la fusillade meurt. Loin d’être un obscur différend local, cette fusillade, qui s’est produite le 29 septembre, révèle au contraire les tensions à l’œuvre chez les partisans du président syrien. L’homme entré avec un pistolet n’est autre que l’un de ses cousins. L’homme décédé, Sakher Othman, appartient quant à lui à la famille d’Isper Othman, un prédicateur musulman tué lors d’une campagne de répression organisée dans les années 1970 par Hafez el-Assad.
Signe des divisions à l’œuvre dans la communauté alaouite, une voix s’est élevée pendant les funérailles de Sakher pour appeler au départ d’Assad, poussant les soldats loyalistes à ouvrir le feu et provoquant la mort de quatre personnes.


À Kardaha, bourgade de 5 000 habitants située sur des hauteurs près de Lattaquié, seuls des alaouites s’affrontent. Selon certains habitants, la dispute dans le café aurait pour origine la contrebande qui mine l’économie des villes alaouites. D’autres pensent que l’homme qui est entré dans le café s’est mis en colère en entendant les plaintes sur la politique de son cousin et sur le nombre croissant de morts enregistrés par la communauté. Cette violence montre que la peur et la colère de la population vis-à-vis de la politique du régime pourraient lui coûter des soutiens.
Mais la guerre civile, que Bachar el-Assad décrit lui-même comme une bataille pour la survie de la communauté alaouite contre les ennemis d’autres sectes, exacerbe les tensions tribales. Les événements du 29 septembre montrent cependant aux yeux des observateurs que les rivalités claniques, mais aussi les milliers de morts parmi les combattants alaouites ainsi que la crise économique qui ronge le pays pourraient briser la loyauté des commandants alaouites haut placés.

 

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