Rechercher
Rechercher

Culture - Concert

Dhafer Youssef, sublimé ?

Dhafer Youssef mérite de ne plus être présenté. Pourtant sa prestation au Music Hall, avec un sextet inédit, mérite amplement, elle, que l’on s’y arrête.

Dhafer Youssef, Phil Donkin et Chander Sardjoe à l’oud, à la basse et à la batterie.Photo Marwan Assaf

La musique baignée de tradition soufie de Dhafer Youssef n’a pas perdu de son efficacité. À l’impressionnante technique du oud et à la perfection d’une voix inclassable vient s’ajouter cette fois son talent de compositeur, puisque l’artiste tunisien venait en partie pour présenter son prochain album, accompagné de cinq musiciens d’un talent au moins égal.
Pour contrebalancer le strident des cordes pincées du oud, Kritjian Randalu, d’origine estonienne, apporte une touche feutrée des cordes frappées d’un piano somme toute bien tempéré. À la basse, Phil Donkin accompagne de sa sobriété l’ensemble, rythmé par Chander Sardjoe à la batterie. Enfin, en invités spéciaux, le Music Hall a eu la chance d’accueillir les Norvégiens Nils Petter Molvaer à la trompette et Eivind Aarset à la guitare.
L’ensemble a offert une performance tonique et éclectique, profitant des influences de chacun, sous la direction de Dhafer Youssef au sourire complice, à l’amabilité sans borne, reconnaissant du talent de chacun des artistes qui
l’entouraient.
Cependant, l’ensemble ne fut pas forcément ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Plus proche d’une somme d’individualités que d’un véritable collectif, le sextet a fait parfois trop ressentir ses différences, à l’image du net contraste entre le jazz électrisé, presque minimal des compères norvégiens et la touche plus blues oriental du reste de l’ensemble.
De hauts et de bas, la performance a été marquée par des ascenseurs musicaux quasiment trop fréquents, qui ont fait hésiter le public entre l’envie de danser et le plaisir de simplement siroter un verre.
Reste que la leçon de jazz a été impressionnante: la parole libre donnée aux Norvégiens nous a appris ce qu’est vraiment la belle sobriété du jazz et les solos de chacun ont donné un brillant aperçu de leur virtuosité.
Outre cela, le profond respect marqué entre les musiciens, que l’on pouvait ressentir du fond de la salle, était un exemple d’humilité et l’illustration d’un véritable amour de la musique. Cela rappelait presque cette page épique de l’histoire du jazz, lorsque Thelonious Monk s’arrêta de jouer pour écouter la trompette de Miles Davis en avouant: «Ce qu’il fait est trop beau pour que je l’accompagne.»
Mais surtout, surtout, le public a réservé un accueil particulièrement chaleureux à la performance hors norme de Chander Sardjoe. Systématiquement dans le ton, le percussionniste savait se faire oublier aussi bien qu’il savait faire vibrer la salle de ses envolées fantastiques. Son inventivité a captivé le public, ébahi devant la dextérité avec laquelle il savait user de tous ses accessoires. Né aux Pays-Bas, influencé par l’Inde, le batteur fait preuve d’un sens du rythme qui rappelle Tony Williams, avec qui il partage le sourire et l’innocence d’un talent qui s’ignore et s’amuse de ce qu’il sait faire.
Un sextet qui donc a donné tout le loisir d’admirer des talents rares, dans le cadre toujours excellent du Music Hall.
La musique baignée de tradition soufie de Dhafer Youssef n’a pas perdu de son efficacité. À l’impressionnante technique du oud et à la perfection d’une voix inclassable vient s’ajouter cette fois son talent de compositeur, puisque l’artiste tunisien venait en partie pour présenter son prochain album, accompagné de cinq musiciens d’un talent au moins égal.Pour contrebalancer le...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut