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À La Une - Tomber de rideau

L’Afrique au cœur du sommet de la francophonie de Kinshasa

Les enjeux environnementaux, notamment sur le continent noir, et les conflits au Mali et en RDCongo ont dominé les discussions.

Le ministre sénégalais de la Culture et du Tourisme Youssou N’dour s’exprimant devant les journalistes avant la séance de clôture.

Le rideau est tombé. Le sommet de Kinshasa a finalement eu lieu en présence de 26 chefs d’État et de gouvernement. Malgré les polémiques et les controverses de tout genre, la tenue même de l’événement en République démocratique du Congo (RDC) est en soi un franc succès pour le président Joseph Kabila, à la tête du pays depuis 11 ans, alors même que l’opposition congolaise avait appelé au boycott du sommet pour ne pas légitimer sa réélection contestée en 2011. Néanmoins, le président congolais, dont le régime reste sous le feu des critiques pour ses violations des droits de l’homme, a vanté à l’ouverture du sommet « la tolérance, l’État de droit et la démocratie (...) consubstantiels de la francophonie », tout en assurant que son pays s’était engagé à « traduire ces valeurs universelles dans la vie de ses institutions et de ses populations ». M. Kabila a d’ailleurs assuré hier que son pays n’était « pas du tout complexé » par son « niveau de démocratie », après déjà des critiques émises par le président français François Hollande, qui l’avait jugé « tout à fait inacceptable ».
Mais malgré le fait que M. Hollande n’a pas épargné le pouvoir en place, il a finalement opté pour un discours plus consensuel lors de l’ouverture, condamnant « les agressions extérieures » visant la RDCongo et réaffirmant que les frontières de ce pays étaient « intangibles », sous un tonnerre d’applaudissements d’une salle surexcitée par l’appui du président français à la cause de la RDCongo.
Outre la démocratie et les droits de l’homme, le sommet de Kinshasa a été dominé par deux crises africaines majeures, l’occupation du Nord-Mali par des islamistes armés et le conflit dans l’est de la RDC. Les discours d’ouverture, les débats à huis clos, les résolutions du sommet aussi bien que la conférence de presse finale ont tous mentionné ces deux sujets chauds de l’actualité, sources de tensions et d’inquiétudes.

Paix mondiale
Concernant le Mali, dont la partie nord est contrôlée depuis six mois par des groupes islamistes armés, le président sénégalais Macky Sall, fervent défenseur d’une intervention rapide dans ce pays pour chasser les radicaux, a jugé que le conflit représente une « menace pour la paix mondiale » et une négation des valeurs universelles d’« humanisme » et de « liberté ». De son côté, M. Hollande a réaffirmé sa « grande détermination » à lutter contre le terrorisme.
En attendant, la francophonie a salué l’adoption vendredi par l’ONU d’une résolution préparant le déploiement d’une force internationale au Mali, donnant 45 jours aux pays ouest-africains pour préciser leurs plans. Elle a aussi appelé à la négociation avec toutes les parties maliennes « à l’exclusion des mouvements terroristes » qui occupent le nord du pays, tout en demandant à l’Union africaine et à l’ONU de répondre favorablement à la demande de Bamako pour une intervention.

« Le français, une langue africaine »
Le sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) de Kinshasa a, en outre, été l’occasion pour les dirigeants présents de célébrer l’apport essentiel de l’Afrique à la francophonie. Selon les projections de l’organisation, les Africains pourraient représenter en 2050 près de 85 % des 715 millions de francophones dans le monde.
Pour le secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf, le destin de la francophonie, « né en terre africaine, autour de la langue française, est irrémédiablement lié à celui de ce grand continent, aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain ». Il a en outre rendu un vibrant hommage à une Afrique qui « est en train d’écrire son histoire, et que, ce faisant, elle écrit une part déterminante de l’histoire de l’humanité ».
« Le français est une langue africaine », a déclaré pour sa part François Hollande sous les applaudissements de l’assemblée. « L’avenir de la francophonie, il est ici, en Afrique (...). Le français n’appartient pas à la France, il vous appartient, il est à vous », a-t-il ajouté.
La francophonie doit également « multiplier les échanges » entre étudiants, chercheurs, artistes et créateurs au sein de l’espace francophone, « contribuer au règlement des crises » et œuvrer en faveur de l’environnement, selon M. Hollande.
Notons que les dirigeants africains ont une nouvelle fois réclamé « l’indispensable réforme du Conseil de sécurité » afin d’y « donner aux pays africains toute leur place ».

Environnement et économie
Le sommet de l’OIF avait pour thème cette année : « Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la bonne gouvernance ». Dans ce contexte, M. Hollande a affirmé vouloir « faire de la francophonie un outil au service du développement, notamment en matière d’environnement ». Le président français a par ailleurs réitéré sa proposition de créer une organisation internationale de l’environnement, une initiative vivement appuyée par le président Macky Sall.
Également à l’ordre du jour de cette rencontre, le choix du pays hôte pour le XVe sommet, en 2014, qui aura lieu au Sénégal.
À ce sujet, le Premier ministre canadien Stephen Harper a souhaité que les prochains sommets de la francophonie se tiennent « uniquement dans des pays démocratiques ».
C’est ce qu’il a déclaré hier à la télévision canadienne depuis la RDC, admettant s’être rendu à Kinshasa « avec quelques réticences » mais sans regretter son choix. « Je pense que ça valait la peine parce que ça nous a donné l’occasion de rencontrer des gens qui travaillent activement au changement ici », a ajouté M. Harper.

Arménie et Qatar
Autre petite originalité de cette édition : les dirigeants ont dénoncé la division de Chypre et le conflit au Nagorny-Karabakh.
Enfin, le sommet de Kinshasa a été l’occasion pour l’OIF de s’élargir. En effet, l’Arménie a reçu le statut de membre à part entière de l’organisation et l’Uruguay le statut d’observateur. Par ailleurs, le Qatar, qui a « une politique volontariste francophone dans l’apprentissage du français », selon Abdou Diouf, est devenu membre associé de l’OIF qui compte désormais 57 membres – dont 3 associés – et 20 observateurs. Trois pays membres sont en outre suspendus : le Madagascar, le Mali et la Guinée-Bissau.
Le rideau est tombé. Le sommet de Kinshasa a finalement eu lieu en présence de 26 chefs d’État et de gouvernement. Malgré les polémiques et les controverses de tout genre, la tenue même de l’événement en République démocratique du Congo (RDC) est en soi un franc succès pour le président Joseph Kabila, à la tête du pays depuis 11 ans, alors même que l’opposition...

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