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Angélique marquis de Fneich...

Ces démocrates chiites auxquels le Hezbollah tient comme à la prunelle de ses yeux... Photo Ibrahim Tawil

Délicieuse, angélique déclaration que celle faite hier par le ministre Mohammad Fneich : « Ceux qui observent le comportement du Hezbollah concluent qu’il ne s’est pas imposé par la force en tant que seule formation chiite. Le Hezbollah est moins représenté au sein du cabinet qu’à la Chambre pour éviter des problèmes. Nous accueillons positivement des blocs chiites indépendants et il y a des personnalités libérales, laïques ou idéologiques au plan chiite avec lesquelles nous ne nous retrouvons pas pour des raisons politiques. Mais nous respectons la diversité et le pluralisme. »
Non, le Hezbollah ne s’est pas imposé par la force comme seule formation chiite. Il a juste fallu, durant les dernières années de la guerre, liquider toute une élite politique et culturelle de gauche qui ne partageait pas son penchant pour le régime syrien et les mollahs iraniens. Mais tout cela, ce n’est rien. C’est parfaitement respectueux du pluralisme et de la démocratie.
Plus récemment, le poids de l’arsenal divin du Hezbollah n’a pas pesé sur le terrain de la communauté chiite. Aucune pression n’a jamais été exercée contre un opposant politique au Hezbollah, voyons ! Le mouvement Amal n’a pas été progressivement phagocyté au plan politique par le Hezbollah depuis l’an 2000. Ziad Majed n’a pas quitté le Liban après une tentative d’assassinat qui l’a visé en 2006. Sayyed Ali el-Amine, l’ex-mufti de Tyr, et ses enfants comme l’exceptionnel Hadi el-Amine, n’ont pas été agressés et chassés du Sud sous le joug des armes le 7 mai 2008. Les domiciles d’Ahmad el-Assaad, Bassem el-Sabeh ou Salah Haraké n’ont pas essuyé les tirs des miliciens du parti islamique le soir même des résultats du scrutin de 2009 dans la banlieue sud. Le taklif el-charii dénoncé jadis par Michel Aoun lors des élections de 2005 – lorsque ce dernier avait joué contre lui, cohérence oblige – n’a jamais permis au Hezbollah de monopoliser par la force 90 % de l’électorat chiite dans les différentes régions... Non, la terreur des fatwas, c’est parfaitement démocratique !
Cheikh Hassan Mchaymech ne croupit pas injustement en prison uniquement parce qu’il s’oppose au waliy el-faqih. Le quotidien al-Akhbar, dont les bailleurs de fonds persans sont bien connus, ne lance pas au quotidien, sous la plume tantôt d’Ibrahim el-Amine, tantôt d’Assaad Abou Khalil, des fatwas contre les démocrates chiites, à l’instar de sayyed Hani Fahs, sayyed Mohammad Hassan al-Amine, le journaliste Ali el-Amine, l’éditeur Lokman Slim, ou encore le vice-président du PSP Doreid Yaghi, en les taxant de « chiites wahhabites » ou de « chiites de Feltman ». Ou alors il faut prendre cela comme un compliment et les démocrates chiites n’ont pas, mais alors vraiment pas, le sens de l’humour... Le journaliste Omar Harkouss n’a pas été rossé à Hamra par les alliés du Hezbollah, les nazillons du PSNS. Les élites culturelles chiites antitotalitaires comme Youssef Bazzi, Saoud el-Mawla, Mona Fayad, Moustapha Fahs, Nadim Koteich, Malek Mroué, Hanine Ghaddar ou Hareth Sleiman, pour ne citer que ceux-là parmi tant d’autres, poursuivent leur action en toute liberté. Ils ne sont jamais inquiétés pour leurs opinions, voyons ! Ils ne reçoivent jamais aucune insulte ou menace, surtout en période électorale. L’action politique pour eux, c’est l’eden toujours recommencé!
C’est à peine si Hassan Nasrallah, Naïm Kassem et Nawaf Moussaoui ne leur envoient pas des bouquets de fleurs à chaque fois qu’ils critiquent le Hezbollah, tant l’esprit est cordial et chevaleresque !
Et ce que le Hezbollah n’a pas fait comme tort aux démocrates chiites, c’est le 14 Mars qui s’en est chargé, depuis 2005, au nom d’une chimère qui s’appelle « l’entente » et « la sauvegarde de la paix civile ». Deux slogans parfaitement creux, puisque, comme nous l’explique M. Fneich, le Hezbollah est un parangon de vertu et un chantre de démocratie !
Bientôt, à en croire le bobard titanesque de Mohammad Fneich, Okab Sakr sera président de la Chambre, Ibrahim Chamseddine chef du Front des chiites démocrates et Mohammad Hassan el-Amine ou Hani Fahs accèderont à la tête du Conseil supérieur chiite, le tout sous les applaudissements d’un Mohammad Raad, dragées à la main, extatique de les retrouver enfin à la Chambre...
L’on pensait que le mimétisme entre Aoun et le Hezbollah n’opérerait que dans un seul sens : la « milicianisation » du Courant patriotique libre, bien entamée depuis 2006. Eh bien, surprise : non ! Le côtoiement des deux partis a également affecté le Hezbollah, dont les responsables sortent désormais au quotidien des énormités dignes de Michel Aoun.
La mythomanie galopante, qu’on se le dise, c’est drôlement contagieux.
Délicieuse, angélique déclaration que celle faite hier par le ministre Mohammad Fneich : « Ceux qui observent le comportement du Hezbollah concluent qu’il ne s’est pas imposé par la force en tant que seule formation chiite. Le Hezbollah est moins représenté au sein du cabinet qu’à la Chambre pour éviter des problèmes. Nous accueillons positivement des blocs chiites indépendants...
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