À l’occasion des assises de la coopération décentralisée franco-libanaise, le ministre délégué auprès du ministère des Affaires étrangères chargé du Développement, Pascal Canfin, a visité la célèbre Maison jaune de Beyrouth et officiellement donné le coup d’envoi pour les travaux de réhabilitation.
Cette maison délabrée et criblée de balles pendant la guerre, appelée également l’immeuble Barakat, s’apprête à devenir « Beit Beirut », le nouveau musée et centre culturel urbain de la ville de Beyrouth. Le président du conseil municipal de Beyrouth, Bilal Hamad, et l’adjoint au maire de Paris chargé des relations internationales, des affaires européennes et de la francophonie, Pierre Schapira, ont accompagné Pascal Canfin dans sa visite. Le ministre français s’est dit honoré de soutenir une telle initiative, affirmant souhaiter s’investir dans d’autres projets proposés par la ville de Beyrouth tels que l’installation d’un réseau de transports publics ou l’assainissement de l’eau.
L'histoire de la maison jaune : une architecture unique (épisode 1)
« C’est un bâtiment qui porte à la fois l’histoire passée, présente et future du Liban. La maison ne doit pas seulement être un vestige de la guerre, un mauvais souvenir qui reviendrait vous hanter, mais plutôt un pont vers les générations futures » explique l’architecte Mona Hallak, qui fait visiter la maison. Membre du comité de direction de l’Association pour la sauvegarde des sites et des anciennes demeures au Liban, Mona Hallak s’était battue pour éviter la démolition de cette maison qui n’était pas classée patrimoine historique.
L'histoire de la Maison jaune : la vie heureuse (épisode 2)
Non contente de réhabiliter l’endroit, elle veut aussi en faire la promotion. « Beyrouth doit se battre pour préserver son histoire, qu’elle perd un peu plus chaque jour. C’est une passion avant tout mais c’est aussi d’utilité publique », confie-t-elle. Pièce après pièce, elle raconte l’histoire de la pierre. Chaque escalier effondré, chaque impact de balle, chaque morceau de carrelage, chaque latte de plancher racontent l’histoire de Beyrouth, dit-elle. « Il y a seulement trois jours, j’ai remarqué un graffiti qui disait Happy New Year sous les décombres. C’est une maison pleine de surprises », ajoute-t-elle dans un sourire.
Les travaux, engagés pour deux ans, permettront la transformation de l’immeuble existant, construit en 1924 et marqué par une histoire douloureuse. La maison de par sa situation stratégique avait été réquisitionnée par les francs-tireurs. Elle était devenue cible de représailles sanglantes. Il existe actuellement à Beyrouth environ 1 400 bâtiments classés, mais la Maison jaune reste, selon Pascal Canfin, un lieu « magique, emblème d’une société libanaise réconciliée ».
L'histoire de la Maison jaune : au temps des snipers (épisode 3)
La France représente pour le chef du projet, Youssef Haïdar, un partenaire de qualité dans ce chantier. L’expertise technique française se met au service de la créativité libanaise. L’extension du bâtiment historique donnera au futur équipement une identité contemporaine : avant-gardiste et respectueux de l’environnement. « C’est un projet d’envergure, audacieux mais réaliste. Mais il ne faut pas que cela soit une coquille vide, il faut que les gens se l’approprient. » En effet, ce projet mûrement réfléchi est le fruit de nombreuses concertations avec les citoyens. Le modernisme du projet, qui peut détonner dans le paysage urbain beyrouthin, est aussi un atout pour séduire la jeune génération. Youssef Haïdar regarde la maison comme « un être humain avec ses blessures internes et externes, en voie de guérison ». Une manière de tourner la page.
L'histoire de la Maison jaune : L'avenir (épisode 4)
Au terme de cette restauration, Beit Beirut ouvrira ses portes : premier centre culturel municipal de Beyrouth, il proposera au public des expositions et des activités autour de l’histoire et de la mémoire de la ville. Une maison qui abrite des liens déjà forts entre le Liban et la France, notamment en cette période instable comme le rappelait Pascal Canfin. Une trentaine de projets sont en cours à l’heure actuelle. Avec 1,172 milliard d’euros de la part de l’Agence française de la coopération, la France est l’un des pays qui entreprend le plus avec le Liban, et cela ne semble pas près de s’arrêter.
Une image du projet. Photo Marwan Assaf
Cette maison délabrée et criblée de balles pendant la guerre, appelée...