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À La Une - Photos

Serge Najjar, un certain regard

Avocat de profession, Serge Najjar a néanmoins un vrai regard d’artiste. Qu’il s’est amusé à exercer en photographie en prenant des vues extrêmement graphiques d’architectures urbaines.

« Into Darth Mind » (jet d’encre sur papier ; 70 x 70 cm).

Un an et demi à peine après s’être mis à la photo, Serge Najjar expose chez Kettaneh-Kunigk, sous l’intitulé «Lines, Within», une trentaine d’œuvres remarquables. Des compositions architecturales qui n’ont rien à envier aux clichés des professionnels. Des images d’une magnifique rigueur de construction. Et qui, sous la géométrie des lignes – souvent dessinées par des jeux d’ombre et de lumière –, laissent émerger une sensibilité aux rythmes, à l’harmonie et à l’humain.
«Dans les images animées de Serge, c’est la fraction de seconde qui dit l’intemporalité, et l’image ne peut plus ensuite se concevoir sans son acteur. Mises en abîme, ses silhouettes sont autant d’ombres fugitives et solitaires, parfois démultipliées dans des reflets, qui cherchent leur place tout en redéfinissant l’échelle», explique Ferrante Ferranti, photographe d’origine sarde et auteur d’ouvrages de photographies, dans un texte qui accompagne l’exposition.
Laquelle déroule donc jusqu’au 20 octobre, sur les cimaises de la galerie beyrouthine, une trentaine de clichés, quasiment tous de format carré (70 x 70 cm) et majoritairement en noir et blanc, issus des vagabondages urbains de ce jeune juriste fraîchement converti à l’art de l’image.
En fait, avoue-t-il, tout a commencé lorsqu’«on» l’a inscrit, il y a 18 mois, au cours de photographie de l’Université pour tous. «J’ai toujours aimé la photo et, ayant eu la chance de grandir dans un environnement propice, en matière d’art j’avais l’œil, mais je n’aurai jamais pensé pouvoir faire, moi-même, une quelconque création artistique.» Erreur! Ces cours vont être le levier d’une sensibilité artistique – ordinairement peu exploitée chez un juriste – qui déclenchera chez lui un attrait pour l’image doublé d’une véritable passion pour l’architecture moderne et
contemporaine.
Dès lors, à peine le jour levé, à l’heure où la ville s’éveille, Serge, muni de sa caméra mais aussi très souvent de son seul portable, sillonne les rues et quartiers de Beyrouth, mais aussi Paris ou Berlin... lors de ses voyages, à la recherche «du bon angle au bon moment».
Car pour lui – et au grand dam de Joumana Jamhouri, sa professeur de photographie, qui lui reprochait de mettre de côté la technique et de prendre des photos avec son portable –, «l’important n’est pas l’appareil, mais le coup d’œil, le fait de repérer un instant précis».
Un instant où, par la grâce d’un jeu d’ombres, d’un trait de lumière, d’un effet de réflexion, ou encore d’un angle, d’une profondeur, d’une perspective, le regard de Serge Najjar «re-sculpte» les espaces et les volumes architecturaux de la ville. Et les redessine en lignes, en rythmes et en lumière, «à la manière des photographes des années 40», pour mettre en évidence leur puissance, souvent, leur poésie, parfois, la beauté de leurs lignes graphiques, toujours. Dans ses photos, de simples ponts, couloirs ou façades dévoilent leur théâtralité, leur beauté intrinsèque et cachée, et sortent de leur réalité prosaïque pour devenir des figures esthétiques. Flirtant, parfois, avec le virtuel et
l’abstraction...
Ce n’est pas sans raison que la communauté des Instagramers a immédiatement – et spontanément – adoubé ce nouveau venu parmi eux! L’application de partage de photos sur Internet lui a apporté – au-delà de 13000 followers et des milliers de Like qui accueillent chacune des images qu’il place sur Instagram – la reconnaissance de son talent.
«Le directeur d’Instagram m’a appelé pour me proposer de faire un article sur mon travail. Puis CNN et sa galerie se sont également intéressés à mes photos. À la suite de quoi, j’ai été nominé pour le prix Pictet. À partir de là, les propositions d’expositions ont commencé à me parvenir. Mais j’ai tenu à ce que mon premier accrochage en galerie se fasse à Beyrouth.» Beyrouth, son inspiratrice, ville en pleine mutation qui lui a permis d’aiguiser son regard et de le rendre «sensible aux variations du temps» (dixit Ferrante Ferranti).

* Galerie Naïla Kettaneh Kunigk, Clemenceau, centre Gefinor, bloc E. Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi de 13h à 19h. Samedi de 12h à 17h. Tél. : 01/738706.
Un an et demi à peine après s’être mis à la photo, Serge Najjar expose chez Kettaneh-Kunigk, sous l’intitulé «Lines, Within», une trentaine d’œuvres remarquables. Des compositions architecturales qui n’ont rien à envier aux clichés des professionnels. Des images d’une magnifique rigueur de construction. Et qui, sous la géométrie des lignes – souvent dessinées...
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