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À La Une - Révolte

Un rapport accuse l’Iran de lourdement armer la Syrie via l’Irak

Assad dénonce une guerre contre « l’axe de résistance » ; Salehi à Damas ; 160 morts au moins hier.

Un rebelle syrien au combat, le 19 septembre 2012 dans le quartier de al-Ezaa, à Alep. REUTERS/Zain Karam

Le chef de la diplomatie iranienne a affirmé hier son soutien à Bachar el-Assad dont le pays est en proie à un conflit sanglant imputé par le président syrien à une guerre contre « l’axe de résistance » à Israël. Ali Akbar Salehi, dont le pays est l’allié régional de Damas, a souligné devant M. Assad « l’appui illimité » de Téhéran « aux efforts pris par le gouvernement syrien pour ramener la sécurité et la stabilité ». Peu avant, il avait souligné que le règlement de la crise se ferait « uniquement à l’intérieur de la famille syrienne ».
Le n°1 syrien a affirmé de son côté que « la bataille qui se déroule actuellement ne vise pas seulement la Syrie mais tout l’axe de résistance » à Israël, selon l’agence officielle SANA. Aux yeux des Syriens, cet « axe » comprend la Syrie, l’Iran et leurs alliés libanais du Hezbollah et palestiniens du Hamas et du Jihad islamique. Évoquant la réunion lundi au Caire du « groupe de contact » régional sur la Syrie (Iran, Égypte, Turquie et Arabie saoudite), M. Assad a souligné que la « clé de (la) réussite » des efforts pour un règlement dépendait « des intentions sincères pour aider la Syrie, ainsi que du respect de sa souveraineté et du refus des interventions étrangères ».

« Importantes » et « systématiques »
À ce sujet, il faut rappeler que plusieurs pays occidentaux et arabes accusent Téhéran de fournir une aide militaire au régime Assad, ce que l’Iran réfute, renvoyant la balle à ces Occidentaux et plusieurs pays de la région, Arabie saoudite et Turquie en tête, accusés par les ayatollahs d’armer les rebelles syriens.
Or l’agence Reuters a publié hier même un rapport des services de renseignements occidentaux affirmant que l’Iran a utilisé des moyens aériens civils pour transporter en Syrie des militaires et de grandes quantités d’armes via l’espace aérien irakien afin d’aider le régime syrien à réprimer les insurgés. Il y a deux semaines, des responsables américains avaient indiqué avoir interrogé les autorités irakiennes sur des vols iraniens soupçonnés de fournir en armes le régime syrien à travers l’espace aérien irakien et Bagdad avait assuré n’autoriser le passage d’aucune arme par son espace aérien. Sauf que le rapport indique que des armes iraniennes ont été envoyées en très grandes quantités en Syrie via l’Irak, et que les livraisons ont été organisées par les gardiens de la révolution iraniens. Si Téhéran est depuis longtemps accusé de fournir des armes au régime syrien, ce rapport affirme que ces livraisons sont en réalité bien plus importantes et systématiques que ce qui était jusqu’ici imaginé, grâce à un accord entre des hauts responsables irakiens et iraniens.

Tall el-Abyad
Sur le terrain, l’armée a bombardé plusieurs quartiers d’Alep, dont Hanano, el-Chaar et Sakhour, ainsi que plusieurs localités de la province, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants, et qui a fait état d’un bilan provisoire de 160 morts au moins hier à travers le pays.
À Damas, après deux mois de violences, des combattants rebelles ont annoncé leur « retrait » des quartiers de Hajar el-Aswad et d’Assali, a affirmé l’OSDH. La Commission générale de la révolution syrienne (CGRS) a indiqué que ces zones tout comme Qadam, également dans le sud, étaient « sinistrées ». Plus de 200 personnes y ont été tuées par les forces du régime depuis début septembre, selon la CGRS. D’ailleurs, des militants ont fait état via la chaîne satellitaire al-Arabiya de l’exécution sommaire de plus de 40 personnes à Hajar el-Aswad et dans le camp palestinien de Yarmouk.

Ban déplore
Toujours au niveau diplomatique, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a déploré hier que gouvernement et opposition en Syrie « semblent déterminés » à se battre jusqu’au bout et a réitéré son appel à l’arrêt des combats et à un « dialogue politique ». Il a également estimé que le médiateur international Lakhdar Brahimi « pourrait avoir une stratégie » à proposer. M. Brahimi doit notamment rencontrer lundi les membres du Conseil de sécurité.
« Damas est sécurisée et l’armée anéantit les terroristes à Alep », titrait hier de son côté le quotidien el-Watan proche du pouvoir. Depuis le début de la révolte qui s’est transformée au fil des mois en véritable conflit, les autorités assimilent les rebelles à des « terroristes », appuyés selon elles par l’étranger. Ces affirmations sont confortées par de nombreuses sources des deux bords, les insurgés affirmant ne rien recevoir des pays occidentaux et devant s’appuyer sur l’aide de « frères » venant d’autres pays arabes. Comme Firas, un jeune Libyen venu à Alep soutenir ses « frères » syriens. « Pendant la révolution libyenne, beaucoup de Syriens combattaient à nos côtés, le moment est venu à présent de leur rendre la pareille », dit-il.
En attendant, les forces régulières bombardaient également hier les régions de Deir ez-Zor, de Lattaquié, de Hama et de Homs, selon l’OSDH.
Dans le nord du pays, les rebelles, qui contrôlaient déjà au moins trois des sept postes-frontières avec la Turquie, se sont emparés hier de celui de Tall el-Abyad dans le sud-est à l’issue de violents combats avec l’armée qui ont fait trois blessés civils côté turc, selon un responsable turc et un militant de l’opposition en Syrie.
À Ankara, l’armée a réaffirmé hier au terme d’une enquête que son avion de combat abattu en juin par la défense antiaérienne syrienne l’avait été dans l’espace aérien international et non dans l’espace syrien comme le prétendait Damas.

Le dernier recours
Alors que le conflit a déjà fait plus de 27 000 morts selon l’OSDH, Amnesty International a souligné que les civils, parmi lesquels de nombreux enfants, étaient les principales victimes des attaques « aveugles » menées par l’armée. « Des attaques près d’hôpitaux peu après un grand afflux de blessés, ou sur des queues de personnes achetant du pain, font penser que de telles attaques visent délibérément de grands rassemblements de civils », a estimé l’ONG, en parlant de « crime de guerre ». De leur côté, les Nations unies enquêtent sur des exactions commises contre des enfants en Syrie, tant par les forces gouvernementales que par l’opposition armée, a indiqué hier la nouvelle représentante spéciale de l’ONU pour les enfants dans les conflits armés, Leila Zerrougui.
Par ailleurs, dans un entretien publié hier par le quotidien britannique The Times, le général Adnan Sillu, qui a déserté il y a trois mois et est présenté comme l’ancien chef de l’arsenal chimique de la Syrie, a affirmé que les autorités syriennes prévoyaient d’utiliser « en dernier recours » des armes chimiques contre leur population.
Enfin, la Suisse a accueilli un premier contingent de réfugiés syriens, une famille élargie, composée de 36 personnes. Il s’agit du premier contingent de réfugiés syriens que la Suisse reçoit sur son sol. Ils devraient être suivis par d’autres, le peuple syrien étant dans une situation humanitaire « choquante », comme l’a jugé hier le chef de la diplomatie britannique William Hague.

 

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