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À La Une - Religion

Liban : "Gardez courage", dit le pape aux fidèles, en signant "l'exhortation apostolique"

A Beyrouth, Benoît XVI vante la coexistence au Liban, un "exemple" pour la région

Le pape signe l'exhortation apostolique à la basilique Saint Paul à Harissa, vendredi 14 septembre 2012, au premier jour de sa visite au Liban. AFP PHOTO / FILIPPO MONTEFORTE

Une heure après être arrivé à la Basilique de Saint-Paul à Harissa, au nord de Beyrouth, le pape Benoît XVI a signé peu avant 19 h "l'exhortation apostolique", fruit du synode sur le Moyen-Orient qu'il avait présidé en 2010.

 

"L'exhortation apostolique est extrêmement importante dans ces circonstances", a indiqué le pape, tout en précisant que le synode sur le Moyen-Orient est une source d'espoir qui a œuvré pour la paix dans cette région.

 

"En se penchant sur la situation actuelle des Eglises au Moyen-Orient, les Pères synodaux ont pu réfléchir sur les joies et les peines, les craintes et les espoirs des disciples du Christ vivant en ces lieux. Toute l'Eglise a pu ainsi entendre le cri anxieux et percevoir le regard désespéré de tant d'hommes et de femmes qui se trouvent dans des situations humaines et matérielles ardues, qui vivent de fortes tensions dans la peur et l'inquiétude, et qui veulent suivre le Christ mais qui s'en trouvent souvent empêchés", a déclaré Benoît XVI, au premier jour d'une visite de trois jours au Liban. Depuis le début en 2011 du Printemps arabe, la tentation de l'exil s'est accentuée pour les chrétiens du Moyen-orient.

 

"A la lumière de la fête d'aujourd'hui et en vue d'une application fructueuse de l'Exhortation, je vous invite tous à ne pas avoir peur", a-t-il continué. "Soyez sans crainte", nous sommes avec vous, a-t-il encore dit, demandant aux chefs religieux et aux fidèles de "garder courage"

 

Dans l'Exhortation apostolique, Benoît XVI affirme que le fondamentalisme "veut prendre le pouvoir, parfois avec violence, sur la conscience de chacun et sur la religion pour des raisons politiques". Sans pointer le doigt sur l'intégrisme islamiste, le pape "lance un appel pressant à tous les responsables religieux juifs, chrétiens et musulmans de la région, afin qu'ils cherchent par leur exemple et leur enseignement à tout mettre en oeuvre pour éradiquer cette menace qui touche indistinctement et mortellement les croyants de toutes les religions".

Selon le pape, "les incertitudes économico-politiques, l'habilité manipulatrice de certains et une compréhension déficiente de la religion entre autres, font le lit du fondamentalisme religieux".

 

Avant que le pape ne s'exprime à Harissa, le patriarche melkite Grégoire III Laham avait insisté sur la nécessité de régler le conflit palestino-israélien : "la reconnaissance de l'Etat palestinien (...) préparerait la voie vers un vrai printemps arabe".

 

 

Le pape Benoît XVI lors de la messe à la basilique

Saint Paul à Harissa. AFP PHOTO / FILIPPO MONTEFORTE

 

Quinze ans après la visite de Jean-Paul II au Liban, son successeur, Benoît XVI est arrivé au pays du Cèdre ce matin. L'avion du pape s'est posé à l'heure prévue, 13h45 à l’aéroport international de Beyrouth. Par mesure de sécurité, tous les atterrissages et décollages intervenant entre 13 heures 15 et 15 heures ont été décalés et tous les mouvements suspendus sur le tarmac. Il en sera de même dimanche, pour le départ du Saint-Père, entre 18 h et 19 h 30.

 

Une centaine de jeunes habillés en blanc rassemblés sur le tarmac ont crié de joie au moment de l'atterrissage, agitant une pancarte sur laquelle on pouvait lire "le Liban en joie, le pape est arrivé".

Les cloches des églises du pays entier ont retenti en hommage au chef de l'Eglise catholique, 85 ans, qui a été également salué par 21 salves de canons.

 

Le Souverain Pontife a été accueilli au pied de l'avion par le président de la République Michel Sleiman, seul chef d'Etat arabe chrétien, et son épouse, le chef du parlement, Nabih Berry, et son épouse, le Premier ministre Nagib Mikati et son épouse et la patriarche maronite Raï.

 

(Lire aussi : La banlieue-sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, au rendez-vous pour accueillir le pape)

 

Le voyage papal au Liban est hautement symbolique, le pays du Cèdre étant divisé, et voisin d'une Syrie plongée dans une crise meurtrière.

 

Benoît XVI donnant le premier discours de son voyage libanais

à l'aéroport de Beyrouth. REUTERS/ Stefano Rellandini

 

Lors du discours qu'il a prononcé ce matin sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth, le pape Benoit XVI a vanté la coexistence entre les différentes communautés religieuses libanaises.

"L'heureuse convivialité, toute libanaise, doit démontrer à l'ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu'à l'intérieur d'une nation, peuvent exister la collaboration entre les différentes Eglises (...) et dans le même temps, la convivialité et le dialogue religieux entre les chrétiens et leurs frères d'autres religions", a affirmé le souverain pontife.

"Cet équilibre, qui est présent partout comme un exemple, est extrêmement délicat", a-t-il précisé. "Il menace parfois de se rompre lorsqu'il est tendu comme un arc, ou soumis à des pressions qui sont trop souvent partisanes, voire intéressées, contraires et étrangères à l'harmonie et à la douceur libanaises".

 

"Cette convivialité dont désire témoigner votre pays ne sera profonde que si elle est fondée sur un regard accueillant et une attitude de bienveillance envers l'autre, que si elle est enracinée en Dieu qui désire que tous les hommes soient frères", a encore ajouté Benoît XVI.

 

"Je n'oublie pas les événements tristes et douloureux qui ont affligé votre beau pays pendant de longues années", a indiqué le souverain pontife, en référence à la guerre civile qui a secoué le pays méditerranéen de 1975 à 1990. "Salam atikom" (Je vous offre la paix), a-t-il lancé en arabe à l'adresse des Libanais.

 

Dans ce pays multiconfessionnel, les chrétiens représentent aujourd'hui 35% de la population libanaise, tandis que près de 65% de leurs concitoyens sont musulmans.

 

Il a aussi affirmé que la signature dans l'après-midi de l’Exhortation apostolique du synode de 2010 sur le Moyen-Orient est un événement important pour la région.

 

 

Crise syrienne

Dans l'avion qui l'emmenait au Liban, le souverain pontife a évoqué la crise syrienne, appelant à mettre fin aux livraisons d'armes en Syrie où un conflit armé, opposant le régime à ses opposants, a causé la mort de plus de 27.000 morts.

"L'importation d'armes doit cesser une fois pour toutes. Car sans importation d'armes la guerre ne pourrait continuer", a-t-il déclaré aux journalistes dans l'avion.

 

"Au lieu d'importer des armes, qui est un pêché grave, il conviendrait d'importer des idées de paix, de créativité, d'amour du prochain", a-t-il expliqué aux correspondants qui l'accompagnaient de Rome à Beyrouth. "Il faut demander aux hommes politiques de s'engager réellement avec toutes leurs forces (...) avec créativité, pour la paix, contre la violence", a-t-il ajouté. Le souverain pontife a proposé "des gestes visibles de solidarité comme des journées de prière pour les chrétiens et les musulmans".

 

 

Le pape saluant le chef religieux de la communauté druze, Cheikh Naim Hassan,

à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth. AFP/JOSEPH EID 

 

 

Le pape a en outre confié aux journalistes n'avoir jamais envisagé de renoncer à ce voyage en raison de la violence qui secoue la Syrie voisine. "Personne ne m'a conseillé de renoncer à ce voyage, et pour ma part je n'ai pas pensé à cette hypothèse", a-t-il dit aux correspondants qui l'accompagnaient dans l'avion. "Comme la situation devient plus compliquée, il est encore plus nécessaire de donner ce signe de fraternité, d'encouragement, de solidarité. C'est le sens de mon voyage: inviter au dialogue contre la violence, aller ensemble pour trouver une solution au problème", a-t-il dit.

Reprenant le message de son prédécesseur Jean-Paul II, qui était venu au Liban en 1997, le souverain pontife a déclaré: "ce pays est un message dans cette région qui est le centre de la rencontre des trois religions abrahamiques": judaïsme, christianisme et islam.

 

 

Printemps arabe

Le pape a par ailleurs estimé que "le Printemps arabe est une chose positive, un désir de démocratie, de liberté, de coopération, d'une identité arabe rénovée".

 

Pour Benoit XVI, "le fondamentalisme est toujours une falsification de la religion. La tâche de l'église et des religions est de se purifier. Cette tâche doit rendre clair que chaque homme est une image de Dieu que nous devons respecter dans l'autre".

 

La visite du souverain pontife intervient également  au moment où un film américain ridiculisant le Prophète Mahomet a déclenché des manifestations violentes dans plusieurs capitales de la région et une attaque à Benghazi (Libye), qui a causé la mort de quatre Américains, dont l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye.

Outre la question syrienne, les propos du pape sont très attendus sur le dialogue avec l'islam, la démocratie, mais aussi le conflit israélo-palestinien.

 

S'exprimant avant le pape, le président libanais Michel Sleiman a rappelé, dans son discours de bienvenue, que le Vatican et le Liban entretiennent des relations très étroites. Le chef de l’Etat a indiqué que la visite du pape soulignait l’"importance du rôle" du Liban dans la région et espéré qu’elle aura des répercussions bénéfiques sur le pays du Cèdre et les chrétiens de la région.

 

(Lire aussi : Strictes mesures de circulation routière pour la visite du pape)

 

"C’est un voyage du cœur pour le pape" dans le berceau du christianisme, "c’est aussi un voyage dans une région qui est le théâtre d’enjeux malheureusement négatifs et dangereux", avait déclaré, mercredi, Giovanni Maria Vian, le directeur de l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican. Pour l’Église, l’enjeu des crises actuelles au Moyen et Proche-Orient est le sort des chrétiens, dont elle veut éviter une émigration encore plus massive du berceau où elle est née.

 

A l'occasion de sa première visite au Liban, Benoît XVI prononcera pas moins de sept discours. Il s'agit de la deuxième visite de Benoît XVI au Proche-Orient, après la Terre sainte en 2009.

 

 

L'un des moments forts de la visite papale au Liban sera la rencontre avec les jeunes, chrétiens et musulmans, samedi à 18H00 (15H00 GMT) à Bkerké, siège patriarcal maronite (Eglise catholique orientale).

Samedi matin, il rencontrera au palais présidentiel les responsables politiques et religieux dont les chefs des communautés musulmanes (sunnite, chiite, alaouite et druze).

 

(Lire aussi : Le programme de la visite au Liban de Benoît XVI)

 

La visite sera clôturée dimanche matin par une messe solennelle en plein air sur le front de mer, au City Center Waterfront de Beyrouth. Quelque 75.000 places assises sont prévues, mais des milliers de personnes pourront aussi assister à la messe debout.

 

Selon les organisateurs, des délégations de chrétiens palestiniens, d'Egypte, de Chypre, de la Jordanie, de l'Irak et surtout de Syrie sont attendus samedi pour la rencontre du pape avec les jeunes et dimanche à la messe à Beyrouth.

 

Les autorités libanaises ont affirmé à plusieurs reprises que toutes les forces de l'ordre étaient mobilisées pour assurer une sécurité maximale, en coopération avec des services de renseignements étrangers.

De nombreuses routes, notamment dans le "pays chrétien" au nord de Beyrouth, ont été décorées des drapeaux libanais et du Vatican, et des bougies ont éclairé depuis jeudi soir des toits de maisons en hommage au pape.

 

 

Reportage

En Syrie, les chrétiens espèrent un encouragement du pape 

 

Lire aussi, l'éclairage de Scarlett Haddad : Unité de façade, bienvenue quand même, pour la visite du pape

 

Voir notre dossier sur la visite du pape du Liban, en cliquant ici

 

 

Une heure après être arrivé à la Basilique de Saint-Paul à Harissa, au nord de Beyrouth, le pape Benoît XVI a signé peu avant 19 h "l'exhortation apostolique", fruit du synode sur le Moyen-Orient qu'il avait présidé en 2010.
 
"L'exhortation apostolique est extrêmement importante dans ces circonstances", a indiqué le pape, tout en précisant que le synode sur le...

commentaires (4)

On croit entendre "sœur Emmanuelle" s'adresser à ses "chiffonniers" du Caire !

Antoine-Serge KARAMAOUN

02 h 52, le 15 septembre 2012

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Commentaires (4)

  • On croit entendre "sœur Emmanuelle" s'adresser à ses "chiffonniers" du Caire !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    02 h 52, le 15 septembre 2012

  • C'est dommage ce qui se passe à Tripoli. Qui est encore contre les CANTONS ?

    SAKR LEBNAN

    12 h 55, le 14 septembre 2012

  • C'est sûr que par rapport aux arriérés qui gouvernent dans la région, on peut dire que le Liban est un modèle si l'on considère que nos dirigeants sont moins arriérés. Mais ce qui fait désordre c'est que le pape dise ça au moment où nous avons des malades mentaux dans le nord qui cassent tout et qui veulent "un Etat islamique, pas un Etat croisé", et qui scandent : "O musulmans, dites-le assez fort, nous ne voulons pas du pape" ! Bonjour "l'heureuse convivialité, toute libanaise".

    Robert Malek

    10 h 43, le 14 septembre 2012

  • Religion cohabitation et prières sans distinction entre toutes les confessions tel est le vrai mesage du pape qu 'on ne peut qu' applaudir et lui souhaiter la bienvenue de tout coeur Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    09 h 31, le 14 septembre 2012

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