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À La Une - Société

La France (ba)lance le mariage gay

Sans surprise, la droite et l’Église fermement opposées au projet prévu pour début 2013.

Couverture du quotidien « la Croix » hier. Photo Google

Le gouvernement français a lancé hier le débat sur le mariage gay, promesse de campagne du président François Hollande, en dévoilant un projet de loi qui rencontre l’adhésion d’une majorité de Français. Les associations homosexuelles le demandaient depuis des années et c’était une des propositions-phares du candidat socialiste Hollande pour son projet de société radicalement différent de celui de son prédécesseur Nicolas Sarkozy qui n’entendait pas « sacrifier l’identité (française) à la mode du moment ».
La ministre de la Justice Christiane Taubira a donc dévoilé hier dans les colonnes du quotidien la Croix les grandes lignes du projet de loi autorisant mariage gay et adoption par les couples homosexuels. « Le projet de loi va étendre aux personnes de même sexe les dispositions actuelles du mariage, de la filiation et de la parenté », explique Mme Taubira. « Nous ouvrirons donc l’adoption aux couples homosexuels et ce, dans un cadre identique à celui actuellement en vigueur. Ils pourront, comme les autres, adopter de façon individuelle ou conjointe », a-t-elle dit. En revanche, il n’est pas prévu « d’élargir l’accès à la procréation médicalement assistée » comme les associations le demandaient, poursuit-elle. Dès le mois de juillet, dans son discours de politique générale, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait promis qu’« au premier semestre 2013, le droit au mariage et à l’adoption » serait « ouvert à tous les couples, sans discrimination ». « Notre société évolue, les modes de vie et les mentalités changent, des aspirations nouvelles s’affirment », avait-il dit aux parlementaires. Sur la procréation assistée, M. Ayrault a néanmoins reconnu qu’on « aurait pu aller plus loin » mais rappelé qu’il y avait des oppositions.
Le projet de loi sera, sauf surprise, adopté sans problèmes dans ses grandes lignes par l’Assemblée nationale et le Sénat où la gauche dispose d’une majorité absolue. La France rejoindra ainsi la dizaine de pays dans le monde à avoir autorisé le mariage homosexuel, des Pays-Bas, premiers à l’avoir fait en 2001, à l’Argentine (le dernier en 2010) en passant par l’Espagne ou le Canada.
Dans les faits, aujourd’hui, les couples homosexuels peuvent en France contracter un pacte civil, le Pacs. Créé en 1999 à l’issue de débats enfiévrés, il permet aux personnes de même sexe ou de sexe différent d’avoir les mêmes droits que les couples mariés dans le domaine des impôts ou de l’assurance, mais pas dans celui de l’héritage ou de l’adoption.
Par ailleurs, quelque 200 000 enfants vivraient dans des familles homoparentales, selon les associations, dont une partie ont été adoptés sans que le parent adoptant n’ait officiellement mentionné son homosexualité lors de ses démarches auprès des autorités. L’idée d’élargir le mariage aux couples homosexuels est selon les sondages largement acceptée par les Français qui étaient 65 % en août à y être favorables selon un sondage Ifop. Leur avis est plus partagé en ce qui concerne l’adoption (53 % se prononcent pour).
Les associations de défense des droits des homosexuels ont de leur côté salué les annonces de la ministre de la Justice, tout en regrettant que le projet de loi écarte l’accès pour tous à la procréation médicalement assistée. « L’égalité des droits doit être complète », écrit ainsi Jean-Luc Romero, président d’Elus locaux contre le sida, dans un communiqué. Il interpelle la ministre déléguée à la Famille Dominique Bertinotti. L’entourage de la ministre déléguée qualifie en effet les annonces de Christiane Taubira de « préprojet », ce qui laisse d’après lui la porte ouverte à des « évolutions ».

« Positions archaïques »
Au sein de la droite, la question continue sans surprise de faire débat tandis que l’Église y reste officiellement opposée. La présidente du Parti chrétien-démocrate Christine Boutin, une petite formation de droite, a réclamé hier un référendum pour que les Français s’expriment sur ce « sujet lourd dans ses conséquences pour la société », tandis que le député UMP Jacques Myard a promis de « combattre » ce projet.
Mais certains caciques conservateurs y sont favorables. Dénonçant « un écran de fumée » destiné à détourner l’attention des Français des hausses d’impôts annoncées dimanche par le président, l’ex-ministre des Sports Chantal Jouanno a aussi jugé que la droite ne devait pas pour autant « s’arc-bouter sur une position archaïque » et laisser « la modernité aux socialistes ».
La Conférence des évêques de France a quant à elle espéré trouver une position commune avec les représentants des autres confessions pour faire infléchir le gouvernement. Le week-end dernier, l’Institut Civitas, un mouvement proche des catholiques intégristes constitué de membres peu nombreux mais actifs, a lancé pour sa part une campagne pour « faire échec » au projet.
(Source : agences)
Le gouvernement français a lancé hier le débat sur le mariage gay, promesse de campagne du président François Hollande, en dévoilant un projet de loi qui rencontre l’adhésion d’une majorité de Français. Les associations homosexuelles le demandaient depuis des années et c’était une des propositions-phares du candidat socialiste Hollande pour son projet de société...

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