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À La Une - Politique

Face au régime syrien, le 14 Mars affûte ses armes

L'opposition libanaise réclame l’expulsion de l’ambassadeur de Syrie et l’aide de la Finul.

 

À Paris, Walid Joumblatt et Saad Hariri ont mis fin hier soir à une quasi-rupture de 18 mois. Photo Dalati et Nohra

Le 14 Mars a réclamé hier une série de mesures urgentes de l’État pour faire face à la situation dangereuse que connaît le Liban du fait des retombées de la crise syrienne. Jugeant que le gouvernement en place est incapable de prendre ces mesures, l’alliance appelle à la formation d’un cabinet de « salut national » neutre et demande principalement l’expulsion de l’ambassadeur de Syrie à Beyrouth, le gel de l’application des accords libano-syriens et la contribution de la Finul au contrôle de la frontière entre les deux pays.


Ces demandes sont formulées dans un mémorandum signé par les députés du 14 Mars et transmis hier au chef de l’État, Michel Sleiman, par le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora.


Voici de larges extraits de ce texte :
« Les frontières du Liban, son territoire, sa paix civile et l’unité de sa société font l’objet d’agressions non pas uniquement de la part de l’ennemi israélien, mais aussi, hélas, de la part du régime au pouvoir en Syrie, le pays arabe frère le plus proche.


La lumière faite sur le dernier complot en date, qui visait à semer la discorde au Liban par le recours à des attentats et des assassinats, notamment dans le Akkar, est une preuve flagrante de la détermination du régime syrien à continuer à porter atteinte à la sécurité du Liban et des Libanais.


De plus, les incidents que le Liban a connus ces dernières semaines, comme les affrontements armés qui se déplacent d’une région à l’autre, les apparitions d’éléments armés, les intimidations, les enlèvements de citoyens libanais et de ressortissants étrangers, parallèlement à la découverte du grand complot terroriste, la multiplication des violations syriennes à la frontière et les heurts délibérément provoqués à Tripoli ont ramené les Libanais non seulement à la phase d’avant l’accord de Doha, mais aussi aux images tragiques des années soixante-dix et quatre-vingt.


Les agressions du régime syrien contre le Liban ont été précédées de nombreuses tentatives de tromper l’opinion publique libanaise, arabe et internationale sur ce qui se passe à la frontière libano-syrienne.


En dépit de tout cela, nous constatons que le gouvernement ferme les yeux de manière honteuse sur les attaques répétées de l’armée régulière syrienne contre le territoire et le peuple libanais.


Cette négligence gouvernementale est due à de nombreuses causes, en particulier à la tutelle qu’exercent certaines parties locales, et à leur tête le Hezbollah, sur l’action du cabinet, et surtout sur celles des ministères des Affaires étrangères et de la Défense.


Les députés signataires de ce mémorandum prennent acte des positions nationales exprimées par le chef de l’État, mais notent dans le même temps que la teneur de ces positions n’a pas été traduite par des prises de position officielles, franches ou pratiques de la part du gouvernement.


Ce gouvernement n’a pas eu le courage non plus d’affronter les rapts, les atteintes contre les gens, le blocage des routes, les actes pyromanes, les heurts armés, les apparitions d’armes en hausse, l’expression des revendications par des procédés illégaux et les coups portés délibérément contre le prestige de l’État.


Tous ces phénomènes n’auraient pas eu droit de cité n’était-ce la présence d’armes non légales, notamment celles du Hezbollah, armes miliciennes par excellence. Sans ce problème, la situation politique, économique et sociale ne se serait pas détériorée au point où elle l’est, d’autant que ces armes illégales engendrent d’autres armes illégales et donnent naissance à des organisations et des ailes armées tout aussi illégales dans plusieurs régions du pays.


Le temps a montré de façon indubitable qu’il n’est guère possible de faire confiance au gouvernement en place pour gérer la chose publique. Et le pire dans ce cabinet, c’est que, par son silence face au crime politique organisé, il en est arrivé au stade de la complicité avec les criminels. »

Les mesures préconisées
« De tout ce qui précède, il ressort qu’une seule leçon doit être tirée : ce gouvernement n’est pas à la hauteur des responsabilités qui lui incombent. Il est incapable de réunifier les rangs nationaux, de recouvrer le prestige de l’État, de prendre la posture nationale forte et la décision souveraine, indépendante et adéquate face à tout ce qui menace l’indépendance du Liban, sa souveraineté, l’unité de son territoire et son intégrité, et enfin d’empêcher son glissement vers la catégorie des États défaillants.


En conséquence de quoi, les députés signataires proposent (au chef de l’État) une série de mesures, par exemple :
– déférer l’affaire du complot des criminels (Michel) Samaha et (Ali) Mamlouk à la Cour de justice, dans la mesure où il s’agit de crimes portant atteinte à la sûreté de l’État libanais ;
– geler l’application des accords sécuritaires conclus (entre le Liban et la Syrie) ainsi que l’action du Conseil supérieur libano-syrien en prélude à une révision de tous les accords judiciaires et sécuritaires liant les deux États ;
– mettre en garde tous les Libanais contre les risques d’entrée sur le territoire syrien et demander à tous ceux qui s’y trouvent de le quitter immédiatement ;
– soumettre la question des agressions syriennes répétées contre le Liban à la table du Conseil des ministres et prendre la décision de déposer une plainte auprès de la Ligue arabe;
– informer le Conseil de sécurité de l’ONU des données disponibles au sujet de l’attentat contre la sûreté du Liban de la part de responsables au sein du régime syrien ;
– demander, en accord avec le Premier ministre, l’aide de la Finul pour le contrôle de la frontière libano-syrienne, conformément aux dispositions de la résolution 1701 ;
– considérer l’ambassadeur de Syrie à Beyrouth comme persona non grata du fait de ses activités plus assimilables aux renseignements qu’à la diplomatie, et parce qu’il supervise des opérations de rapts, d’agressions et de liquidations;
– réunir le gouvernement afin qu’il prenne une décision immédiate de retirer les armes non légales simultanément des quartiers de Jabal Mohsen et Bab el-Tebbaneh (à Tripoli) ;
– charger l’armée libanaise de prendre les mesures nécessaires pour libérer les otages détenus au Liban et arrêter les kidnappeurs ;
– négocier avec les Nations unies pour obtenir l’adjonction de toutes les attaques menées après le 12/12/2005 à l’affaire de l’assassinat de Rafic Hariri, de façon à reconnaître la compétence du Tribunal spécial pour le Liban dans ces affaires.
Tout cela nécessite un éveil de la responsabilité nationale, d’où le besoin d’un gouvernement de salut national qui adopterait la neutralité entre les protagonistes politiques et se chargerait de faire régner la loi et de rétablir un minimum de sûreté. Il n’y a pas d’alternative à la mise en place d’un nouveau cabinet d’un type différent et qui agirait pour stopper l’effondrement. »

Le 14 Mars a réclamé hier une série de mesures urgentes de l’État pour faire face à la situation dangereuse que connaît le Liban du fait des retombées de la crise syrienne. Jugeant que le gouvernement en place est incapable de prendre ces mesures, l’alliance appelle à la formation d’un cabinet de « salut national » neutre et demande principalement l’expulsion de...
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