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À La Une - Liban

Ferme engagement du gouvernement et des députés en faveur de la loi antitabac

Le Premier ministre juge utile de former une commission mixte, pour examiner les doléances des restaurateurs, mais insiste sur l’entière mise en œuvre de la loi.

Le Premier ministre assurant au député Robert Fadel et à la journaliste Rania Baroud, responsable de la campagne « Vie libre sans fumer », que les amendes prévues par la loi 174 seront appliquées, sans compromis. Photo Dalati et Nohra

« Le gouvernement s’engage à mettre en œuvre l’interdiction de fumer dans les espaces publics clos. » Tel est le mot d’ordre de l’exécutif, exprimé hier par le Premier ministre Nagib Mikati, devant une délégation des propriétaires de restaurants, de cafés, de boîtes de nuit et de pâtisseries, venus débattre au Grand Sérail de possibles amendements de la loi antitabac, entrée en application depuis lundi. Le chef du gouvernement a défendu avec intransigeance l’intégralité de la loi 174 « promulguée par le Parlement il y a un an déjà et suivie d’une campagne sur son impact positif sur la santé, l’environnement et la civilisation ». « Les parties qui se plaignent des répercussions négatives de cette loi auraient mieux fait de faire entendre leurs griefs lors de l’examen du texte de loi en commissions parlementaires, ou immédiatement après sa promulgation, en proposant des solutions alternatives », a ajouté Nagib Mikati. Un discours qu’il a réitéré devant les responsables de la campagne civile « Une vie libre sans fumée », derrière la proposition de la loi antitabac, accompagnés par le député Robert Fadel, fort de l’expérience du centre commercial ABC, l’un des premiers établissements à interdire la cigarette dans ses locaux, avant même l’entrée en application officielle de la loi.

Déclarations sans teneur
Néanmoins, devant la délégation de restaurateurs, le chef du gouvernement a laissé entendre la possibilité d’amender cette loi, de sorte à concilier « l’intérêt et la pérennité des commerces touristiques, avec la volonté des nombreux citoyens convaincus, à juste titre, des effets fort néfastes de l’action de fumer ». Il a ainsi jugé « utile de former une commission mixte, composée de délégués des ministères concernés (NDLR : Tourisme, Intérieur, Économie et Santé), de parlementaires et de représentants des instances qui s’opposent à la loi 174, afin d’étudier tous les pourtours du dossier, loin des démarches négatives, des grèves ou des fermetures d’établissements ».
Mais ces déclarations semblent manquer de teneur concrète. De quelles propositions d’amendement s’agit-il? Quels sont les contours de ce « plan d’action global » en cours d’étude, sous l’égide du ministre du Tourisme, pour une application efficace de la 174 ? Les députés et ministres sont-ils disposés à débattre d’un possible amendement du texte adopté ?
Le député Atef Majdalani, qui préside la commission parlementaire de la Santé ayant soumis la loi au vote de l’Assemblée, est catégorique quant à sa mise en œuvre. « Quel amendement de la loi ? Qu’y a-t-il à modifier ? », demande-t-il, en réponse à une question de L’Orient-Le Jour. « Le texte sera appliqué dans son intégralité, et la pertinence de toute réforme, si elle devait être appliquée, ne saurait être évaluée qu’après une période de un à deux ans d’application effective de la loi », a-t-il ajouté. Interrogé sur la quasi-absence de mesures transitoires qui auraient dû être imposées aux restaurateurs depuis un an, le député Majdalani a rappelé que « nous avions envisagé d’imposer l’aménagement de deux espaces séparés fumeurs/non-fumeurs, de sorte à réduire graduellement l’espace fumeurs, sauf que la mise en application de cette mesure aurait conduit à léser les restaurants aménagés sur un espace réduit. Pareille démarche n’aurait été favorable qu’aux grands établissements, qui sont d’ailleurs les moins nombreux ». Se désolant du fait que « d’aucuns prennent à la légère les mesures adoptées par l’État et parient sur leur non-applicabilité », il a insisté sur le fait que « tout amendement éventuel de la loi doit passer par le Parlement ».

« L’illusion » des restaurateurs...
Le ministre du Tourisme Fadi Abboud a lui aussi insisté sur ce point, rappelant à « ceux qui ignorent les mécanismes institutionnels que le gouvernement ne fait qu’exécuter la loi ». Tout propos sur un amendement immédiat de la loi « n’est qu’illusoire ». « D’aucuns se leurrent à penser que leurs problèmes seront résolus en quelques jours. Ils n’ont qu’une seule issue : le Parlement », a-t-il affirmé, en référence à la déclaration du président du syndicat des restaurateurs Paul Ariss, ayant exprimé l’espoir, à l’issue de son entretien avec le Premier ministre hier, d’atteindre « très prochainement une solution relative aux cafés et boîtes de nuit, les restaurants s’étant entièrement conformés à l’interdiction de fumer ». Le ministre Abboud a conseillé aux restaurateurs concernés de « s’organiser plus efficacement et d’adopter une meilleure approche que les menaces de fermeture, en transmettant leurs doléances aux députés et en pariant sur la prochaine séance plénière ». Il a estimé ainsi envisageable, éventuellement, l’idée d’aménager « des établissements consacrés aux fumeurs, qui seraient interdits aux mineurs et qui nécessiteraient une licence d’exploitation ». Fermement convaincu de la mise en œuvre de la loi, il a néanmoins déploré le manque d’effectifs disponibles pour traduire cette volonté. « Comment exécuter une loi sans méthode sérieuse ? » a-t-il demandé, évoquant « 17 plaintes reçues la nuit dernière (lundi à mardi) sur des violations de l’interdiction de fumer, alors que le ministère ne dispose que de deux patrouilles de nuit ».

 

 

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