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Liban - Développement

Le Liban vert des Casques bleus

L’inauguration d’une installation d’éclairage public à énergie solaire au Liban-Sud met en évidence les projets environnementaux de la Finul. Grand point d’interrogation : la capacité des autorités locales à assurer le suivi des projets.

Des soldats italiens examinant la qualité du sol dans une décharge à Maarakeh au Liban-Sud. Photo du contingent italien, 15 juin 2012

Malgré les fumées noires qui s’élèvent tous les soirs dans le ciel libanais, de l’espoir existe encore pour notre environnement. En avril dernier, à Chamaa au Liban-Sud, a été inaugurée une installation d’éclairage public à technologie LED. La source du courant électrique est l’énergie solaire, stockée par des panneaux situés au-dessus de chaque lampe. Deux avantages de l’installation : la sauvegarde de l’environnement et une solution aux coupures de courant.
Bien que la résolution 1701 de l’ONU rattache la mission des Casques bleus au domaine de la sécurité locale et internationale, leur œuvre ne se limite pas exclusivement à celle-ci. En témoignent les nombreux projets environnementaux qu’elle promeut depuis l’arrivée de la Finul II en 2006. Ces projets naissent tous de la demande de la population et des municipalités auprès de la Finul pour qu’elle finance ces activités. Ils sont le fruit d’une collaboration entre les Casques bleus et les habitants. Les projets environnementaux entrent alors dans le cadre CIMIC (civil-military cooperation). Dans le secteur ouest, région allant du littoral jusqu’à Houla, les projets sont menés par le contingent italien, le principal promoteur de ces activités, et le contingent coréen. Ces projets constituent certes un grand coup de main pour le développement durable au Liban-Sud, mais leur réussite et durabilité dépendent aussi de la capacité des municipalités à en assurer le suivi, ce qui n’est pas toujours évident.

Trois projets phares
Les projets de la Finul au Sud-Litani, en particulier ceux du contingent italien à la tête du secteur ouest, sont regroupés essentiellement en trois projets phares : le nettoyage des plages de Naqoura à l’occasion de l’Ecoday, l’implantation d’éclairage LED et le contrôle et l’analyse des sols dans les environs de décharges. Au début de chaque saison estivale à Naqoura, des Ecodays – journées pour la sauvegarde de l’environnement – sont organisés, durant lesquels on nettoie la plage publique. À cet événement participent les Casques bleus, la population, mais aussi les scouts et des ONG. Ils contribuent à garder une des plus belles plages du sud toujours propre et attractive pour les amoureux des plages de sable.


En outre, dans cette période au cours de laquelle l’énergie au Liban est un vrai enjeu, l’éclairage à base d’énergie solaire, grâce à la Finul, a touché les villages du Sud, comme celui de Chamaa. Aujourd’hui, selon des sources officielles du contingent italien, dix municipalités bénéficient de ces installations. Depuis 2007, en moyenne deux municipalités par an voient cet éclairage installé dans une de leurs rues. Dans le secteur ouest, la municipalité de Qasmiyeh est celle qui, à ce jour, a le plus de lampes à technologie LED : on en compte 500 dans tout le village.


Le troisième projet phare de la Finul est le traitement des déchets et tous les contrôles qui vont avec, comme la vérification de la qualité des sols, dans des lieux où se situaient jadis des décharges abusives. Les soldats italiens vont régulièrement dans ces lieux, comme à Maarakeh, pour effectuer des contrôles chimiques et radiologiques des sols, et dépister la présence de toxines, potentiellement rejetées par les déchets, les implantations industrielles, ou la combustion de matières plastiques et hydrocarbures. Ils recueillent des échantillons qui sont ensuite analysés dans le laboratoire de la base militaire de Chamaa. Ce contrôle permet d’abord de dépister toute pollution des sols et des nappes phréatiques sous-jacentes, mais aussi de rassurer la population sur la qualité de leurs récoltes et de l’eau de leurs puits.
Ces différents projets sont régulièrement accompagnés de nombreux dons de la part de la Finul aux autorités locales, servant essentiellement au traitement des déchets. En effet, suite à un entretien avec le commandant du secteur ouest, le général Zauner, il s’est avéré que parmi les dons du contingent italien figurent 24 camions pour la collecte des déchets, trois compacteurs et deux machines pour leur traitement. Ces aides ont permis d’augmenter la capacité de traitement des décharges, évitant ainsi d’accroître le nombre de celles qui sont abusives et sauvages.

Un suivi assuré ?
Chaque projet est fait en collaboration et avec le consensus des autorités locales, et surtout il est soutenu par la demande de la population. Mais l’enthousiasme mis lors de la réalisation de ces projets ne peut à lui tout seul garantir leur réussite. En effet, ces projets obtiennent des résultats surtout à long terme – s’agissant de développement durable – ce qui veut dire que le suivi et la maintenance des différents dispositifs sont primordiaux pour le succès de ces projets. La Finul, voyant cet enthousiasme, fait confiance à la capacité des municipalités et de la population à poursuivre le travail déjà entrepris par elle-même, et leur laisse donc la tâche du suivi et de la maintenance, ce qui malheureusement n’est pas toujours fructueux. Une source officielle de l’Union des municipalités de Tyr s’est exprimée à ce sujet et a admis que malheureusement, certains de ces projets tombaient à l’eau au bout d’un certain temps. Par exemple, certaines des routes à éclairage LED ne peuvent être illuminées, car les municipalités n’arrivent pas à assurer la maintenance du dispositif, soit par manque de qualification, soit par négligence. Dans d’autres municipalités, le tri sélectif a été abandonné malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation organisées en collaboration avec la Finul. Car, au Liban, c’est toujours le même problème, on veut des résultats tout de suite, et on ne comprend pas que le progrès et le développement durable nécessitent de projets ancrés dans la durée. Construire des immeubles et asphalter des routes, voilà le progrès !


Il est nécessaire de continuer le travail de sensibilisation aux problèmes de l’environnement desquels dépendent aussi le développement infrastructurel et la croissance économique du pays. Le porte-parole du commandant du secteur ouest, le capitaine Marco Di Lorenzo, a déclaré à L’Orient-Le Jour : « Le Liban est un très beau pays qui s’étend sur un territoire dans lequel la faune et la flore présentent une biodiversité unique et dans lequel les paysages sont d’une rare beauté. Il peut avoir un avenir prospère garanti par ce même environnement, s’il continue à le protéger de la pollution et de l’exploitation sauvage. » Il ne reste plus qu’à espérer que les Libanais et leurs dirigeants prennent conscience de tout cela.

 

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