Châssis noirs, 4x4, séries limitées... Pour coller aux désirs du papa moderne féru de belle mécanique, les poussettes se sont réinventées ces dernières années pour devenir des accessoires high-tech et stylés. Quand sonne le choix crucial de la poussette pour leur progéniture, les jeunes pères sont de plus en plus nombreux à s’impliquer, assurent fabricants et vendeurs. « Le papa est décisionnaire pour la poussette dans le choix du modèle technique – on parle de suspensions, de types de roues, de freins, les papas s’y retrouvent », explique Vital Ledru, commercial en France pour la marque hollandaise Bugaboo. « Il y a un design qui peut leur parler, un positionnement de marque qui peut leur plaire. Ça se rapproche de l’automobile », ajoute-t-il. « Il y a la 3-roues, la 4x4, la citadine, la berline – ce sont des voitures ! » renchérit Dann Haccoun, directeur de la grande surface de puériculture Sauvel, à Paris.
Conscient du filon, le duo de couturiers néerlandais Viktor et Rolf a sorti il y a quelques semaines une poussette en édition limitée baptisée « Ma première voiture », en collaboration avec Bugaboo : couleur taupe, repose-bras et capote en faux cuir, roues tout-terrain et fausse plaque d’immatriculation. Un ciblage qui colle à la multiplication ces dernières années des photos de papas people en train de promener leurs têtes blondes sur quatre roues, du footballeur David Beckham à l’acteur Matt Damon, en passant par Chris Martin, du groupe Coldplay.
À Paris, au volant d’une double poussette rutilante accueillant ses deux jeunes fils, Olof Hallerman, consultant suédois en congé sabbatique, confie que cet achat a été « une décision prise à 50-50 » avec sa femme Anna. Tous deux ont choisi d’acquérir cette poussette à plus de 1 000 euros en lieu et place d’une voiture : « C’est notre Mercedes », plaisante-t-il. Lui aurait préféré un modèle adapté à la course à pied, mais avoue en souriant avoir « perdu cette bataille ».
Dans la gamme des nouveautés susceptibles de séduire les couples globe-trotter, la marque française Babyzen a créé une poussette compacte, aisément pliable, d’un clic, et pouvant passer en bagage à main dans un avion. « L’idée, c’est qu’un homme aux manettes d’une poussette ne se sente jamais ridicule », souligne l’inventeur, Jean-Michel Chaudeurge.
Une poussette ultrapratique, bien éloignée de l’instrument de torture impossible à plier dont se plaint la comique Florence Foresti dans un sketch tiré de son spectacle Motherfucker. « On est en 2010, on fait du feu avec un iPhone, mais on peut toujours pas plier cette merde », râle-t-elle en soupçonnant les constructeurs d’être « forcément des hommes qui n’aiment pas les femmes »...
La tentative de séduction du client masculin va jusque dans les accessoires. Exit, par exemple, les sacs à langer classiques, attachés à la poussette et censés contenir biberons, couches et autres affaires personnelles. « On n’a pas spécifiquement de sacs à langer – c’est un fourre-tout moderne, conçu avec des rangements pour ordinateurs etc, mais aussi pour le change et le biberon. Et on les a dessinés plutôt mixtes, voire masculins », fait valoir Vital Ledru, de Bugaboo. « Je suis papa, et quand je m’occupe de ma fille le week-end je n’ai pas envie de sortir avec un sac à fleurs. »
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