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Moyen Orient et Monde - Syrie

Un nouveau massacre à Daraya et près de 500 morts en 48 h

Assad promet de vaincre la rébellion à « n’importe quel prix ».

À Daraya les corps jonchent le sol attendant d’être enterrés.  LCC Syria/AFP

Le président syrien Bachar el-Assad a promis hier de vaincre à « n’importe quel prix » la rébellion, après la mort de centaines de personnes dans une vaste opération de l’armée dans une banlieue de Damas. « Le peuple syrien ne permettra pas au complot étranger de réussir » et le vaincra, a ainsi déclaré le chef de l’État, en recevant Alaeddine Boroujerdi, un émissaire de Téhéran, selon l’agence officielle SANA.
C’était la première fois que les médias rapportaient des déclarations de M. Assad depuis qu’un responsable syrien a évoqué mardi pour la première fois la possibilité de discuter d’un départ du président syrien dans le cadre de négociations avec l’opposition. Mais le chef de la diplomatie syrienne Walid Moallem, un des faucons du régime, a nuancé cette proposition en écartant toute négociation tant que le pays n’aurait pas été « purgé » des rebelles, a rapporté l’agence iranienne IRNA après une rencontre avec M. Boroujerdi. Ce dernier a déclaré à l’issue de cette rencontre que son pays considérait la sécurité de la Syrie comme la sienne. « En conséquence, nous resterons aux côtés de nos frères syriens », a-t-il souligné.

320 corps
Les promesses répétées d’écraser la rébellion assimilée à du « terrorisme » par le régime ont coïncidé avec l’annonce par une ONG syrienne de la découverte d’au moins 320 corps dans la localité majoritairement sunnite de Daraya, à sept km au sud de Damas, où l’armée a lancé il y a cinq jours une vaste opération. La plupart des corps, dont certains ont été sommairement exécutés, ont été découverts samedi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) qui a fait état selon un décompte provisoire de 15 femmes et de 14 enfants parmi les victimes.
Londres s’est « dit profondément inquiet » d’un possible « massacre sauvage de civils » tandis que des militants dénonçaient un nouveau « massacre odieux du régime ».
Maintes fois accusé d’avoir commis des massacres depuis le début du conflit, le régime a rétorqué, via SANA, que son armée avait « nettoyé » Daraya des « terroristes mercenaires qui ont commis des crimes contre les habitants, les ont terrorisés et ont détruit les propriétés publiques et privées ». D’après les témoignages de militants, le régime « a imposé un blocus, coupé les approvisionnements vers Daraya puis bombardé sans discernement avec des avions et des armes lourdes. Des bandes criminelles ont mené par la suite des exécutions sommaires et (des victimes) ont été démembrées, brûlées ».
La province de Damas restait par ailleurs sous le feu des hélicoptères et de l’artillerie de l’armée, selon l’OSDH. L’armée avait affirmé fin juillet contrôler entièrement la capitale avant d’être démentie sur le terrain avec une reprise des combats, devenus quotidiens, notamment dans les quartiers de Jobar et de Tadamoun.

Neuf balles
Hier, au moins 151 personnes ont péri dans les bombardements de l’armée et les combats entre soldats et rebelles à travers le pays, selon la chaîne satellitaire al-Arabiya, portant à près de 500 le nombre de tués en 48 heures.
Dans la ville stratégique d’Alep, où se joue depuis plus d’un mois la « mère de toutes les batailles » selon le régime, les rebelles continuaient à résister à l’armée.
Mika Yamamoto, la reporter de guerre japonaise tuée en couvrant la rébellion, a reçu neuf balles dont une fatale dans le cou, a annoncé hier la police à l’issue de l’autopsie qui a duré six heures à Tokyo. Le corps de la journaliste a été rapatrié par avion d’Istanbul, accompagné par son collègue de longue date Kazutaka Sato et deux de ses sœurs. Le chauffeur syrien qui a emmené la journaliste jusqu’à Alep a indiqué qu’elle avait été abattue par les hommes d’une milice loyale au président Bachar el-Assad alors qu’elle suivait des rebelles dans une mission de sauvetage de civils.
Sur le plan diplomatique, la presse officielle a appelé le nouveau médiateur international, Lakhdar Brahimi, à ne pas suivre le même chemin que son prédécesseur Kofi Annan qu’elle a accusé de s’être « plié aux pressions des Occidentaux et Américains », pour qui toute solution au conflit passe par le départ de M. Assad. M. Brahimi s’est jusqu’ici gardé de prendre position sur ce sujet, au grand mécontentement de l’opposition.

Les initiatives d’Hollande
Par ailleurs, le président français François Hollande a promis que la France prendrait de nouvelles initiatives pour aider au soulèvement en Syrie, sans autre précision. Le pouvoir de Bachar el-Assad, a répété le président français, « disparaîtra parce que, et c’est la leçon que nous pouvons livrer au monde : quand la liberté est en marche, rien ni personne ne peut l’arrêter ». Le « combat pour la liberté de la France en 1944 a servi de référence à tant de peuples du monde », a aussi relevé le chef de l’État. « Et encore aujourd’hui, c’est vers Paris que des résistants, des opprimés, des rebelles se tournent quand ils se lèvent pour renverser un tyran », a-t-il ajouté.
L’Égypte a défendu hier son idée d’un groupe régional de contact sur la Syrie, qui inclurait l’Iran, en assurant que Téhéran pouvait « faire partie de la solution » à la crise.

Endiguement
Parallèlement, l’armée irakienne tente d’endiguer les débordements de la crise syrienne, renforçant les contrôles à la frontière. Les troupes irakiennes protégeant la frontière poreuse avec la Syrie ont été visées il y a deux jours par deux roquettes près du point de passage d’al-Kaim, situé dans l’ouest du pays, sur l’Euphrate, mais aucun blessé n’était à déplorer, ont annoncé les autorités au cours du week-end. Les forces irakiennes se sont de nouveau retrouvées sous les tirs, tôt hier matin, sans que l’on puisse déterminer avec précision qui était derrière la fusillade. La semaine dernière, un obus de l’armée syrienne est tombé sur al-Kaim, endommageant un bâtiment, mais ne causant aucune perte.
La Turquie a de son côté temporairement cessé d’accueillir des réfugiés sur son sol, maintenant les candidats à l’exil en territoire syrien afin de mettre en place des structures capables de recevoir un nombre croissant d’arrivants.

 

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commentaires (4)

Je doute que M. Brahimi s'aplatisse comme une carpette devant Assad et ses affidés. Il connaît trop bien l'état d'esprit et le manque total de franchise de ce «leader»-là. Seule une intervention, venue de l'intérieur, pourrait débarrasser le peuple syrien de cette Folie.

G.F.

02 h 41, le 27 août 2012

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Commentaires (4)

  • Je doute que M. Brahimi s'aplatisse comme une carpette devant Assad et ses affidés. Il connaît trop bien l'état d'esprit et le manque total de franchise de ce «leader»-là. Seule une intervention, venue de l'intérieur, pourrait débarrasser le peuple syrien de cette Folie.

    G.F.

    02 h 41, le 27 août 2012

  • A n'importe quel prix ! Paroles que SEUL HITLER, et l'on sait ce qu'il en est advenu de lui, avait prononcées avant lui.

    SAKR LEBNAN

    02 h 25, le 27 août 2012

  • C'est sûrement une des tares de la dynastie des dictateurs Assad ,au Liban durant les années de plomb de l'occupation l'armée syrienne était prête à faire la guerre à Israel jusqu'au dernier libanais... ,maintenant dans la guerre civile à domicile ,il vaudrait faire la guerre jusqu'au dernier syrien..., faut arrêter ce dingue criminogène...

    M.V.

    23 h 43, le 26 août 2012

  • L'émissaire spécial de Téhéran à Damas, Alaeddine Boroujerdi, félicite Assad pour son génocide à Daraya, l'assure que la sécurité de son régime fait partie de la sécurité de l'Iran et qu'il peut donc continuer tranquillement ses massacres. Sous l'effet de cette dose de soutien iranien dans le crime, Assad promet qu'il vaincra à n'importe quel prix, c'est à dire même s'il lui faut exterminer tout le peuple syrien. Le vendredi les milliers de manifestants syriens pour la liberté criaient : "Le monde nous dégoûte". Comme ils ont raison ! En ne faisant rien d'efficace pour arrêter le génocide commis par les deux régimes nazis du Moyen-Orient, celui de Téhéran et celui de Damas, avec couverture de la Russie et de la Chine, le monde participe à ce génocide. Cela donne littéralement la nausée.

    Halim Abou Chacra

    22 h 23, le 26 août 2012

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