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Sur le flanc du piton de la Fournaise...

Surveiller, communiquer, faire des recherches

De la lave volcanique qui a atteint la côte de l’océan Indien.

C’est un jour somme toute banal à l’Observatoire du piton de la Fournaise, un volcan qui n’a pas donné de signes d’activité depuis quelque deux ans. Peu avant de se consacrer à une vidéoconférence avec l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP), qui gère tous les observatoires dans les territoires français d’outre-mer, Andrea Di Muro, directeur de l’institution, consacre quelques minutes pour répondre aux questions des journalistes sur le travail de l’équipe.
« Nous avons tous, en théorie, des mandats de quatre ans, après lesquels nous sommes mutés, dit-il. J’étais moi-même en Guadeloupe avant, puis je serai à Paris après La Réunion. Nous avons des conférences de mise au point avec l’IPGP chaque semaine. Chaque observatoire est indépendant, mais partage ses données avec les autres. »
La mission de l’observatoire, selon son directeur, consiste à surveiller le volcan, communiquer les données aux spécialistes et au grand public, et faire de la recherche. « La surveillance nous fournit des informations que nous communiquons à la préfecture, dit-il. Dans le système français, il y a une distribution claire des rôles. Nous collectons les informations mais nous ne prenons pas de décision. Nous leur envoyons des bulletins chaque jour ou chaque semaine, et c’est à eux de décider du niveau d’alerte. »
Dans le cas du piton de la Fournaise, il y a les niveaux d’alerte suivants : vert quand il n’y a aucun risque, jaune quand il faut faire preuve de vigilance mais que le volcan reste accessible, et rouge quand le niveau d’alerte est très élevé. « Il faut savoir que le stade final de l’éruption, quand le magma est libéré, peut survenir très vite, en une vingtaine de minutes, précise-t-il. Comme cette dernière étape est très rapide, les habitants doivent avoir déjà été évacués. »
Pour la communication des données générales à ceux qui en ont besoin, notamment les écoles, les universités, les groupes ou encore le grand public, l’observatoire a établi un partenariat avec le Musée du volcan (qui est actuellement en rénovation). « C’est à travers lui que les informations sont disséminées », précise le directeur.
Enfin, pour ce qui est de la recherche, la moitié de l’équipe est formée de techniciens ingénieurs, et l’autre de chercheurs en différentes disciplines. « Mais notre équipe est réduite, une dizaine de personnes, peut-être vingt avec les étudiants, affirme M. Di Muro. Si nous comparons avec Hawaii, où l’observatoire existe depuis un siècle, tout ici est plus petit, le centre n’ayant été établi que depuis 1979. »

Dernière évacuation
en 1977
C’est le vulcanologue Thomas Staudacher qui décrit le déroulement du travail au quotidien dans l’observatoire. « Quand il y a une éruption, la surveillance est effectuée en permanence, souligne-t-il. Dans le passé, un des membres de l’équipe devait rester dans ces cas-là à l’observatoire jour et nuit. Maintenant, avec Internet, nous pouvons faire la permanence de chez nous, en branchant nos ordinateurs sur le réseau informatique de l’observatoire et en vérifiant les données en relation avec la sismicité, la déformation du volcan... Les deux premiers jours il faut tout de même vérifier l’évolution de la situation de près, jusqu’à ce que l’éruption soit bien installée, c’est-à-dire lorsque la sismicité et la déformation du volcan se sont interrompues. Une personne sera chargée d’observer dans la nuit l’évolution de la situation. »
Le scientifique fait état de l’existence d’alertes automatiques. « Si l’intensité de l’éruption augmente de manière significative, une alarme téléphonique alerte la personne chargée de la mission d’observation, souligne-t-il. Elle se branchera alors pour collecter les informations. En analysant les données, nous pouvons décider d’avertir la préfecture et la protection civile. À ce moment, un des membres de l’équipe se dirige vers l’observatoire et, le lendemain, effectue avec la police un survol du site pour évaluer la situation. »
Interrogé sur les mesures de protection pour la population en cas d’éruption, Andrea Di Muro fait remarquer que « la population n’est pas répartie de manière égale sur l’île, il y a moins d’habitants sur cette partie de la côte » (proche du piton). « La dernière éruption à avoir nécessité une évacuation remonte à 1977, quand trois mille personnes ont été déplacées du village de Sainte-Rose, poursuit-il. Depuis que le centre existe, il y a eu peu d’occasions d’évacuer des populations, et il s’agissait d’un nombre très limité de personnes. »
Il ajoute : « La procédure est la suivante : nous essayons d’identifier où l’éruption aura lieu. Nous localisons l’endroit où le volcan est en train d’enfler. Jusque-là, la seule procédure est celle de l’évacuation. Il n’y a pas encore de possibilité de détourner la lave. En principe, le pays doit préparer des plans de prévention des risques (PPR), selon la loi française. Mais il y a eu du retard. Souvent, les mairies ne sont pas très pressées de s’acquitter d’une telle tâche, afin que la détermination des risques n’influe pas sur les prix des terrains. »
C’est un jour somme toute banal à l’Observatoire du piton de la Fournaise, un volcan qui n’a pas donné de signes d’activité depuis quelque deux ans. Peu avant de se consacrer à une vidéoconférence avec l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP), qui gère tous les observatoires dans les territoires français d’outre-mer, Andrea Di Muro, directeur de...