Rechercher
Rechercher

Sur le flanc du piton de la Fournaise...

Les éruptions volcaniques auraient-elles effrayé les navigateurs arabes ?

Andrea Di Muro : « Nous avons besoin de comprendre quel type d’éruptions l’île a connu par le passé. »

Pour prévoir les éruptions volcaniques, les données historiques sont généralement d’une grande utilité. Mais elles ne sont pas toujours disponibles au piton de la Fournaise, dans une île qui, elle-même, n’a été habitée que depuis quelques siècles. « Comparé à d’autres, ce pays est très jeune : les Européens n’y ont mis les pieds qu’il y a environ trois siècles et demi, alors qu’il n’y avait pas de populations indigènes avant leur arrivée, explique Andrea Di Muro, directeur de l’Observatoire vulcanologique du piton de la Fournaise. Seuls les navigateurs arabes étaient passés près de l’île, mais ils n’y sont pas descendus : nous pensons que les éruptions du volcan y étaient pour quelque chose. Les Européens, au début, étaient installés à l’autre bout de l’île et ne se sont que graduellement installés dans cette zone. Quand on pense que pour l’Etna (Italie), nous avons des archives remontant à l’époque grecque... Pour le piton de la Fournaise, les archives les plus anciennes datent du XVIIIe siècle. En ce temps-là, les gens pensaient que ce volcan était le seul en activité. Mais quand nous l’étudions sur une période plus longue, nous savons que toute l’île est un volcan, et que nous sommes ici à son sommet, alors qu’il prend naissance à une profondeur de quatre kilomètres sous la mer. »
« L’activité vulcanologique, elle, trouve son origine à des dizaines de kilomètres en profondeur, poursuit-il. D’où le fait qu’en cas d’éruption, et c’est le problème dans les îles, il n’y a plus aucun endroit sûr. L’activité du volcan a donc souvent lieu dans la région où il se trouve, mais elle peut aussi se déclencher ailleurs. Il faut penser au volcan comme à une bouteille : son cratère est l’ouverture de la bouteille, mais le conduit est beaucoup plus profond et la lave peut jaillir en d’autres points. On remarque, d’ailleurs, divers cônes quand on roule de la côte jusqu’ici. Ce sont des cratères. La plupart de nos recherches sont par conséquent centrées sur la compréhension du système dans sa globalité, mais le problème est que les données sont plutôt récentes, puisque le centre n’a pas plus d’une trentaine d’années. Il nous faudra donc étudier les éruptions passées et inclure toutes les informations dans une vue globale. »
Étudiez-vous les éruptions anciennes à partir des observations sur la lave ? « En effet, acquiesce M. Di Muro. Nous avons besoin de comprendre quel type d’éruptions l’île a connu par le passé. Même si on pense généralement que ce volcan est effusif, cela ne signifie pas qu’il ne peut pas être explosif. Il sera alors important de comprendre combien il peut l’être, quand de telles éruptions ont lieu, à quels intervalles, et comment reconnaître l’indice de transformation... C’est crucial pour anticiper les éruptions futures. »
Pour prévoir les éruptions volcaniques, les données historiques sont généralement d’une grande utilité. Mais elles ne sont pas toujours disponibles au piton de la Fournaise, dans une île qui, elle-même, n’a été habitée que depuis quelques siècles. « Comparé à d’autres, ce pays est très jeune : les Européens n’y ont mis les pieds qu’il y a environ trois siècles et demi, alors qu’il n’y avait pas de populations indigènes avant leur arrivée, explique Andrea Di Muro, directeur de l’Observatoire vulcanologique du piton de la Fournaise. Seuls les navigateurs arabes étaient passés près de l’île, mais ils n’y sont pas descendus : nous pensons que les éruptions du volcan y étaient pour quelque chose. Les Européens, au début, étaient installés à l’autre bout de l’île et ne se sont que...