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Sur le flanc du piton de la Fournaise...

Le volcan le plus actif au monde... en termes de nombre d’éruptions

Thomas Staudacher collecte les données du GPS pour surveiller l’activité du volcan.

Thomas Staudacher, vulcanologue, connaît mieux que personne les spécificités du piton de la Fournaise qu’il étudie depuis quinze ans. Il en donne un aperçu aux journalistes.

Q- Le piton de la fournaise est-il un volcan très actif ?
Thomas Staudacher - C’est le volcan le plus actif au monde en nombre d’éruptions. Le nombre élevé d’éruptions en un temps relativement court représente un intérêt majeur pour les scientifiques, car cela leur permet de comparer les événements et de mener des études plus approfondies. Depuis 1998, nous avons été témoins de plus de trente éruptions. On dénombre une en moyenne tous les neuf mois sur une période de cent ans. Par contre, le volume de magma émis n’est pas énorme. À Hawaii, par exemple, un seul volcan est en train de couler depuis vingt-cinq ans, mais il s’agit d’une même éruption. Il produit dix fois le volume de magma que l’on trouve ici.

Le volcan d’Hawaii est-il, pour autant, plus dangereux que le piton de la Fournaise ?
Ce n’est pas nécessairement vrai. En fait il existe des volcans qui sont plus dangereux que ces deux-là, notamment des volcans de subduction comme en Inde, au Japon, aux Philippines, et un peu partout autour du Pacifique. Dans le cas des volcans de subduction, la croûte océanique passe sous le continent et s’enfonce en profondeur. Elle devient donc riche en eau, elle se réchauffe et fait naître des volcans. Ceux-ci ont une température relativement faible et le magma qui s’en dégage se mélange à l’eau en grandes quantités. Cette eau s’évapore assez brutalement, provoquant une explosion car au moment de l’éruption, le gaz passe de la forme liquide à la forme gazeuse très rapidement. Les éruptions sont donc plus importantes et plus explosives. Le type de volcans auquel appartiennent ceux du piton de la Fournaise et de Hawaii sont des volcans de point chaud, où le magma vient d’une grande profondeur, relativement riche en gaz, chaud et plutôt fluide. Quand le magma arrive à la surface, il forme localement des fontaines de lave, puis s’écoule assez facilement. Ici, même en cas d’éruption, on n’est pas en danger à cent ou deux cents mètres du cratère.

Quelle est la température de la lave au piton ?
Elle est de 1 100 à 1 200 degrés environ. Dans les volcans à subduction, elle est de 800 à 900 degrés.

Comment pouvez-vous déterminer le volume de lave dans une éruption ?
Dans le passé, munis de notre GPS, nous avions contourné les coulées à pied. C’est ce qui nous avait permis de calculer la superficie recouverte de lave. Ensuite nous en avions estimé l’épaisseur quand cela était possible. Il n’en reste pas moins que ces estimations sont en général peu fiables. Nous avons également utilisé le GPS pour mesurer les coulées en plusieurs endroits. Comme nous possédons des modèles numériques du terrain avant l’éruption, nous pouvons déterminer ponctuellement et assez précisément l’épaisseur de la coulée après la nouvelle éruption, en calculant la différence entre l’ancien et le nouveau volume de lave. Aujourd’hui, il existe des photos satellite qui sont beaucoup plus faciles à travailler. Mais il nous faut toujours estimer l’épaisseur de la coulée.

Qu’est-ce qui définit un volcan en activité ?
C’est un volcan qui connaît des éruptions. Mais la polémique persiste autour de la période au bout de laquelle on peut déclarer qu’un volcan est éteint. Cette période est très variable, cela dépend de l’activité qui existait avant.
Thomas Staudacher, vulcanologue, connaît mieux que personne les spécificités du piton de la Fournaise qu’il étudie depuis quinze ans. Il en donne un aperçu aux journalistes. Q- Le piton de la fournaise est-il un volcan très actif ? Thomas Staudacher - C’est le volcan le plus actif au monde en nombre d’éruptions. Le nombre élevé d’éruptions en un temps relativement...