L'émissaire du Guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei, Saïd Jalili, a clairement affirmé mardi que l'Iran resterait aux côtés du régime syrien face à ceux qui veulent briser la Syrie, élément essentiel de la "résistance" contre les Etats-Unis et Israël.
"L'Iran ne permettra jamais que l'on brise l'axe de la résistance dont la Syrie est un pilier essentiel", a-t-il dit lors de son entretien avec le président syrien Bachar el-Assad, selon des propos rapportés par l'agence officielle Sana.
Le président syrien a, pour sa part, affirmé mardi sa détermination à écraser la rébellion contre son régime qui dure depuis près 17 mois, selon l'agence officielle Sana. "Le peuple syrien et son gouvernement sont déterminés à purger le pays des terroristes et à les combattre sans répit", a-t-il dit à Saïd Jalili.
M. Jalili, arrivé mardi matin à Damas en provenance de Beyrouth, s'est entretenu avec le président Assad. A cette occasion, le président syrien est apparu sur la télévision publique syrienne pour la première fois depuis le 22 juillet recevant la délégation iranienne.
Lundi, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, cité par l'agence officielle Irna, a annoncé que l'Iran allait organiser jeudi une "rencontre consultative" des pays ayant une "position réaliste" sur la Syrie.
Une réunion à laquelle le Liban ne participera pas "parce qu'il n'a jamais pris part à une rencontre internationale sur la Syrie", selon un responsable au ministère des Affaires étrangères.
Kofi Annan, le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie qui a démissionné la semaine dernière, n'enverra pas non plus de représentant à cette réunion, a fait savoir mardi l'ONU.
L'émissaire du Guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei, Saïd Jalili
et le président Assad, le 7 août 20102 à Damas. REUTERS/SANA/Handout
Téhéran est le principal allié régional de la Syrie et accuse les Etats-Unis, l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie d'aider les rebelles syriens à faire tomber le régime Assad, confronté à une insurrection armée depuis mars 2011. Les insurgés et Washington accusent en retour l'Iran de soutenir militairement le régime baassiste.
A Beyrouth, M. Jalili a réaffirmé qu'une solution au conflit devait "être trouvée selon les règles démocratiques et non en envoyant des armes et en versant le sang". Les Etats "qui croient pouvoir obtenir la sécurité en alimentant l'insécurité dans les pays de la région à travers l'envoi d'armes et l'exportation du terrorisme, se trompent", a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, se rendra brièvement en Turquie mardi en fin de journée pour évoquer le sort de 48 Iraniens enlevés samedi en Syrie et dont le rapt a été revendiqué par la rébellion syrienne.
"Dans la mesure où l'Armée syrienne libre (ASL) qui prétend avoir enlevé les pèlerins iraniens est soutenue par la Turquie, la visite du ministre vise à rappeler au gouvernement turc ses responsabilités dans cette affaire", a expliqué le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Téhéran affirme que les captifs sont des pèlerins, tandis que la "brigade Al-Baraa", qui a revendiqué l'enlèvement, assure qu'ils appartiennent aux Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime islamique. D'après le groupe, trois Iraniens ont été tués lors d'un bombardement des forces du régime.
Parallèlement, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déclaré, alors qu'elle se trouvait en Afrique du Sud, que les Etats-unis cherchent un moyen "de hâter la fin du bain de sang et le début de la transition politique".
Sur le terrain, le centre de la métropole du nord de la Syrie, Alep, était le théâtre mardi de violents accrochages entre les rebelles et l'armée qui bombardait l'est de la ville, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les accrochages se déroulaient dans le centre de la ville, dans les quartiers d'Antakia, Aziziya, Bab Jénine, Sabah Bahrat, et près du palais de justice à l'ouest, a précisé l'OSDH, qui se base sur un réseau de militants et de témoins.
L'armée pilonnait par ailleurs les quartiers de Chaar, Sakhour et Qatarji, à l'est. Les militants de l'opposition ont indiqué que l'armée utilisait aussi des hélicoptères et bombardait le quartier de Hanano (est).
Ces violences surviennent au lendemain d'une journée sanglante au cours de laquelle 265 personnes ont été tuées à travers le pays. Mardi, 51 personnes ont péri dans les violences.
L'armée a achevé dimanche l'envoi d'importants renforts à Alep, théâtre d'affrontements depuis le 20 juillet. Elle est désormais prête pour la bataille "décisive", selon une source de sécurité.
Selon le journal al-Watan, proche du pouvoir, qui cite un responsable de la sécurité, au moins 20.000 militaires ont été déployés sur le front d'Alep, où les rebelles comptent pour leur part entre 6.000 et 8.000 hommes.
Les rebelles affirment tenir la moitié de la ville et ajoutent que, malgré les bombardements par l'artillerie et l'aviation les soldats ne parviennent pas à avancer au sol.
Au niveau humanitaire, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont affirmé que la Syrie souffrait d'un manque grave de médicaments, et que la population rurale était durement affectée par les combats. "La récente escalade des violences a abouti à de sérieux dommages dans les usines pharmaceutiques locales, près d'Alep, de Homs, et de Damas", a déclaré mardi un porte-parole de l'OMS à Genève.
Enfin, les défections de responsables politiques et militaires s’accélèrent à mesure que le conflit s’enlise. Un général syrien, accompagné de 12 officiers, a fait défection au lendemain de celle du Premier ministre Riad Hijab. Le général est arrivé en Turquie, ainsi que plus de mille réfugiés ces dernières 24 heures, a annoncé mardi l'agence Anatolie.
Une vingtaine de généraux syriens ont déjà fait défection. Les autorités turques ne peuvent préciser combien se trouvent actuellement en Turquie, certains étant repassés en Syrie pour se battre contre le régime. Les 1.137 Syriens arrivés dans les dernières 24 heures portent à près de 50.000 le nombre total de réfugiés arrivés en Turquie depuis le début de la crise.
Des officiers syriens, accompagnés souvent de soldats, font défection quasiment chaque jour ces derniers mois. Les militaires sont accueillis en Turquie dans un camp séparé, où la sécurité est renforcée.
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commentaires (4)
N'importe quoi !!!
Robert Malek
10 h 58, le 07 août 2012