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Culture - Vient de paraître

L’art, la guerre et autres (impossibles) possibilités...

Luxe éditorial pour un livre sur l’art et l’histoire arabes contemporains. Sous la houlette de Gregory Buchakjian, un regard perçant et pointu sur le monde arabe et la culture.

«Saint-Georges terrassant le dragon et le musée de Bagdad II», 2010, de Hassan Musa.

En feuilletant cet opus de 156 pages aux Alarm éditions, à la couverture cartonnée, portant le titre de War and other impossible possibilities (La guerre et autres impossibles possibilités) se joignent photographies, reproductions de toiles et textes analysant les remous sociaux et culturels d’une région qui a commencé à briser ses vannes de répression entre 2010-2011... Mais aussi à des implications qui remontent dans la dantesque vision de deux tours qui s’effondrent à Manhattan un 11 septembre 2001... Et encore, plus loin dans les mémoires, pour pointer du doigt les chaotiques distorsions, le schisme, le séisme et l’embrasement général régional, depuis la naissance de l’État hébreux...
Pour ce parfum de la révolution de jasmin, aux allées souterraines qui remontent dans le temps, l’inconscient collectif, le pressentiment, la sensibilité et l’intuition des artistes et des intellectuels, un magnifique livre d’art au papier glacé, avec pagination et graphique élégants.
Un livre qui fouille en toute audace dans tous les embranchements et couches de la créativité artistique liée aux grands chambardements régionaux. Avec un œil perspicace, un sens critique, une documentation fournie et un regard souvent autocritique, lucide et sans concession sur le rapport des artistes avec l’environnement du monde arabe.
Représentation authentique et sincère de l’opinion des masses que traduisent pinceaux, œil de caméra, burin, installation ou tout autre outil, matériau et matériel de création. En toute liberté, parfois au prix même de la vie. La transparence et la libération, de nos jours, se payent cher...
Dans ce maillon enchevêtré et incandescent incluant conflit israélien, régimes despotiques arabes, montée de l’islamisme, vagues de l’intégrisme, crainte du terrorisme et islamophobie européenne, le choc ou l’entrechoc des civilisations sont devenus le pain quotidien d’une région-poudrière, explosive comme un cratère qui crache constamment du feu...
Pour une mosaïque de pays régis par des systèmes de gouvernements autoritaires, cet ouvrage est né, sous les auspices de Gregory Buchakjian, historien de l’art et photographe, de la rencontre entre cheikh Abdulrahman ben Saudi al-Thani, homme d’état averti, patron et collectionneur d’art chevronné, de Doha (Qatar), et de Saleh Barakat, un Libanais, marchand d’art passionné et galeriste avisé.
Pour ce croisement où convergent trois regards, la création artistique, à travers une collection et des sélections d’œuvres d’art, reste par-dessus tout un faisceau et un prisme reflétant la réalité arabe. Réalité mêlant embrasements, déchirures, brimades, répressions, religions exacerbées, éclatement, lignes de défense, mais aussi restructuration, sens de l’équité, pulsions de révolte, soif de liberté, insoumission aux « diktats » arbitraires, besoin d’espace, d’épanouissement et de rêve.
À la fois témoignage et dénonciation, à la fois réflexion et analyse, à la fois pouls de la rue et cœur battant des «mayadin», à la fois champ visuel d’un terrain miné et variations sur un espace marécageux, à la fois introspection et expression libre d’une liberté confisquée, voilà un ouvrage, certes pour amateurs d’art, mais aussi pour tous ceux qui s’intéressent au mélange entre culture et phénomènes de société.
Un ouvrage qui sous la voilette de l’art et des événements parle de l’effervescence, de l’énergie et de la vitalité du monde arabe. Mais aussi un livre qui dénonce déficiences et aberrations, voudrait dépasser misère et obscurantisme tout en soulignant la ferme volonté à relever tous les défis, à emboîter le pas (si ce n’est devancer) le modernisme. Car ici, le dire et l’expression artistiques appartiennent toujours à l’avant-garde.
Pour ce livre ouvert sur la vie et les événements, une collection d’art, non commandée mais acquise au gré des situations, au fil des années, à l’enchaînement des événements.
Se placent en tête de liste les noms d’artistes tels Hassan Moussa, Ali Hassoun, Mounir Fatmi, Sabhan Adam, Ayman Baalbacki, Mohammad Said Baalbacki, Oussama Baalbaki, Charles Chahwan, Ginou Choueiri, Fouad el-Khoury, Hassan Hajjaj, Saadi al-Kaabi, Rafic Majzoub, Mahmoud Obaidi, Jocelyn Saab, Leila Shawa, Hannibal Srouji, Helen Zughaib...
Une collection certes riche, et intéressante à plus d’un niveau, mais naturellement loin d’être exhaustive sur une inspiration née de l’événementiel violent du monde arabe, de l’héritage du passé et du questionnement du futur.
Une collection et un livre qui se posent, à travers une sélection d’œuvre d’art, en approche de lucidité, en trait d’alerte, en regard ouvert, pour mieux dessiller les yeux et comprendre des sociétés en mouvance, mutation et changement.
En feuilletant cet opus de 156 pages aux Alarm éditions, à la couverture cartonnée, portant le titre de War and other impossible possibilities (La guerre et autres impossibles possibilités) se joignent photographies, reproductions de toiles et textes analysant les remous sociaux et culturels d’une région qui a commencé à briser ses vannes de répression entre 2010-2011... Mais...

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