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À La Une - Portrait

Manaf Tlass : de la jeunesse dorée à la dissidence

Depuis plusieurs mois, il avait troqué son uniforme pour des habits civils et vivait à Damas, où il s'était laissé pousser les cheveux et la barbe.

Photo non datée Manaf Tlass, le général syrien proche du président Assad qui a fait défection, en train de fumer un cigare.

Manaf Tlass, le général syrien proche du président Assad qui a fait défection, est un représentant typique de la jeunesse dorée de Damas, entré en dissidence après la brutale répression menée par le régime et la destruction de Rastane, le berceau familial près de Homs.

 

Bel homme de 48 ans, habillé avec goût, marié à une femme issue de la bonne bourgeoisie de Damas, il est amateur de belles voitures, fume volontiers le cigare, fréquente les cafés à la mode de la capitale syrienne mais préfère passer l'été sur la côte d'Azur française.

 

Dans cette "nomenklatura" syrienne, les élites au pouvoir se fréquentent et le père, Moustapha Tlass, est ami avec Hafez el-Assad, qui a gouverné ce pays pendant 30 ans. Manaf devient ainsi l'ami de Bassel, fils aîné de Hafez el-Assad, père de l'actuel président syrien Bachar el-Assad. Bassel s'est tué dans un accident de voiture en 1994.

 

Tous les deux embrassent la carrière militaire comme leurs pères qui se sont connus à l'académie militaire de Homs au début des années 50. Les deux jeunes gens appartiennent à la Garde républicaine, l'élite militaire du pays.

"Moustapha Tlass a fait une judicieuse association: il a placé son aîné dans l'armée et le cadet, Firas, dans les affaires", explique le spécialiste de la Syrie, Fabrice Balanche.

 

Firas "s'occupait du groupe MAS, spécialisé dans les fournitures de l'armée syrienne --nourritures, vêtements, médicaments--, un monopole offert à cette famille par Hafez el-Assad car Moustapha était une des cautions sunnites du régime", ajoute l'expert.

 

Hafez el-Assad et Moustapha Tlass, tous deux membres du parti Baas, sont stationnés au Caire entre 1958 et 1961 pendant la période de la République arabe unie entre la Syrie et l’Égypte, à laquelle ils sont opposés. Quand Hafez el-Assad prend le pouvoir en 1970, Tlass devient deux ans plus tard ministre de le Défense.

 

Seule différence entre les deux hommes: Assad est alaouite, une émanation du chiisme, qui représente 10% de la population alors que Tlass est sunnite, la principale communauté religieuse du pays.

 

Si Hafez el-Assad ne s'occupe que de politique, Moustapha Tlass écrit un recueil sur les fleurs de Syrie, quelques livres antisémites, et même quelques poèmes pour l'actrice italienne Gina Lollobrigida.

 

Manaf est l'aîné d'une famille de quatre enfants. Général dans la Garde républicaine, il avait été écarté il y a plus d'un an de ses responsabilités, car jugé peu fiable, selon une source proche du pouvoir qui a fait état de sa défection.

 

Il avait tenté sans succès des missions de conciliation entre le pouvoir et le rebelles à Rastane et à Deraa (sud).

 

Depuis plusieurs mois, il avait troqué son uniforme pour des habits civils et vivait à Damas, où il s'était laissé pousser les cheveux et la barbe.

 

Une autre source à Damas confie que la rupture avec le pouvoir avait été consommée avec le refus du général de prendre la tête de l'unité chargée de l'offensive en février-mars contre Baba Amr, un quartier de Homs alors contrôlé par les rebelles. Bachar el-Assad l'aurait ensuite mis à l'écart.

 

Selon cette même source, Manaf Tlass a choisi de partir, furieux, après le refus du président de le faire passer du grade de général de brigade à celui de général de division lors de la promotion militaire annuelle du 1er juillet.

 

Selon des proches du général, toute sa famille se trouve déjà à l'étranger, ainsi que son frère Firas, installé à Dubaï. Au début de la révolte syrienne, ce dernier avait publié sur son blog des commentaires favorables à la contestation. Sa sœur, Nahed Ojjeh, veuve du marchand d'armes et milliardaire saoudien Akram Ojjeh, habite à Paris où Manaf a décidé de s'installer.

 

Leur cousin Abdel Razzak Tlass commande d'ailleurs à Homs la brigade Farouk, une unité combattante de l'Armée libre syrienne, formée essentiellement de déserteurs.

 

"Les Tlass étaient choyés par le régime parce qu'ils assuraient la loyauté des sunnites de Syrie centrale, tout de moins de Rastane", indique M. Balanche.

 

"Étant incapable d'assurer ce rôle, il n'y a plus aucune raison de leur faire des cadeaux, d'autant que leur attitude prédatrice a contribué à la situation explosive de Rastane".

Manaf Tlass, le général syrien proche du président Assad qui a fait défection, est un représentant typique de la jeunesse dorée de Damas, entré en dissidence après la brutale répression menée par le régime et la destruction de Rastane, le berceau familial près de Homs.
 
Bel homme de 48 ans, habillé avec goût, marié à une femme issue de la bonne bourgeoisie de Damas, il est...

commentaires (1)

La défection de Manaf Tlass ne le rend pas pour autant digne de confiance. encore moins fréquentable. Il a tout simplement senti le vent tourner sérieusement et n'a donc eu aucun scrupule à quitter le navire, espérant ainsi se refaire une virginité et revenir trè vite aux affaires après le départ de Bachar. Associé au pouvoir depuis trop longtemps, il ne peux pas, purement et simplement, s'exonérer de toutes les exactions qu'il a, sinon commises directement, du moins couvertes servilement pour conserver ses privilèges colossaux. Il devra donc répondre de ses actes et payer le prix fort, avant de songer à quoi que ce soit d'autre. De son côté, la "Communauté Internationale" devra bien se garder de foncer tête baissée dans sa direction, pensant avoir trouvé la personne adéquate susceptible d'opérer une transition en douceur: L'arbre tombe du côté où il a toujours penché. Ou encore, qui a bu, boira.

Paul-René Safa

14 h 58, le 06 juillet 2012

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Commentaires (1)

  • La défection de Manaf Tlass ne le rend pas pour autant digne de confiance. encore moins fréquentable. Il a tout simplement senti le vent tourner sérieusement et n'a donc eu aucun scrupule à quitter le navire, espérant ainsi se refaire une virginité et revenir trè vite aux affaires après le départ de Bachar. Associé au pouvoir depuis trop longtemps, il ne peux pas, purement et simplement, s'exonérer de toutes les exactions qu'il a, sinon commises directement, du moins couvertes servilement pour conserver ses privilèges colossaux. Il devra donc répondre de ses actes et payer le prix fort, avant de songer à quoi que ce soit d'autre. De son côté, la "Communauté Internationale" devra bien se garder de foncer tête baissée dans sa direction, pensant avoir trouvé la personne adéquate susceptible d'opérer une transition en douceur: L'arbre tombe du côté où il a toujours penché. Ou encore, qui a bu, boira.

    Paul-René Safa

    14 h 58, le 06 juillet 2012

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