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À La Une - Révolte

Mood opposé à l’armement des observateurs en Syrie

Pour Lavrov, offrir l’asile politique à Assad est une « plaisanterie » ; le pilonnage de fiefs insurgés se poursuit sans relâche.

Les enfants syriens, sur plusieurs générations, seront marqués par la révolte contre Assad.  Photo Reuters

Le chef des observateurs de l’ONU en Syrie, le général Robert Mood, s’est opposé hier à Damas à l’armement des 300 personnes sous ses ordres car cela modifierait radicalement les relations avec la population. « Donner des armes à une petite force d’observateurs n’est pas la bonne option. Notre engagement avec le peuple syrien, avec les familles syriennes, est basé sur le fait que nous venons sans armes et que nous acceptons et sommes honorés de l’hospitalité que le peuple nous offre. C’est ce qui nous protège en tant que force d’observation non armée. Dès que vous vous présentez avec un fusil et que vous frappez à la porte de quelqu’un, l’histoire devient totalement différente », a-t-il ainsi déclaré, ajoutant que « notre protection la plus importante (...) est que nous sommes engagés à assurer le bien-être du peuple syrien. Nous croyons fermement que prendre le risque d’être sans armes dans certaines situations nous offre plus de protection que si nous étions armés. C’est cette option que devraient choisir tous ceux qui sont impliqués dans la crise syrienne car cela aboutirait à la cessation de la violence et à un début de dialogue ».
Le général Mood s’est déclaré par ailleurs incapable de dire qui prenait le dessus entre le régime et les opposants. « Nous voyons que la violence s’accroît, mais je n’ai pas assez d’informations pour connaître l’équilibre de forces dans chacune des régions. » Le général norvégien, qui a proposé une restructuration de sa force en renforçant les huit centres régionaux d’opérations, a reconnu qu’il pouvait y avoir une certaine déception.

Le non de Moscou et Pékin
Parallèlement, Moscou a confirmé avoir été sollicité pour offrir l’asile politique au président Bachar el-Assad, tout en qualifiant la proposition de « plaisanterie ». À l’issue d’entretiens à Moscou avec son homologue allemand Guido Westerwelle, M. Lavrov a révélé que l’idée avait été lancée lors d’une rencontre à Berlin le 1er juin entre le président Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel. M. Westerwelle a indiqué de son côté que la Russie et l’Allemagne étaient d’accord sur la nécessité de trouver une solution politique à la crise.
La Chine a emboîté le pas à la Russie en annonçant qu’elle aussi boycotterait la conférence des Amis du peuple syrien, qui doit regrouper plus d’une centaine de pays arabes et occidentaux, ainsi que des organisations internationales et des représentants de l’opposition syrienne.
La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté regretté la décision de la Chine et de la Russie. « Ce n’est pas un bon signal quand deux puissances sont absentes de conférences comme celle-ci », a affirmé Merkel, lors d’un point de presse après un entretien avec le Premier ministre Nagib Mikati, en visite à Berlin.
La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton s’est quant à elle rendue à Paris pour assister à la réunion internationale d’aujourd’hui. Pour tenter à nouveau de mettre fin à près de 16 mois de violences, la réunion de Paris réaffirmera sa « condamnation de la répression » et annoncera « des choses concrètes » pour faire pression sur le régime, soutenir la population et l’opposition, selon une source diplomatique.
Par ailleurs, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, autre allié de poids de Damas, a estimé que les Syriens devaient pouvoir « décider librement de leur destin ». Et le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari, dont le pays affiche une neutralité bienveillante à l’égard du régime, a écarté l’idée d’une sortie de crise empruntée au modèle yéménite, où le chef de l’État a cédé la place à son vice-président en échange d’une immunité, jugeant M. Assad peu enclin à quitter le pouvoir, ajoutant avoir la preuve que des activistes d’el-Qaëda franchissent la frontière entre l’Irak et la Syrie pour lancer des attaques sur le sol syrien.
Sur un autre plan, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a appelé les autorités syriennes à éviter toute escalade avec la Turquie, après l’incident controversé de l’avion de combat turc abattu par la défense syrienne.
À ces divisions, persistantes depuis le début de la révolte, s’ajoutent les divergences de l’opposition qui tentera d’enterrer ses divisions avec en toile de fond l’intensification des combats et l’échec persistant de la diplomatie.

Hélicos
Sur le terrain, les combats entre soldats et rebelles ainsi que le pilonnage de fiefs insurgés se poursuivaient sans relâche. Au lendemain d’une nouvelle journée sanglante ayant fait près de 100 morts, en majorité des civils, le bilan des violences s’élevait hier à 28 morts à travers le pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et la chaîne satellitaire al-Jazira.
Les forces syriennes, appuyées par des hélicoptères, ont progressé vers le cœur de la ville rebelle de Khan Cheikhoun. « Ils sont entrés dans la ville par le Sud. Ils incendient des maisons et des fermes », a précisé Abou al-Gaith al-Khani, joint par Skype. Près de 80 % des habitants ont quitté la ville. L’armée du président Bachar el-Assad a infligé de lourdes pertes aux combattants rebelles mercredi soir dans cette ville située dans la province d’Idlib et bombardée par des tirs de mortier, rapportent des militants, qui font état de neuf morts. Selon Abou Hamam, un autre habitant, une centaine de véhicules blindés, de chars et de lance-missiles se sont approchés des abords de la ville à l’aube et ont repris leurs bombardements sur Khan Cheikhoun. « Les rebelles ont infligé de lourdes pertes aux forces d’Assad. Mais dans le même temps, les rebelles ont perdu du terrain », indique-t-il.
L’armée syrienne a également bombardé au mortier les quartiers centraux de Homs, au centre du pays, ainsi qu’Harasta, une ville toute proche de Damas, selon des habitants. Trois hauts officiers, dont un général, ont été par ailleurs assassinés mercredi par des hommes armés dans différentes régions du pays, a indiqué l’OSDH.
Enfin, entre 4 000 et 5 000 Syriens se sont réfugiés cette semaine en Jordanie pour fuir les violences dans leur pays, a annoncé le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
(Sources : agences et rédaction)
Le chef des observateurs de l’ONU en Syrie, le général Robert Mood, s’est opposé hier à Damas à l’armement des 300 personnes sous ses ordres car cela modifierait radicalement les relations avec la population. « Donner des armes à une petite force d’observateurs n’est pas la bonne option. Notre engagement avec le peuple syrien, avec les familles syriennes, est basé sur le fait...
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