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À La Une - Législatives

Droit de vote à l’étranger : les émigrés libanais ont besoin d’être rassurés

L’appel à la mobilisation du consulat général du Liban à New York pour s’inscrire pour le scrutin de 2013 avant la date butoir du 31 décembre 2012 a suscité une appréhension au niveau de la communauté libanaise des dix États du nord des États-Unis.

Habib Keyrouz.

C’est la première fois dans l’histoire du Liban que la diaspora sera appelée à voter. Et les expatriés ont besoin d’être rassurés. Le consul général du Liban à New York, Antoine Azzam, avait expliqué dans une interview à L’Orient-Le Jour « les réticences de ces Libanais qui continuent d’avoir de solides attaches avec la mère patrie, mais craignent de voir leurs noms rayés de la liste électorale au Liban au cas où ils s’enregistreraient aux États-Unis ». « Ils considèrent, a-t-il poursuivi, qu’ils ne peuvent s’engager sans que la loi électorale n’ait été votée. Ils souhaitent aussi avoir des délégués de chaque pays de l’émigration pour garantir une meilleure représentativité et pour œuvrer à améliorer les conditions et les droits des émigrés afin de porter leurs doléances à l’hémicycle. À travers les consulats généraux du Liban, le ministère des Affaires étrangères mène entre-temps les démarches administratives et logistiques nécessaires pour répertorier les enregistrements. Chaque consulat a proposé au ministère un plan d’action. Afin d’être en mesure de prévoir, il est nécessaire que les gens choisissent de voter à l’étranger ou au Liban. »


Comment faut-il donc interpréter cette indécision ? « Cette question a été longuement discutée avec le consul Antoine Azzam, avec l’ambassadeur du Liban à l’ONU, Nawaf Salam, avec les représentants de partis politiques libanais de passage à New York, enfin avec la communauté libanaise ici. Tout le monde s’accorde à dire : oui au droit de vote, mais nous risquons d’être rayés des listes électorales au Liban, indiquent Habib Keyrouz, partenaire associé de « Rho Investment », gérant d’investissement en société de technologie, et George Bitar, à la tête de « Blackrock Private Equity », lors d’un entretien accordé à L’Orient-Le Jour à New York. Qui représentent-ils vraiment ? Ces deux Libanais, qui tiennent le haut du pavé dans le monde des investissements à New York, « ne représentent ni un parti ni un mouvement politique spécifique ». Ils « reflètent le fruit des discussions entre amis à New York et avec plusieurs personnes impliquées dans des associations libanaises ». Ils « expriment la voix des expatriés libanais qui ont gardé des attaches au pays, sont enregistrés au consulat, désirent voter, mais ne se sont pas enregistrés pour des raisons bien précises. Il y a des chrétiens et des musulmans qui sont du même avis, explique Habib Keyrouz. De son côté, George Bitar souligne, à bon escient, le but économique de cette loi. « La diaspora libanaise mondiale représente une force économique avec des rentrées annuelles pour le Liban de 6 milliards de dollars », dit-il. Sa voix compte. « Le pays devrait l’inclure dans son système politique, économique et social. »

Pas de clarification
Ont-ils de l’influence? « Ce qui est important, c’est la réaction négative des Libanais de Manhattan qui représentent au moins 500 personnes », note Georges Bitar. « Le consul du Liban avoue n’avoir que 75 inscrits », souligne-t-il. La raison ? « Nous les avons tous mis en garde. Comment peut-on signer à blanc ? », s’interroge-t-il. « En nous enregistrant ici nous risquons d’être rayés des registres locaux. On ne pourra même plus voter au Liban ! Nous souhaiterions en savoir plus sur les conditions et les lois », s’inquiète-t-il.


Habib Keyrouz affirme, de son côté, qu’il n’y a aucune clarification préalable sur les répercussions. « Personne ne semble avoir la réponse. La loi n’est pas finalisée, les détails non plus. Comment pouvons-nous, en tant qu’expatriés, prendre le risque d’enlever nos noms des registres locaux pour les mettre ici sans savoir où cela va mener ? Nous sommes tous disposés à le faire dès que nous en saurons plus sur la manière exacte dont cela va se passer », affirme-t-il.


La presse locale et les politiciens estiment « avoir fait leur devoir en essayant », dit Georges Bitar. « Ils ont utilisé les résultats pour prouver que la diaspora n’est pas intéressée. L’appréhension que les politiciens locaux ont, c’est un peu l’inconnu. Personne ne peut prévoir comment les électeurs à l’étranger vont influencer les résultats locaux », estime Habib Keyrouz. Y a-t-il un modèle à suivre ? « On ne peut pas s’inspirer d’un modèle étranger parce que le système électoral au Liban n’est pas clair. Il varie avec chaque élection. C’est une plate-forme unique au monde », dit-il.
Quelle solution ? Pour « simplifier », Habib Keyrouz distingue trois groupes d’expatriés. Le premier représente ceux qui sont enregistrés au Liban et aux consulats et dans les ambassades. « C’est ce groupe qui votera en 2013 », estime-t-il. Le deuxième, plus important, comprend les citoyens libanais qui sont enregistrés au Liban mais pas dans les consulats. Ce sont les émigrés des années 1950 qui sont parfaitement intégrés aux États-Unis, qui ont perdu leurs attaches et qu’il faut encourager à s’impliquer au Liban. « Ce groupe est loin de s’intéresser au scrutin de 2013 », juge-t-il. Le troisième groupe englobe les descendants de Libanais des premières vagues qui ont droit à la citoyenneté mais qui ne sont plus citoyens. « Notre objectif pour les scrutins de 2013 et 2017, c’est d’encourager les personnes des deux premiers groupes à s’impliquer davantage à s’enregistrer, et à commencer à voter », suggère-t-il.
Etant donné que le système de vote au Liban est informatisé, les deux hommes d’affaires proposent que « la première chose à faire pour le scrutin de 2013, c’est de rassembler tous les chiffres que le ministère des Affaires étrangères possède du premier groupe dans toutes les villes du monde. Une fois que les données exactes sont recueillies, le ministère, s’il le désire, pourra s’adresser à des entreprises de technologie, telles que » Accenture « ou » Deloitte et Touche « , qui installent des ordinateurs et en assurent la gestion dans tous les consulats et lieux de vote. Grâce à un processus de contrôle informatique, toute personne qui vote au Liban en 2013 ne pourra pas voter ici sans nécessairement radier les noms des registres originaux ».

C’est la première fois dans l’histoire du Liban que la diaspora sera appelée à voter. Et les expatriés ont besoin d’être rassurés. Le consul général du Liban à New York, Antoine Azzam, avait expliqué dans une interview à L’Orient-Le Jour « les réticences de ces Libanais qui continuent d’avoir de solides attaches avec la mère patrie, mais craignent de voir leurs...
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