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Campus

Jobs étudiants, ou vivre sa jeunesse autrement

Travailler et étudier n’est pas le plus solide des couples (de mots). Mais la formule se conjugue bien au présent, surtout quand on est libanais et qu’on a vingt ans.

Pour Fawaz, « si on ne travaille pas en étudiant, on ne vit pas comme il faut au Liban ».

Ils sont partout. Jeunes étudiants, enthousiastes et motivés. Leur créneau: financer leurs études. Serveurs, caissiers dans des supermarchés, videurs ou barmen dans des pubs, les petits boulots ne manquent pas. Jamal, 19 ans, étudiant en 3e année d’informatique et de gestion à l’Institut technique Abou Nader de Tripoli, en sait quelque chose. Son «petit» boulot? Un temps plein dans un restaurant végétarien branché, qui lui permet de financer ses études. Le jeune homme a dû tempérer ses ambitions académiques et tirer tous les enseignements possibles du monde du travail. «Dès que je rentre chez moi, j’étudie, même si c’est en pleine nuit. Mes notes sont acceptables. Je gère mon temps en me fixant des résultats moyens, passables. Je suis content de travailler car je rencontre du monde et j’apprends des techniques de cuisine», affirme-t-il. Pour Jamal, ce n’est pas juste une question d’argent. «Mes parents pourraient me soutenir, mais je veux compter sur moi-même. De plus, le milieu de la restauration m’a beaucoup appris sur ce que je voudrais faire plus tard et m’a dirigé vers une autre spécialisation : la gestion hôtelière», poursuit-il. Mohammad, 24 ans, travaille avec Jamal, mais pour lui, l’expérience a tourné court. «Quand un étudiant veut bosser, c’est soit dans un restaurant, soit dans une boîte de nuit, les horaires sont donc contraignants, déclare-t-il. J’étudiais le business management à la LIU. Dans cette fac privée, on ne pouvait pas s’absenter des cours. Ce qui m’a coûté cher et m’a conduit à abandonner mes études.»

La fierté de l’autonomie
Nader, 18 ans, étudiant à l’AUB en première année de sciences physiques, fait partie de ceux pour qui le travail à temps plein ne constitue pas un obstacle. «Je travaille depuis six mois dans un restaurant, à raison de neuf heures par jour. Des fois, j’aimerais me reposer et arrêter, mais je dois rembourser le prêt contracté à la banque pour financer mes études.» Nader est fier d’être indépendant financièrement et aurait choisi le même chemin si ses parents avaient eu des moyens. «Le seul hic dans tout ça, c’est que je n’ai pas le temps de m’amuser. Mais ce n’est pas le plus grave, ne pas s’amuser.» Quant à Fawaz, 20 ans, il est dans la restauration depuis un mois. Avant, il était employé dans une librairie. Il a commencé à travailler vers ses 15 ans et a touché à plusieurs secteurs. « Au départ, je ne travaillais que l’été, dans mon village. Puis c’est devenu tous les étés, et maintenant, c’est tout le temps. » Il est aujourd’hui étudiant en 3e année de décor à l’Institut technique d’Ebbé. Travailleur acharné, Fawaz n’a pas le choix. Pourtant, il aimerait se consacrer exclusivement à ses études. « À mon avis, on ne devrait pas avoir à concilier travail et études car c’est beaucoup trop éprouvant. Mais, d’un autre côté, si on ne travaille pas en étudiant, on ne vit pas comme il faut au Liban.»
Laura, employée dans un restaurant, a travaillé pendant toute la durée de sa licence de gestion en finance à l’Université al-Kafaat. Elle ne compte pas quitter son emploi actuel afin de pouvoir financer son master. « J’ai travaillé aussi en tant que promotrice et animatrice pour m’autofinancer. Pour moi, le travail pendant les études renforce la personnalité et permet de mieux réussir dans la vie professionnelle.»
Autre profil, celui de Fatima, 17 ans, qui travaille depuis six mois dans une crêperie et qui n’est pas encore à la faculté. « Travailler est pour moi synonyme de plus de liberté. Je ne dépends de personne et c’est essentiel pour moi. Au début, il n’a pas été facile de convaincre mes parents. Mais, même s’ils peuvent couvrir une partie de mes finances, ils ne peuvent pas tout me payer. Or je veux pouvoir m’acheter des livres et des vêtements. Pour l’instant, j’arrive à gérer. À partir du moment où on a décidé de s’en sortir, tout va bien.»
Il y a aussi ceux qui ne quittent pas leur job étudiant après l’obtention de leur diplôme. Khaled, 25 ans, serveur dans un café, fait preuve à cet égard d’une certaine originalité. Désormais instituteur dans une école publique, après avoir obtenu une licence en physique de l’Université libano-française (ULF), il continue à travailler dans le café qui l’a vu grandir. Il parle des difficultés mais aussi des avantages de son ancien statut d’étudiant travailleur. «Je bossais six jours par semaine, neuf heures par jour pendant toute ma licence. Le plus difficile, c’est que je ne voyais plus beaucoup mes parents. Ma chance, c’est que mon job me permettait d’étudier un peu sur place.» Pourquoi avoir gardé son job étudiant malgré une insertion réussie dans son domaine professionnel? Khaled s’explique: «Mon job étudiant fait partie de moi. Ici, je m’amuse avec les clients et surtout, le café fait désormais partie de mes passions.»
Ils sont partout. Jeunes étudiants, enthousiastes et motivés. Leur créneau: financer leurs études. Serveurs, caissiers dans des supermarchés, videurs ou barmen dans des pubs, les petits boulots ne manquent pas. Jamal, 19 ans, étudiant en 3e année d’informatique et de gestion à l’Institut technique Abou Nader de Tripoli, en sait quelque chose. Son «petit» boulot? Un temps plein dans...
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