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À La Une - Le point

À la recherche d’un nouvel ordre

Les Français ont voté dimanche, les Grecs aussi. Ici et là, le thème majeur étant la social-économie. On ignore encore l’impact des deux consultations sur l’avenir, proche ou lointain. Mais déjà, à Paris comme à Athènes, l’accent est mis sur l’urgence qu’il y a, passé un bref moment de répit, à trouver des solutions aux menaces qui pèsent sur l’ensemble de la communauté européenne, certes, mais aussi sur le reste d’une planète encore mal remise du grand big bang de 2008 et de ses répliques.


Dès la proclamation des résultats de la journée, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, s’est dépêché d’évoquer l’ampleur de la tâche qui attend son équipe, appelée à assainir les comptes publics et à définir la voie vers une croissance, ce qui servirait à juguler le chômage. Sur le premier point, Pierre Moscovici a tenu des propos qui rappellent étrangement ceux du chef de l’État au plus fort de sa campagne : « Nous l’avons promis à nos partenaires européens, a-t-il dit, et nous tiendrons nos engagements. » Fort bien, mais comment ? Le même parle de revoir le budget de l’année en cours et d’initier pas plus tard qu’en juillet un audit qui révélera à n’en pas douter, prévoient les experts, de nouveaux trous dans le gruyère – ce qui permettrait d’en rejeter la responsabilité, c’est de bonne guerre, sur le précédent quinquennat.


Ils ne sont pas nombreux aujourd’hui ceux qui croient possible une réduction de 4,5 pour cent du déficit budgétaire par rapport au PIB (et de 3 pour cent en 2013) sans recours à de nouveaux impôts et à une réduction plus ou moins drastique des dépenses. La cinquième puissance économique du monde voit le chômage se maintenir à près de dix pour cent et la dette (en l’occurrence, il serait plus sage de recourir au pluriel) enfler au point de dépasser les prévisions les plus pessimistes. Jeudi dernier, une modeste agence de notation, Egan-Jones Rating, a osé l’impensable il y a peu : ramener la note du pays de A- à un triple B+, mettant garde dans le même temps contre des pressions encore très fortes sur les banques.


Par les temps (durs) qui courent, la lassitude de l’opinion publique est tellement évidente et si fort le sentiment que l’escalade de l’Himalaya des problèmes est impossible, que le second tour de la consultation générale a été boudé par près de 44 pour cent des Français, un record inégalé depuis longtemps. À cela s’ajoute dans les rapports franco-allemands le froid constaté depuis l’arrivée à l’Élysée d’un nouvel hôte, critique de la politique d’austérité défendue par Angela Merkel, celle-ci de son côté ne se privant pas de dénoncer la « médiocrité » de certains. À l’appui de ses positions, Paris a élaboré une batterie de propositions destinées à accélérer la relance, d’un montant, bien modeste aux dires des spécialistes, de 120 milliards d’euros.


La dépression : on en parle à mots couverts, mais elle est bien là, à tout le moins dans certains pays du Vieux Continent. Selon le Fonds monétaire international, le chômage atteint 22 pour cent de la population active en Grèce (près de 50 pour cent parmi les jeunes), 24 pour cent en Espagne, 15 pour cent au Portugal. Ces quatre dernières semaines, non moins de un milliard d’euros a quitté les banques d’Athènes et de Salonique pour des contrées plus hospitalières, la Grande-Bretagne en particulier.


Face au danger, l’Europe ne se présente pas en rangs épars, au contraire, emmenée par François Hollande. Hier à Los Cabos, au Mexique, pour le G20, vendredi à Rome pour un sommet avec l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, les 28 et 29 juin pour un Conseil d’urgence, le successeur de Nicolas Sarkozy veut faire partager à ses partenaires sa conviction, maintes fois affirmée tout au long de la campagne pour la présidentielle, que le salut pour les Vingt-Cinq passe non point par un carême forcé qui a fait son temps et donné la mesure de ses limites mais par toute une batterie de mesures permettant à l’économie de repartir d’un bon pied.


C’est en cela que les résultats des législatives grecques, les secondes en quelques semaines, revêtent une importance cruciale. Elles donnent aux Européens l’occasion d’oublier un bref moment l’état de leur nouvel « homme malade » pour se pencher sur leur propre cas et éloigner le spectre de la crise systémique. En France, le nouveau chef de l’État, fort d’une élection gagnée haut la main et d’une confortable majorité à l’Assemblée nationale ainsi qu’au Sénat, possède des atouts majeurs que peu de ses prédécesseurs pouvaient prétendre posséder. C’est bien pourquoi il est condamné à réussir, pour reprendre l’expression consacrée. L’enjeu n’est plus ni moins que le salut de l’Europe. Celui aussi d’un certain ordre mondial auquel il est difficile, impossible même, de trouver un substitut.

Les Français ont voté dimanche, les Grecs aussi. Ici et là, le thème majeur étant la social-économie. On ignore encore l’impact des deux consultations sur l’avenir, proche ou lointain. Mais déjà, à Paris comme à Athènes, l’accent est mis sur l’urgence qu’il y a, passé un bref moment de répit, à trouver des solutions aux menaces qui pèsent sur l’ensemble de la...
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