Personne n’est vraiment équilibré dans une famille. Il y a toujours un grain quelque part, un grain qui se répand souvent à tous ses membres. Une sorte d’hérédité que l’on constate dans plusieurs foyers. Ici, on est radin de père en fils, mégalo de tante en nièce, vulgaire de frère en sœur. C’est que ça se cultive, la chirurgie plastique sur trois générations, qu’on retrouve chaque mois dans Superficiel, le magazine mondain de la ville. C’est d’ailleurs les boules, quand belle-maman ne ressemble plus à rien. Enfin à plus rien de ce qu’on connaissait d’elle dans le temps. Allez expliquer ça à vos gosses quand ils regardent les photos de votre mariage. « C’est qui elle?» Grand moment d’inquiétude quand même. Comme quand ce cousin du second degré qu’on ne peut que prendre qu’au premier, qui vient chaque quelque temps vous demander des dollars. Une vraie sangsue. Un glandeur qui perd au poker tout ce qu’il ne gagne pas. Ce cousin avec qui on se prend souvent la tête parce qu’on n’a pas du tout les mêmes convictions politiques. Il est aouniste, on est rien du tout. Il est révolté. Nous, pas lui. Mais bon, c’est notre cousin et on l’aime bien parce qu’il a l’avantage au-delà de ses taxages de fric d’être assez sympathique et serviable. Plus digeste que ce morveux de neveu qui bouffe tout le temps, salit les canapés, rote à table et parle avec grossièreté à tout le monde. Il n’amuse personne. C’est le sale gosse de service prépubère. Un ersatz de son grand frère acnéique, scotché à son BBM, râleur, en rut, matant le cul de la femme de son oncle, une bimbo comme on n’en fait plus. Celle qui rit fort et gras, irritant au passage son beauf de mari. Cette espèce de plouc fini, la chaîne en or qui brille sur son torse suant, une sorte de mastoul wou meddé3é. La pire race. Ils ont le don d’agacer maman, une vieille hippie féministe et totalement déjantée. Maman qui roule encore ses clopes en y parsemant quelques petites boulettes et qui les fait fumer à cette pauvre belle-cousine simplette, mais si gentille. Surtout quand elle n’ouvre pas la bouche. Et il y a papa, le gourou de toute cette famille qui donne son avis sur tout, et comme tout bon padrino, réunit tout le monde à ces grands repas de famille où on s’engueule, se réconcilie... où on s’aime.
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Family affair
OLJ / Par Médéa Azouri HABIB, le 16 juin 2012 à 01h24
Personne n’est vraiment équilibré dans une famille. Il y a toujours un grain quelque part, un grain qui se répand souvent à tous ses membres. Une sorte d’hérédité que l’on constate dans plusieurs foyers. Ici, on est radin de père en fils, mégalo de tante en nièce, vulgaire de frère en sœur. C’est que ça se cultive, la chirurgie plastique sur trois générations, qu’on retrouve chaque mois dans Superficiel, le magazine mondain de la ville. C’est d’ailleurs les boules, quand belle-maman ne ressemble plus à rien. Enfin à plus rien de ce qu’on connaissait d’elle dans le temps. Allez expliquer ça à vos gosses quand ils regardent les photos de votre mariage. « C’est qui elle?» Grand moment d’inquiétude quand même. Comme quand ce cousin du second degré qu’on ne peut que prendre qu’au premier, qui vient chaque quelque temps vous demander des dollars. Une vraie sangsue. Un glandeur qui perd au poker tout ce qu’il ne gagne pas. Ce cousin avec qui on se prend souvent la tête parce qu’on n’a pas du tout les mêmes convictions politiques. Il est aouniste, on est rien du tout. Il est révolté. Nous, pas lui. Mais bon, c’est notre cousin et on l’aime bien parce qu’il a l’avantage au-delà de ses taxages de fric d’être assez sympathique et serviable. Plus digeste que ce morveux de neveu qui bouffe tout le temps, salit les canapés, rote à table et parle avec grossièreté à tout le monde. Il n’amuse personne. C’est le sale gosse de service prépubère. Un ersatz de son grand frère acnéique, scotché à son BBM, râleur, en rut, matant le cul de la femme de son oncle, une bimbo comme on n’en fait plus. Celle qui rit fort et gras, irritant au passage son beauf de mari. Cette espèce de plouc fini, la chaîne en or qui brille sur son torse suant, une sorte de mastoul wou meddé3é. La pire race. Ils ont le don d’agacer maman, une vieille hippie féministe et totalement déjantée. Maman qui roule encore ses clopes en y parsemant quelques petites boulettes et qui les fait fumer à cette pauvre belle-cousine simplette, mais si gentille. Surtout quand elle n’ouvre pas la bouche. Et il y a papa, le gourou de toute cette famille qui donne son avis sur tout, et comme tout bon padrino, réunit tout le monde à ces grands repas de famille où on s’engueule, se réconcilie... où on s’aime.