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À La Une - crise

Moscou persiste et signe : Non au recours à la force en Syrie

Plusieurs villes bombardées par l'armée, l'opposition réclame des armes sophistiquées pour faire tomber le régime.

Sur cette photo publiée par l'oppostion syrienne, des manifestants anti-Assad portant le drapeau de la révolution, le 8 juin, à Binnich. AFP

Les forces gouvernementales ont bombardé plusieurs villes de Syrie samedi, poussant l'opposition à réclamer à la communauté internationale des armes sophistiquées pour faire tomber le régime même si la Russie s'est à nouveau opposée à tout recours à la force.


"Pour la première fois depuis le début de la crise, la question d'une intervention militaire se pose de manière aiguë et émotionnelle", a estimé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en ajoutant immédiatement que la Russie, alliée de Damas, s'y opposerait. "Cela entraînerait des conséquences gravissimes pour toute la région du Proche-Orient", a-t-il insisté, tout en estimant que même si le plan de l'émissaire international Kofi Annan commençait "à s'enliser", il n'y avait "pas d'alternative".

La Russie a déjà bloqué deux résolutions au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en cours en Syrie, pays auquel Moscou continue de vendre des armes en dépit des protestations de puissances occidentales et d'organisations non-gouvernementales.

 

"Nous convoquons une conférence sur la Syrie pour mettre en œuvre le plan Annan", a déclaré par ailleurs le chef de la diplomatie russe, soulignant la nécessité d'inviter tous les pays qui ont de l'influence sur la Syrie.

Le ministre a cité les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Chine, Russie), les membres de la Ligue arabe et les pays voisins de la Syrie, comprenant l'Iran dont l'évocation il y a quelques jours à ce sujet a suscité l'opposition de certains Occidentaux.

"L'Iran est l'un des pays qui ont une influence sur le gouvernement syrien. Et dire que l'Iran n'y a pas sa place parce qu'il est une partie du problème est pour le moins irréfléchi", a lancé M. Lavrov.

 

Mais Moscou a pris ses distances avec Assad ces dernières semaines et verrait d'un bon œil le président syrien quitter le pouvoir si le peuple en décidait ainsi, a observé M. Lavrov. "Si les Syriens eux-mêmes tombent d'accord sur ce point, nous ne pourrons que soutenir avec joie une telle solution", a déclaré M. Lavrov, alors que les Occidentaux réclament avec insistance le départ de Bachar el-Assad.

 

Sur le terrain, les violences ont fait au total 36 morts à travers le pays, essentiellement des civils, au lendemain d'une autre journée sanglante avec 68 victimes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Avant l'aube samedi, au moins 17 personnes, dont neuf femmes et trois enfants, ont été tuées dans des bombardements de l'armée à Deraa (sud), selon l'OSDH, qui y a vu une possible riposte aux "assauts lancés généralement le soir contre des barrages de l'armée".
Ce bombardement meurtrier a provoqué la colère de centaines de réfugiés qui ont manifesté à Ramtha, ville jordanienne proche de Deraa. Quelque 2.000 Arabes israéliens ont par ailleurs défilé en solidarité avec les opposants syriens, dans la localité arabe israélienne de Tamra, en Galilée.


L'armée a aussi violemment bombardé Homs (centre), autre bastion de la révolte, tuant six civils, selon l'OSDH.
Et dans la province côtière de Lattaquié (ouest), de nouveaux combats à Heffa ont tué ou blessé des dizaines de soldats de l'armée régulière, ont indiqué des militants locaux et le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, selon qui deux civils ont péri samedi.

Au total, plus de 13.400 personnes, en grande majorité des civils, sont morts en près de 15 mois de révolte, affirme l'OSDH. Et selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), cinq journalistes syriens ont été tués fin mai par les troupes régulières.


Malgré les appels à cesser les hostilités et les condamnations internationales de la violence, en particulier après le dernier massacre à Koubair, les forces du régime ont continué leurs opérations pour étouffer la contestation et les combats entre soldats et rebelles se sont intensifiés.
Mercredi, 55 personnes dont des femmes et des enfants ont été tuées à Koubair, un hameau de la province de Hama (centre), indique l'OSDH. L'opposition a accusé les milices pro-régime, tandis que le régime a fait état de seulement 9 personnes tuées par des "groupes terroristes", appellation officielle pour désigner rebelles et opposants.


Parvenus sur place vendredi, les observateurs de l'ONU ont vu des traces de véhicules blindés et des maisons fortement endommagées par des tirs de roquettes, selon le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky.
"Dans certaines maisons, du sang était visible sur les murs et le sol. Il y avait encore le feu à l'extérieur de certains bâtiments et dans l'air flottait une forte odeur de chair brûlée", a-t-il ajouté, tout en soulignant que les circonstances de l'attaque et le nombre de victimes restaient à déterminer.


Mais entre-temps, la rébellion armée veut se donner les moyens de combattre le régime: "Ceux qui prétendent aider l'opposition syrienne devraient commencer par soutenir les gens à l'intérieur de la Syrie", a déclaré Hussein Sayyed, président du Conseil suprême du commandement de la révolution, une composante de l'opposition.
"Nous demandons seulement (à la communauté internationale) de nous fournir des armes plus sophistiquées, mais personne ne veut le faire", a regretté Louay Sakka, un porte-parole du Syrian Support Group, une organisation de soutien à l'Armée syrienne libre (ASL, composée en majorité de dissidents).


A Istanbul, les instances dirigeantes du Conseil national syrien (CNS), qui rassemble islamistes, libéraux, nationalistes, indépendants et militants sur le terrain, se réunissent samedi et dimanche pour choisir leur prochain chef après la démission de Burhan Ghalioun.

Selon plusieurs responsables du CNS, sauf coup de théâtre, un "consensus" a émergé pour désigner président Abdel Basset Sayda, un Kurde membre du bureau exécutif du conseil, considéré comme un homme "conciliant", "honnête" et "indépendant".

 

 

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