Qu’il s’agisse de documentaires, de longs ou courts métrages, les productions primées par les Fifog d’or et d’argent (voir encadré) illustrent cette quête de libération. Avec « ces chevaliers de l’écran », il s’agissait pour Tahar Houchi de « repousser les frontières de l’ignorance, de la barbarie et de l’incompréhension entre les peuples et les cultures, qu’elles soient orientales ou occidentales ». Quant aux prix, « il n’ont pas d’importance. Ils sont subjectifs. Ce qui est important, c’est le partage et les débats qui suivent. Le prix répond aux demandes de cinéastes et permet de mieux mettre en valeur le Fifog sur la scène médiatique ».
Présence du Liban
Malgré cette unité dans la démarche, les six films récompensés reflètent surtout la grande diversité et la richesse d’un cinéma oriental qui s’est intéressé au septième d’une vingtaine de pays, allant jusqu’au Japon et la Corée du Sud.
Côté libanais, sept films ont été présentés à un public genevois, bigarré et toujours friand d’exotisme oriental. Comme en 2011, l’agence « le Z Link », dirigée par Zahi Haddad, a fait le lien entre deux Suisses qui se cherchent toujours pour opérer sa sélection. « L’enthousiasme des réalisateurs à venir à Genève fait toujours chaud au cœur, explique, enchanté, le Genevois de cœur. Malheureusement, nous n’avons pas pu faire venir tout le monde, mais nous y travaillons. »
Participant à la compétition officielle avec Un homme d’honneur, Jean-Claude Codsi a néanmoins salué cette présence libanaise, de même que « le rôle des avancées technologiques et des écoles de cinéma » dans l’augmentation d’une production florissante et réjouissante. Quant à Georges Hachem, qui clôturait le festival avec Balle perdue, il a tout de même regretté l’absence de documentaires libanais et donc de « nouvelles du terrain ». Cela s’explique probablement par le fait que le Liban est aujourd’hui en avance dans l’histoire de sa région et s’intéresse davantage à sa mémoire, ou à des sujets nouveaux, qu’aux bouleversements qui l’ont façonné. Actrice, Nadine Labaki était également présente en tant que réalisatrice avec Et maintenant, on va où ?, déjà bien diffusé en Suisse.
Et l’animation !
Côté courts-métrages, le Blue Line d’Alain Sauma a marqué les esprits, à l’image de cette ligne de fracture que traversera pourtant un soldat indien pour sauver une vache de l’absurde réalité. La solitude sentimentale portée par Beirut, my Heart de Sabah Haïder a moins convaincu, mais laisse une trace poétique sur Genève. Enfin, la mention spéciale du public pourrait aller à deux films d’animation qui ont séduit par l’innovation qu’ils apportent. Le conte urbain proposé par Mohammad Rifaï, Us, the Moon and the Neighbors, a particulièrement plu aux spectateurs. À l’instar de La mort est dans le champ de Marco Dellamula et du Libano-Suisse Patrick Chappatte qui traitent, dans ce carnet de voyage, des conséquences humanitaires des bombes à sous-munitions larguées en 2006.
« Le cinéma libanais est l’un des meilleurs cinémas de la région, conclut Tahar Houchi. Et les Libanais de Genève constituent un public très averti, qui accorde une importance capitale à la culture et à la finesse. » De quoi laisser présager de très belles choses pour la 8e édition du Fifog.
Zahi HADDAD
commentaires (0)
Commenter