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Culture - Théâtre

« Happy Child » de Nathalie Béasse, un conte décoiffant

À l’initiative de l’Institut français, le théâtre Monnot présente pour la troisième soirée consécutive « Happy Child », une création signée Nathalie Béasse, qui fait à la fois rire et grincer les dents.

Entre musique et chorégraphie. Photo Michel Sayegh

Colette KHALAF

 

«Ils étaient cinq dans le nid et le petit dit poussez-vous, poussez-vous.» Telle cette comptine où tous les coups sont permis, où l’absurde se conjugue au verbe rire et où Jean qui cogne et Jean qui rit se côtoient sans cesse, Happy Child est un conte des temps modernes, amusant et méchant à la fois. Comme les histoires d’enfants.
On est très vite submergé, enveloppé par cet univers ouaté, tendre – mais l’est-il vraiment? Il semblerait, par moments, simplement nuageux, grisâtre. Un quintette de comédiens à la fois acteurs et danseurs, sans nom, sans identité, composé de deux femmes et de trois hommes qui se retrouvent, posent leurs valises et leurs souvenirs aussi. Des amis? De la famille? Inidentifiable. C’est bon les réunions après tant d’années, mais c’est aussi l’occasion de se souvenir des choses tristes ou bêcher des secrets enfouis.

Dans le dense de la danse
Légions de non-dits. Bataillons d’actes avortés, non aboutis. Sacs en vrac d’insultes jetées à la face de l’autre. Des fragments d’histoires s’imbriquent l’une dans l’autre, les tableaux (loufoques et absurdes) se succèdent sans liaison. Chuchotements sans cris. Tout comme les comptines d’enfants, ce Happy Child est donc un mélange de sons, d’images, de phrases répétitives musicales, de mouvements désordonnés, mais si bien chorégraphiés.
Aux commandes de la scénographie et de la mise en scène, Nathalie Béasse, jeune plasticienne issue des beaux-arts, qui a choisi un jour de faire du spectacle vivant.
Réalisée grâce au soutien en production et en résidence du Quai-Forum des arts vivants et du Centre national de danse contemporaine (Angers), cette création mêle le verbe libre au mouvement non linéaire. Sous-tendue par des textes, des poèmes et chants d’Indiens d’Amérique du Nord qui se mêlent au Roi Lear de Shakespeare ou encore à des borborygmes germaniques, la musique de Mendelssohn cohabite également avec Tindersticks, The Stray Cats ou Nancy Sinatra.
Étienne Fague, Karim Fatihi, Erik Gerken, Anne Reymann et Camille Trophème composent cette joyeuse farandole. La chorégraphe et metteur en scène Nathalie Béasse invite le public à un spectacle entre danse et théâtre où les costumes occupent une place essentielle tant dans la teinte beige que dans la texture, le velours, qui évoque le cocon familial.
Atmosphère. Atmosphère. Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère? La scène devient en effet une cour de récréation où, telle une toile d’impressionniste, tous les climats se superposent par petites touches. Ainsi, la lumière chevauche avec le son, les vêtements, les acrobaties, la danse, la musique. «Un tout, dira Nathalie Béasse, comme au cinéma. Et au centre de tout cela, le corps, matériau mouvant sur lequel on peut lire les souvenirs ainsi que les émois.» «J’avais des choses à dire et j’avais envie de les exprimer, plus par le corps que par le texte, confie-t-elle. Dans Happy Child, il ne faut pas chercher une histoire avec un début et une fin. C’est plutôt une succession d’instants qui racontent l’histoire de cette famille», souligne-t-elle.
Au public de décrocher du réel et de se laisser aller au rire. Comme cet enfant heureux.

Colette KHALAF
 
«Ils étaient cinq dans le nid et le petit dit poussez-vous, poussez-vous.» Telle cette comptine où tous les coups sont permis, où l’absurde se conjugue au verbe rire et où Jean qui cogne et Jean qui rit se côtoient sans cesse, Happy Child est un conte des temps modernes, amusant et méchant à la fois. Comme les histoires d’enfants. On est très vite...

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