Découverte de la Sérénissime
Arrivés à Venise, nous nous éprenons rapidement de son charme et de sa complexité. Il est facile de se perdre dans les dédales de ses « calli » (pluriel de « calle », terme vénitien pour désigner une rue) souvent aussi étroites que longues. Nous gravissons quelques marches et nous nous retrouvons sur un pont, au-dessus d’un « rio » (canal d’eau) aussi calme qu’émouvant. Pause. Inévitable pour savourer l’envoûtante magie qui se dégage des lieux. Et nous voilà repartis vers une autre « calle » qui ne manque pas de nous réserver, elle aussi, une surprise. Au bout de cette rue s’offre à nous un généreux « campo » (place) ponctué d’une église. La liberté piétonne n’est entravée par aucun moyen de transport. Bien au-delà des controverses, le vaporetto (autobus aquatique des Vénitiens) ajoute une certaine saveur aux lieux.
Ces premières promenades sont-elles suffisantes pour comprendre Venise, point de rencontre des artistes et des architectes depuis la nuit des temps ? Il est indéniable que la seule expérience que représente la lecture du plan de la ville du haut d’un campanile, de déambuler à travers ses doux labyrinthes et de déchiffrer ses séquences spatiales – une carte à la main ou pas – est déjà un exercice urbain sans pareil.
Peut-on « changer » Venise ?
Suivent des marches guidées, des conférences et des tables de travail à l’université IUAV de Venise, qui augmentent considérablement la sensibilité de tous les participants vis-à-vis de cette cité unique. Ensuite, après avoir choisi un thème à travailler, chaque étudiant expose ses idées au sein d’une équipe mixte représentant de multiples nationalités. La diversité des participants confère aux débats une grande richesse. Quant aux sujets abordés, ils sont envisagés à trois échelles différentes : celle d’une région, d’un quartier et d’une unité architecturale. Parmi les thèmes examinés, on trouve la densification ponctuelle de Venise projetée à travers de nouvelles implantations dans certains territoires et le rôle du réseau de transport vénitien dans l’accessibilité des habitants aux zones récemment bâties. Un groupe aborde la problématique des dangers auxquels fait face Venise et qui risquent de menacer son existence. Une autre équipe étudie les différentes possibilités de déplacement du port actuel de la ville. Quant à l’arsenal, ancien chantier naval actuellement délaissé, il est l’objet d’une proposition de réhabilitation. Des points, donc, tous aussi riches que polémiques.
Présentations devant un jury de treize professeurs
Dans tous les débats, une question revient : comment intervenir à Venise tout en préservant le caractère de la ville et son héritage si précieux ? Les propositions des différentes équipes sont présentées par les étudiants le vendredi 9 mars devant un jury composé de treize professeurs venus de différentes villes : Bruxelles, Gand, Strasbourg, Marseille, Venise et Beyrouth. Les membres du jury critiquent, corrigent, félicitent ou encore encouragent les étudiants à s’investir davantage pour le travail final. C’est ainsi que les jours suivants, les efforts se multiplient, les journées de travail et les sorties « sur les chantiers » se succèdent et les idées deviennent plus claires et plus précises. Les présentations finales ont lieu le vendredi 16 mars. Elles viennent couronner deux semaines de réflexion et clore une belle expérience professionnelle, humaine et culturelle, à Venise, une ville où il fallait se rendre pour comprendre le vrai sens du terme « unique ».
Carole DIB
Étudiante en 5e année d’architecture à l’ALBA