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À La Une - Génocide arménien

Des œufs pourris et des pétards contre l’ambassade de Turquie à Beyrouth

Le catholicos arménien de Cilicie Mgr Aram Ier a mis en garde contre « la politique turque qui use de son autorité internationale pour faire taire le peuple arménien ».

« La Turquie se cache, la Turquie est coupable de génocide », peut-on lire sur une banderole que les manifestants tentent de faire passer au-delà des fils barbelés qui protègent l’ambassade de Turquie. Faire entendre leur colère, au-delà de la diplomatie... Mohammad Azakir/Reuters

À l’occasion de la 97e commémoration du génocide arménien, le catholicos arménien de Cilicie Aram Ier a présidé hier une messe au siège du catholicossat à Antélias, à laquelle a assisté une importante foule de fidèles et de responsables de la communauté.

 

Dans son sermon, Mgr Aram Ier a mis en garde le monde arabe contre la Turquie, « dont les ancêtres ont tué vos aïeux, chrétiens et musulmans ». Il a signalé en outre que l’État turc aujourd’hui « commence à s’infiltrer, non seulement dans les pays du Moyen-Orient et du monde musulman, mais aussi dans les continents d’Europe, d’Afrique et d’Amérique. La Turquie use de ses relations diplomatiques et de son influence politique afin de faire taire la voix du peuple arménien qui réclame la justice ». Or, « l’amitié apparente des descendants de l’autorité ottomane est une amitié mensongère », a-t-il encore prévenu. Ils « se présentent au monde en défenseurs des principes démocratiques et des droits de l’homme, mais recourent au langage des menaces ». De plus, la Turquie continue de « renier les droits des minorités et le meurtre caractérisé qu’est le génocide arménien (...) et dépense des sommes faramineuses pour semer la confusion au niveau de l’opinion publique internationale », a ajouté le catholicos.

 

Il a toutefois déclaré que « nous n’avons pas encore désespéré dans notre lutte pour que justice soit rendue au peuple arménien ». Mgr Aram Ier a rappelé ainsi les principales revendications réitérées depuis des années par les Arméniens. « Nous voulons que la Turquie reconnaisse dans les faits historiques le génocide et admette cette vérité, avant de payer les indemnités aux familles des victimes et de restituer à l’Église ses biens confisqués », a affirmé Mgr Aram Ier. Rappelons que le catholicossat arménien avait organisé une conférence internationale de trois jours en mars dernier en vue d’examiner les voies juridiques pour la restitution de ses biens.

 

Un million et demi de morts...

Après le service, la foule réunie a marché en direction de l’ambassade turque à Rabieh, dans la banlieue nord-est de Beyrouth, brandissant des banderoles écrites en arabe, arménien et anglais, et demandant à Ankara de reconnaître officiellement le génocide arménien. Près de 25 000 Arméniens ont participé à la marche, au rythme de chants patriotiques, épousant les trois couleurs rouge, bleu et orange du drapeau de leur pays d’origine. Cette marche accompagne pour la première fois la commémoration annuelle du génocide. Les organisateurs, à savoir les différents partis arméniens, ont voulu que cette manifestation soit pacifique et retransmette, sans violence, les revendications des Arméniens devenues inhérentes à leur mémoire collective. Toutefois, les manifestants n’ont pu contenir leur colère (plusieurs drapeaux turcs ont été déchirés et brûlés). Une colère qu’ils ont voulu faire entendre surtout devant le bâtiment de l’ambassade turque, sur lequel ils ont jeté de l’eau, des œufs, des bâtons et des pétards, au-delà des fils barbelés visant à protéger le bâtiment et derrière lesquels se sont positionnés des agents de l’ordre.

 

L’attaque a pris une ampleur telle que les cadres des partis et les députés arméniens qui participaient à la marche ont traversé les fils barbelés et formé un bouclier humain pour dissuader les manifestants de poursuivre leur assaut, leur demandant de garder le caractère « pacifique et civilisé » de la manifestation. Ces derniers se sont calmés au fur et à mesure que la manifestation prenait fin en début d’après-midi.

 

Rappelons que quelque 140 000 Arméniens vivent au Liban, ce qui en fait la plus importante communauté au Moyen-Orient. La majorité d’entre eux sont des descendants des survivants des massacres.

Le génocide des Arméniens est commémoré chaque année le 24 avril, date de l’arrestation en 1915 à Constantinople de plus de 200 intellectuels et dirigeants de la communauté arménienne, un événement qui avait marqué le début d’une vague de massacres et de déportations qui a duré jusqu’en 1917.

Pour les Arméniens, le génocide a fait plus de 1,5 million de morts, alors que la Turquie ne reconnaît qu’entre 300 000 et 500 000 morts.

À l’occasion de la 97e commémoration du génocide arménien, le catholicos arménien de Cilicie Aram Ier a présidé hier une messe au siège du catholicossat à Antélias, à laquelle a assisté une importante foule de fidèles et de responsables de la communauté.
 
Dans son sermon, Mgr Aram Ier a mis en garde le monde arabe contre la Turquie, « dont les ancêtres ont tué vos aïeux,...

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