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Culture

« Taldans » dans l’aujourd’hui de l’hier

« Le Nouvel hier » de Mustafa Kaplan et Filiz Sizanli (Taldans) a été présenté au Hangar ce samedi. Une chorégraphie accompagnée d’une œuvre vidéaste qui interroge les différents codes de la mémoire.

Mustafa Kaplan et Filiz Sizanli, dans un langage nouveau.

Colette KHALAF

 

Quelles histoires retenir ? Quelles odeurs ? Quelles mémoires sélectionner ? Mais aussi comment définir une ville comme Beyrouth, non par une approche historique ou sociologique, mais par des moyens sensoriels et nouveaux ? s’interrogent ces deux chorégraphes de la scène contemporaine turque. Après une résidence à Beyrouth dans le cadre d’un « work in progress » produit par Umam DR – qui a mis à leur disposition leurs archives –, cette création a pris forme pour être présentée dans cette édition du festival Bipod.
Taldans, issu de « Theater Research Laboratory », a été fondé à Istanbul par Mustafa Kaplan et Filiz Sizanli en 2003. Ils ont depuis créé plusieurs projets, ensemble et séparément, tels que « Sek Sek » (2003), « Solum » (2004), « Graf » (2006) et « Dokuman » (2009).
Dans cette chorégraphie à deux, Filiz Sizanli et Mustafa Kaplan ont décidé de revisiter leurs histoires communes et retrouver des repères en images (reproduites à la fin en split-screen sur grand écran) non pas dans un esprit de répertoire, mais dans le but de confronter deux corps distincts, à leur tour récipients d’une mémoire et de souvenirs très différents. Par ailleurs, par des vidéos, des gestes instantanés et des interactions avec ces films, ils essaieront, au moyen de repères écrits à l’instant même, de reproduire le processus de la création d’archives. Deux démarches différentes, des mouvements souvent parallèles mais qui, par moments, se rejoignent, s’entrechoquent, se découpent pour enfin se compléter.
À travers cette recherche développée avec la dramaturge et philosophe Camille Louis, le couple de chorégraphes a permis au spectateur de percevoir que le passé ne l’est jamais tout à fait. Par contre, il pourrait être plus présent que le présent lui-même qui, à son tour, ne serait qu’absence. Ainsi, si nous prenons comme exemple un post-it que Filiz Sizanli a collé sur le mur : le nom du Premier ministre disparu, Rafic Hariri, est évoqué comme très présent alors que le mot électricité serait absent. Pas entièrement passé ni absolument intégré au présent, mais plutôt un nouvel hier. « Le passé ne serait plus, comme le dit Camille Louis, une source de données fixes, communes et consensuelles, mais plutôt une instable et vivante réalité, venant directement de la rencontre d’objets existants, de corps contemporains et de pensées qui décident à un moment donné de regarder en arrière. »
Une promenade sensible et élaborée non pas avec nostalgie, mais avec justesse et que le tandem essaye d’expliquer à l’audience en utilisant différentes modalités sensorielles. À travers des tableaux de corps désarticulés, résistants l’un à l’autre, de bavardages entrecoupés et de soliloques, Mustafa Kaplan, ingénieur de formation, et Filiz Sizanli, apprentie architecte, aujourd’hui tous deux chorégraphes, explorent un langage neuf expérimental et ouvert encore à une multitude de possibilités.

Colette KHALAF
 
Quelles histoires retenir ? Quelles odeurs ? Quelles mémoires sélectionner ? Mais aussi comment définir une ville comme Beyrouth, non par une approche historique ou sociologique, mais par des moyens sensoriels et nouveaux ? s’interrogent ces deux chorégraphes de la scène contemporaine turque. Après une résidence à Beyrouth dans le cadre d’un « work in...

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