La France a plaidé jeudi pour un renforcement de la mission d'observateurs en Syrie, en accueillant, à Paris, une réunion à laquelle une douzaine de chefs de la diplomatie occidentaux et arabes, dont l'Américaine Hillary Clinton et le Turc Ahmet Davutoglu, étaient présents. Le président du Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition, Burhan Ghalioun, a indiqué à l'AFP qu'il y participait.
"Nous refusons l'impuissance", avait déclaré jeudi matin le président français Nicolas Sarkozy en justifiant la tenue de cette nouvelle réunion.
La Russie et la Chine ont été sollicitées à la réunion de Paris mais ont décliné l'invitation, selon le Quai d'Orsay. Au nom de la non ingérence dans les affaires intérieures d'un pays, Moscou et Pékin se sont opposés depuis le début de la révolte syrienne il y a plus d'un an à une approche vigoureuse du Conseil de sécurité de l'ONU.
"L'opposition a rempli ses obligations au titre du plan Annan (...) Les groupes présents sur le terrain, dont la coordination est pourtant rendue très difficile par la répression, ont respecté le cessez-le-feu malgré les provocations du régime syrien", a déclaré Alain Juppé, le chef de la diplomatie française à l'ouverture de la réunion.
"On ne peut pas en dire autant du régime syrien. Il poursuit sans vergogne la répression qui a encore fait des dizaines de morts depuis la date prévue pour l'entrée en vigueur du cessez-le-feu", a-t-il ajouté, selon le texte de son intervention remis à la presse.
Une trêve a été instaurée le 12 avril dans le pays conformément au plan de l'émissaire international Kofi Annan, mais elle est quotidiennement violée et l'Observatoire syrien des droits de l'homme a déjà recensé au moins 130 civils tués depuis son entrée en vigueur.
Le ministre français a prévenu que "toute marche arrière serait catastrophique". "Le plan Annan, c'est l'assurance de la paix et de la liberté. Son échec, c'est le chemin vers la guerre civile", a-t-il mis en garde. La mission d'observation de l'ONU en Syrie doit disposer de "plusieurs centaines d'hommes qui doivent avoir les moyens terrestres et aériens" d'accomplir leur mandat, a insisté Alain Juppé.
A New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé au gouvernement syrien d'accorder aux observateurs de l'ONU sur place une "totale liberté de mouvement" et de faciliter une "opération humanitaire de grande ampleur" pour secourir la population, rappelant sa recommandation de déployer 300 observateurs pour surveiller le fragile cessez-le-feu en Syrie.
Pour le moment une mission préliminaire d'une dizaine d'observateurs seulement, pouvant être portée à 30 hommes, est sur place pour prendre des contacts et préparer une mission plus complète.
Des diplomates prévoient qu'une résolution autorisant l'élargissement progressif de la mission pourrait être adoptée en début de semaine prochaine. Alain Juppé, a annoncé jeudi soir qu'un projet de texte allait être déposé "très rapidement" à New York.
Après avoir tergiversé, Damas a par ailleurs signé jeudi le protocole organisant le travail, et en particulier la liberté de mouvement, des observateurs, condition sine qua non de la poursuite de leur mission dans le cadre du plan Annan.
Les rebelles syriens ont réclamé pour leur part une intervention militaire sans l'aval de l'ONU, accusant Damas de ne pas respecter le cessez-le-feu. Une "alliance militaire des pays amis du peuple syrien" doit intervenir rapidement "pour mener des frappes chirurgicales sur les installations clés du régime", a déclaré le général Moustapha Ahmed al-Cheikh, chef du Conseil militaire de l'Armée syrienne libre (ASL). Jugeant les efforts internationaux entrepris jusqu'à présent "pas la hauteur" des attentes du peuple syrien, le général a estimé que le plan de Kofi Annan était "voué à l'échec" compte tenu du manque de coopération du régime.
De son côté, la Turquie envisage d'invoquer la charte de l'OTAN, qui prévoit la solidarité entre ses États membres, à propos des bombardements sur sa frontière avec la Syrie, a révélé jeudi à Paris la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton lors de la réunion à Paris.
Les États-Unis ont, eux, plaidé pour des "mesures plus dures" contre le régime syrien pour obtenir le respect du plan de Kofi Annan, avec une résolution du Conseil de sécurité prévoyant des sanctions et un embargo sur les armes, selon Mme Clinton.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères a pour sa part appelé, à l'issue de la réunion sur la Syrie à Paris, la communauté internationale à "aider les Syriens à se défendre" contre "le régime qui opprime" leur peuple.
Sur le terrain, sept civils ont péri jeudi en Syrie où la répression menée par les forces du régime s'est poursuivie de même que les attaques des rebelles, même si le nombre des victimes a diminué avec l'entrée en vigueur du cessez-le-feu prévu par le plan de Kofi Annan. Les forces syriennes ont lancé un assaut sur Deir ez-Zor (est) et bombardé Qousseir (centre), tandis que des combats opposaient soldats et rebelles dans plusieurs régions, malgré le cessez-le-feu, selon l'OSDH.
Lire aussi
L'appel de deux épouses d'ambassadeurs à Asma el-Assad : "Arrêtez votre mari"
commentaires (9)
Des mollahs enturbannés dit ce monsieur?? Faudra-t-il faire porter aux mollahs des tiares ou des casquettes avec l'inscription "I love NY" pour faire plaisir à certaines gens (...)??
Ali Farhat
18 h 06, le 20 avril 2012