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À La Une - Histoire

Cent ans après, les fantômes du Titanic hantent toujours Southampton

Le 15 avril 1912, 549 habitants de la cité ont péri dans le naufrage du paquebot, laissant la ville en deuil et les familles des victimes dans le dénuement.

Le Titanic quittant le port de Southampton, le 10 avril 1912, en route pour New York.

Aucune ville n’a payé un tribut aussi lourd au naufrage du Titanic que Southampton, et un siècle après, la ville veut raviver le souvenir des 549 habitants de la cité qui ont péri dans la tragédie.


En cette année 1912, décrocher un emploi à bord de ce paquebot dernier cri, avec à la clé trois vrais repas par jour, était un rêve pour les marins de ce port du sud-est de l’Angleterre, qui avaient la vie dure. Si bien que les trois quarts de l’équipage ont été recrutés ici. La plupart de ces hommes travaillaient dans la salle des machines ou comme stewards. Quand le Titanic a quitté Southampton pour rejoindre New York le 10 avril, les habitants étaient rassemblés sur les quais pour saluer le bâtiment qui faisait leur fierté. Cinq jours plus tard, le paquebot coulait après avoir heurté un iceberg dans l’Atlantique nord, laissant la ville en deuil et les familles des victimes dans le dénuement.


« Southampton occupe une place à part dans l’histoire du Titanic, mais personne n’avait vraiment songé à le faire savoir avant », souligne Maria Newbery, administratrice de SeaCity, le nouveau musée consacré à l’histoire de cet équipage. C’est un journal local qui a révélé le premier le naufrage, mais sur le moment, personne n’y a cru.

 

Quand la vérité est devenue incontournable, « un grand silence s’est abattu sur la ville », raconte Charles Morgan, qui avait neuf ans à l’époque, dans les archives de la ville. « Je crois qu’il n’y avait pas une seule rue à Southampton où quelqu’un ne pleurait pas un proche. » D’anciennes photographies montrent les visages anxieux agglutinés autour de la liste des victimes, affichée à l’extérieur des bureaux de la White Star Line, propriétaire du navire. Une petite plaque noire apposée sur la façade, aujourd’hui délabrée, est toujours là pour en témoigner.


Sur les 724 membres de l’équipage venus de Southampton, 175 seulement ont survécu. Parmi eux, Alexander Littlejohn, un steward qui a pris les rames d’un des canots de sauvetage, remplis pour la plupart de femmes et d’enfants, comme l’histoire s’en souviendra. « Il avait juste 40 ans, mais sous le choc, ses cheveux sont devenus tout blancs en quelques mois », raconte son petit-fils, Philip. « Il n’a plus jamais parlé de l’accident. Mais comme il avait des bouches à nourrir, il est retourné travailler sur l’Olympic, le navire jumeau du Titanic, à bord duquel il a fait trente traversées. » Son collègue, Sidney Sedunary, a eu moins de chance. Son corps a été repêché quelques jours plus tard. Sa montre-gousset était toujours dans sa poche. Elle s’était arrêtée à 01h50, une demi-heure avant que le bateau coule. Elle est aujourd’hui au musée.


Pour mesurer l’étendue du désastre, il suffit de regarder la carte dessinée sur le sol à SeaCity, où des points rouge signalent les maisons endeuillées. Dans les quartiers pauvres près des docks, le rouge l’emporte. « À cette époque où les assurances sociales n’existaient pas, si celui qui nourrissait la famille disparaissait, c’était une catastrophe », explique Maria Newbery. Alors les habitants se sont mobilisés : dans les mois qui ont suivi, pas un concert ou une fête paroissiale qui ne soient destinés à collecter de l’argent.


Aujourd’hui, Southampton attire toujours les descendants des naufragés. Comme Jane Goodwin, 38 ans, une Anglaise dont la grand-mère a perdu son premier mari sur le Titanic. Il avait embarqué pour rejoindre son frère dans le Michigan et travailler dans une mine. « J’ai vu des copies des lettres qu’il lui écrivait, c’est si triste. Il l’aimait tellement », raconte-t-elle. Il avait 28 ans et il voulait commencer une nouvelle vie. Il aurait tant voulu qu’elle soit avec lui sur le bateau.

 

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