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Jordanie: le gouvernement approuve une nouvelle loi électorale

Le gouvernement jordanien a annoncé lundi qu'il avait approuvé un projet de nouvelle loi électorale introduisant une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin et augmentant le nombre de sièges réservés aux femmes au sein du Parlement.

Le puissant parti d'opposition du Front de l'Action islamique (FAI) a rejeté cette réforme, la qualifiant d'"échec" car elle limite le nombre de sièges attribués aux partis.

Le projet de loi, qui doit encore être validé par le Parlement, donne trois bulletins aux électeurs: deux pour des candidats individuels dans leur province et un pour un parti ou une coalition au niveau national, a expliqué le Premier ministre, Aoun Khassawneh, lors d'une conférence de presse.

"Le nouveau système permet une solution intermédiaire entre les opposants au scrutin uninominal et ses partisans (...). L'objectif est d'aider les partis politiques et les coalitions à se situer sur l'échiquier politique du pays", a-t-il ajouté.

L'opposition islamiste, les syndicats et les médias ont à plusieurs reprises dénoncé le système électoral controversé adopté en 1993 et favorisant selon eux l'élection de députés loyalistes non représentatifs.

Avec ce système, les électeurs ne pouvaient choisir qu'un seul candidat même si plusieurs sièges étaient à pourvoir dans une même circonscription. Avant 1993, les électeurs pouvaient voter pour tous les sièges de leur circonscription.

La nouvelle loi électorale fait également passer le nombre de sièges au Parlement de 120 à 138, et celui des sièges réservés aux femmes au sein de la chambre basse de 12 à 15. "Cela sera plus juste pour les femmes", a déclaré le Premier ministre.

Le quota de sièges réservés aux femmes avait été imposé par le roi Abdallah II en 2003 pour encourager ces dernières à participer à la vie politique dans ce royaume conservateur.

Mais le projet de loi prévoit que chacun des 23 partis politiques du pays ne peut présenter que cinq candidats pour les 15 sièges attribués à la proportionnelle, selon M. Khassawneh.

Cela a déclenché les critiques de la part de l'opposition islamiste comme des analystes politiques.

"Ce projet de loi est un gros échec du gouvernement et démontre qu'il n'y a aucune volonté d'introduire des réformes authentiques", a déclaré à l'AFP Zaki Bani Rsheid, chef du bureau politique du Front de l'Action islamique, bras politique des Frères musulmans jordaniens.

En limitant "le nombre de sièges pour les partis politiques quelle que soit leur puissance", cette loi va "anéantir la vie politique" et "reproduire une chambre basse qui ne représente pas le peuple", a-t-il déploré.

"Cette loi renforce l'idée qu'il faut boycotter les élections. Tout scrutin dans un proche avenir ne sera pas légitime", a-t-il jugé.

Les islamistes ont boycotté les élections il y a deux ans pour protester contre le système électoral qui privilégie selon eux les régions rurales, considérées comme loyales au gouvernement, dont les partisans dominent le Parlement.

"Le gouvernement ne craint pas que les islamistes, ou d'autres partis, puissent gagner la majorité des sièges au Parlement", a affirmé le Premier ministre Khassawneh.

Mais pour l'analyste Mohammad Masri, chercheur au Centre d'études stratégiques à l'Université de Jordanie, la loi "ne répond pas aux attentes des gens, notamment dans le contexte du Printemps arabe", qui a eu un impact limité sur la Jordanie jusqu'ici.

"Allouer 15 sièges aux partis n'est ni logique ni acceptable. La nouvelle loi n'a aucune chance de modifier le rapport de force politique", a-t-il ajouté.

Depuis plus d'un an, l'opposition principalement islamiste manifeste régulièrement pour réclamer des réformes politiques et économiques, et en particulier une meilleure représentation au Parlement.
Le gouvernement jordanien a annoncé lundi qu'il avait approuvé un projet de nouvelle loi électorale introduisant une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin et augmentant le nombre de sièges réservés aux femmes au sein du Parlement.Le puissant parti d'opposition du Front de l'Action islamique (FAI) a rejeté cette réforme, la qualifiant d'"échec" car elle limite le nombre de...